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Mémoires d'un apathique
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28 avril 2008

L'immortalité

On trouve parfois de profondes maximes dans les endroits où l'on s'y attendrait le moins.
Avant-hier Robocop, 23h07 : Un méchant bad guy s'allume une clope. Un de ses copains, méchant bad guy aussi, lui dit qu'il peut en crever. Et le premier de répondre : T'as tellement envie de devenir immortel ?

C'est vrai ça. Qui a envie de devenir immortel ? Pas moi en tout cas. Même si j'étais conservé à l'infini dans l'état de mes 20 ans avec toutes mes dents, mes cheveux et mes capacités physiques au top. J'ai déjà assez donné. Pas envie de rempiler pour 10000 ans (ou plus) de rab.
Et je ne dois pas être le seul. Enfin, je le suppose.
Combien y en a-t-il qui supportent péniblement le boulet, sans mot dire et qui, de manière plus ou moins inconsciente, attendent la délivrance ou au moins l'extinction des feux au purgatoire ? Combien ont rejeté l'un peu trop énergique méthode du suicide et geignent à voix basse dans l'espoir de la fin du calvaire ou plus simplement de l'ennui étiré ? Combien ? Sachant que s'ils sont immortels, ils ne seront jamais qu'eux, avec les mêmes déformations et anomalies qui les entravent et qui, par définition, font que l'immortalité dans leur cas n'est qu'une sinistre plaisanterie. 100 millénaires sous prozac, quel pied ! Quelle perspective exaltante !

Et quand j'y réfléchis un peu, je me dis que cette acceptation (ou non) de l'immortalité pourrait être le critère pour entrer dans le Brave New World que nous concocte l'idéologie post-post-libérale. Bienvenue au paradis à tous ceux qui disent oui à la vie, qui veulent du rab et qui sont bien décidés à s'éclater.  On fera  le tri à l'entrée, les immortels à droite et les  ronchons-pas-contents à gauche et qu'ils retournent chez eux. Moi, j'ai rien contre le fait de retourner chez moi. Eux et nous, on ne vit déjà pas dans le même monde ; ça n'en sera jamais que  la concrétisation.
Et puis, ça fera plaisir aux disciples de Galton et aux eugénistes de tous poils : une humanité régénérée jouira de la vie éternelle derrière les grilles du Paradis. En ce qui nous concerne, il n'y aura qu'à attendre que les ans aient fait leur office pour que le souvenir de l'humanité ancienne disparaisse.   Bien sûr, ils pourraient trouver qu'on met trop de temps à crever et vouloir activer la manoeuvre. Un peu de compassion, que diable ! Vous avez toute l'immortalité ...


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Commentaires
M
Mais je n'ai jamais dit qu'un immortel devait ou même risquait l'ennui. A vrai dire, je dis plutôt le contraire puisque ne deviendront immortels ou ne choisirons de l'être que ceux a priori ne risquent pas de s'ennuyer.
P
Yo ! J'ai lu un interview récent de Soljenitsyne où, aux derniers mots du journaliste qui lui souhaitait encore de belles années pour parfaire son oeuvre (ou un truc dans le même genre, pas ça sous les yeux) il répondait "non merci, ça suffit comme ça"... Donc non, t'es pas seul : y'a même des pointures pour être d'accord. Pour ma part, je ne suis pas sûr qu'une personne immortelle se poserait la question de l'ennui : ça me paraît un gros cliché. On peut aussi se dire qu'une éternité d'émerveillement ne serait point désagréable, parce que justement, n'ayant pas la possibilité de mourir donc voué à vivre, on aurait tout le temps de ne connaître que le meilleur de la vie... Je sais, c'est un cliché pour un autre : et alors ?
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