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Mémoires d'un apathique

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17 janvier 2010

Seppuku

Ce début janvier polaire a fait crever les plantes en pot de B'. sur le balcon (de B'. - logique). Ce blog suivra donc le même trajet et ce 560ème billet sera le dernier. Les meilleures choses ont une fin, et les pires aussi, comme quoi il n'est pas vraiment nécessaire de s'évertuer à les rendre meilleures.

C'est Jacques Rancière qui a formulé ce que je sentais confusément : donner dans la théorie critique à destination d'un public d'abrutis (ou supposés tels) est complètement vain et finalement assez douteux, la position surplombante n'étant qu'une position surplombante de plus. Le pire étant évidemment la théorie critique à destination des convaincus d'avance, la connivence avec ceux qui se gaussent en douce des abrutis. Bref, jouer les petits profs est plus qu'agaçant - et totalement inutile de surcroît. Sans compter qu'on finit par succomber à l'auto-censure, comme un journaliste lambda ; à quoi bon, dans ces conditions ?

Certes, certes, ce blog n'était pas qu'un défouloir pour petit prof nourri de sciences sociales piquées dans les bibliothèques municipales. Pour tout dire, je me relis de temps à autre et ne peut m'empêcher de penser putain, qu'est-ce que je suis bon. Mais il était temps de mettre un terme à cet exercice de style.

Certes, encore, il m'a permis de rencontrer des gens intéressants, sympathiques, fauchés, psychotiques (rayer les mentions inutiles), mais je tiens à confirmer que pour emballer les filles, c'est nul. Je vais plutôt m'acheter l'excellent ouvrage de David de Angelo.

Pour tout arranger, ce n'est pas ce que j'ai fait de mieux. Je vous conseille plutôt Edmonzzz, qui, lui, est un chef d'oeuvre comme il n'y en pas 5 par siècle. Et j'ai d'autres projets sous le coude, pas liés à Internet (lequel commence à me gaver sévère), projets que je ne pourrais mener à bien si je continue à raconter pourquoi j'ai raison et les autres tort.

Donc, c'est fini, et plein de gros bisous aux gens qui ont suivi consciencieusement ce machin, par intérêt, par masochisme ou parce qu'ils étaient punis.

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6 octobre 2009

Le dictaphone

Le dictaphone, c'est autre chose. Je l'écoute en me disant qu'elle est tout et que je ne suis rien, possible que j'en sois amoureux, mais quand j'entends cette voix, sur cette cassette, pas quand je suis avec elle , en vrai, en face à face. Amoureux, pas tant de la voix, que de la personne que j'extrapole à partir de cette voix, personne qui n'a pas grand chose à voir celle qui se tient devant moi, debout ou assise, que j'écoute et à qui je réponds.

La cassette dit : Souvent je rêve que je vole, près des falaises, nue, effrayant les goélands, sans agiter les bras, parce que je sais voler, sans gestes, mieux que n'importe quel oiseau. L'air me rentre par la bouche et ressort par ma chatte avec un chuintement ... Non pas un chuintement ... c'est trop prout-prout (rire) ... Ca fait schllll quand il ressort, une sorte de pet léger. Bref, quand il ressort, il colore tout en rouge, comme une photo virée, puis ça passe en moins d'une minute et j'en profite pour remettre ça. J'aime bien le monde en rouge.

Comment voulez-vous que je reste calme en entendant cela ? J'ai vraiment du mal à comprendre que ce sont les mêmes lèvres qui ont articulé ces paroles. Les mêmes lèvres que celles de cette fille timide, qui ne pose pas un mot plus haut que l'autre, que j'essaie d'explorer par delà son visage et ses apparences si lisses et si tranquilles.

La cassette dit : Les filles doivent être gentilles, tout pardonner, voire s'excuser. Même si objectivement on se fait tringler par un gros con qui s'imagine faire des pompes au Gymnase-Club ; certaines vont jusqu'à lui faire croire, au gros con, que c'est trop bon et en rajoutent dans les ah oh, ah oh. A faire comme ça, elles finiront par épouser un gros con et auront plein de petits gros cons. C'est merveilleux. Moi, quand je m'emmerde trop, je contracte mes muscles, mes muscles intimes (rire) et je l'éjecte aussi sec. Parfois, j'y vais tellement fort que la capote reste en moi tandis que le gros con, suivi de sa bite à nu se retrouvent comme des glands, les genoux enfoncés dans le lit. Dans tous les cas, j'éclate de rire, parce que c'est trop drôle de les voir comme ça. Ils sont furieux en général ; mais ils peuvent bien être furieux, rien à battre. Y'en a même qui font comme si de rien n'était et essaient de se faufiler encore entre mes cuisses. J'aime autant te dire que je les vire à coup de pieds du matelas.


29 septembre 2009

Suicides

Je suis comme tout le monde : quand des employés se suicident à France-Télécom, je pense que le PDG de FT est un gros enculé.
Puis, au bout d'un moment, je finis par me dire qu'il s'agit d'un gimmick médiatique. Tout le monde en parle, jusqu'à plus soif. De là à en déduire que le champ journalistique continue avec ses habitudes moutonnières, il n'y a qu'un pas. Du tout,  du tout, va-t-on me rétorquer, il s'agit d'un grave phénomène de société. Ce qui n'invalide pas ce que je disais une ligne plus haut : par définition, un sujet ne devient « de société » que lorsqu'il est médiatisé. Avant, il n'y a tout simplement pas de sujet. Evidemment, on va me reprocher de faire de l'ironie sur un thème aussi grave. Le suicide, c'est sérieux, même si le nombre de vieux qui se flinguent chaque année est bien plus élevé que dans le cadre du travail. Mais le terrorisme intellectuel par l'affect a de beaux jours devant lui.
Et puis, il y a des choses qui me troublent : déjà pourquoi FT ? Je veux dire, pourquoi une telle vague de suicides chez FT, alors qu'il y a 5-10 ans, FT (même après sa privatisation) était notoirement connu pour être une planque. Le climat aurait changé à ce point ? D'ailleurs y'a-t-il même une vague ? Quel est le nombre de suicidés dans les autres entreprises similaires, les méga-boites de 100000 personnes ? Et si l'on prend une boite de 1000 personnes, 2 morts suffiraient à créer un ratio de suicides bien plus élevé qu'à FT. Bref, l'info dont j'aurais besoin est la suivante : toutes choses égales par ailleurs, quelles sont les sociétés les plus suicidogènes ? Quel est le rang de FT dans cette sinistre comptabilité ? Et accessoirement, s'il s'avère que FT n'est pas dans le peloton de tête, pourquoi se focaliser sur FT ?
Ensuite, il y a le problème de la démagogie et de la paresse intellectuelle : tout mettre sur le dos de Didier Lombard (PDG de FT) est totalement ridicule. Non pas parce qu'il pourrait se défausser en clamant qu'il n'est qu'un prisonnier de ses actionnaires. C'est exactement l'inverse en fait. Depuis l'émergence de la souffrance au travail comme thème médiatique populaire, on n'a cessé de nous présenter les malheureux salariés comme des victimes d'un système cannibale, en oubliant que le statut de victime n'entraine pas l'absolution. Or on peut très bien avoir été un petit cadre visqueux qui a traité ses subalternes comme de la merde avant de tomber soi-même dans la machine à broyer. C'est de responsabilité individuelle dont je veux parler ici : la souffrance au travail en tant que système n'est possible que si toute une hiérarchie est mise en place avec chaque échelon qui lèche les culs du niveau d'au-dessus et  qui fout des coups de pieds à celui d'en-dessous. Hiérarchie qui prône l'irresponsabilité et le chacun pour soi jusqu'au moment où l'on en est soi-même victime. « Il n'y a pas de méchant système, il n'y a qu'une somme d'individuelles lâchetés » comme le dit si bien Vaquette. Et à chaque niveau, l'on se retranche derrière les deux excuses du SS moyen :

  • Je n'ai fait qu'obéir aux ordres
  • Si je ne l'avais pas fait, quelqu'un d'autre l'aurait fait (et moins bien, cerise sur le gâteau de la fausse conscience)

Et dans le cas des suicides à FT, les choses sont bien claires : ce que les suicidés mettent particulièrement en cause, ce sont les entretiens humiliants avec le supérieur hiérarchique, le déni de toute humanité, en d'autres termes les agissements au jour le jour du petit chef. Lequel à chaque échelon peut se retrancher derrière les deux excuses précitées, jusqu'à Didier Lombard qui peut se poser en victime des marchés internationaux, de la globalisation ou de ses actionnaires - sans compter que ni Lombard, ni le DRH groupe n'ont jamais fait passer d'entretiens humiliants à qui que ce soit - ou quasiment.

Troisième point, j'ai été frappé de constater que les suicidés étaient des gens relativement âgés et qui, selon leurs propres dires ou ceux de leurs collègues de travail, s'investissaient beaucoup dans leur entreprise. Trop, pourrait-on penser. Cela fait 10 bonnes années que le statut d'employé-kleenex s'est imposé ; était-il bien raisonnable de continuer à s'investir ? Corrolairement, quid des générations plus jeunes, soit-disant cyniques, feignantes et ne croyant plus en rien ? Quel est le taux de suicides parmi ces mauvais sujets ? Le refus de la valeur travail ne serait-il pas le meilleur rempart contre le suicide ?

Dernière élément, le plus scabreux, mais comme pour le reste, je n'ai pas le moindre commencement d'information dessus. Il m'a semblé (je dis bien : il m'a semblé) que les dits suicidés appartenaient plutôt à l'encadrement (au sens large) qu'aux toutes petites mains. Et m'est venu un horrible soupçon : se pourrait-il que le suicide au travail soit devenu un phénomène de société parce qu'il commence à toucher les agents de maîtrise, voire les cadres ? Le scandale viendrait-il de ce que les plus bas salaires ne seraient plus en première ligne ? Il en irait de même que pour le chômage : phénomène normal lorsqu'il touche les prolos, il deviendrait dramatique et digne d'être médiatisé (en particulier par les news-magazines) lorsqu'il touche les cadres ?

J'ai l'air d'être cynique, de ne pas verser ma larme pour les morts, mais je constate simplement que comme d'habitude, on n'a aucune info pertinente sur rien, qu'aucun travail d'investigation ou d'analyse n'a été entamé et que par conséquent, aucun débat de fond ne sera posé, d'autant que la seule valeur sur laquelle nos décideurs de tous poils tombent d'accord, c'est : touche pas au grisbi. Alors quand les media auront fini de se polariser sur les suicidés de FT, sur le mode de la putasserie larmoyante (façon Lady Di), quand on répondra au pigiste Non Coco, faut qu'on arrête avec ça, ça intéresse plus personne, le public faut le faire rêver, être PO-SI-TIF, les structures de la souffrance resteront inchangées, le n+1 continuera d'humilier le n, n'appliquant que les directives de son propre n+1, à moins que les jeunes générations de branleurs qui ne croient en rien refusent purement et simplement de s'investir dans des entreprises qui les considèrent avec moins de respect que les photocopieuses ...

28 septembre 2009

Escape from Picard-Land

(Un peu de vécu pour changer)
Ayant laissé le monstre aux grand-parents d'Amiens, nous sommes partis en amoureux dans une énorme bagnole de papys pour tenter de nous replonger dans cette délicieuse sensation - presque oubliée - de couple insouciant et libre de toutes attaches. Cap pour l'aventure, le dépaysement et les bouts du monde bordés de mers infinies, en l'occurence la baie de Somme, on fait ce que l'on peut, dans une Laguna instable, aussi facile à manoeuvrer qu'un char d'assaut dans un Mac Donald, et qui répetait d'une voix synthétique et agaçante : « vous n'avez pas bouclé votre ceinture, vous n'avez pas bouclé votre ceinture, vous n'avez pas bouclé votre ceinture .... ».
Disons-le tout de suite, la baie de Somme, quand on n'a rien à foutre des zoziaux, c'est chiant comme la pluie, d'autant que c'est envahi de hordes de vieux, débarqués d'autocars ou de véhicules personnels, près à s'extasier devant n'importe quoi et équipés d'accoutrement grotesques de marcheurs chevronnés, avec cannes façon bâtons de ski et sacs à dos peu convaincants. Merde, c'est avec notre pognon d'actifs soumis aux dérégulations que ces vieillards se trainent, encombrent et nous empêchent d'avancer à une allure raisonnable ! Ce fut d'ailleurs la première diatribe de B'., reprenant du poil de la bête. Malgré le but strictement ludique de ce micro-voyage, la syndicaliste qui sommeille toujours en elle, telle une belette hyperactive et affamée, ne put s'empêcher de se choper une grosse colère, sur laquelle je renchérissai en faisant remarquer  qu'on nous avait vendu l'allongement de la durée du travail sous prétexte de malfoutisation de la pyramide des âges sans envisager une seconde de diminuer les cotisations retraites, gérontocratie et sens des opportunités électorales obligent. Mais je suis pas ici pour parler de cela ...
Or donc, la baie de Somme, c'est chiant, et rapidement nous fûmes confrontés à un cruel dilemme : soit piquer plein nord, aller à Berck visiter les ex-sanas et tenter d'y découvrir les caves désormais scellées où sont entassés les squelettes des pensionnaires un peu trop rétifs à la discipline, soit nous échapper vers le sud, vers le 7-6, car j'ai omis de le dire, le picard est fier et ombrageux, en d'autres mots aimable comme une porte de prison, tentant de battre le catalan sur son propre terrain. Ce fut donc Le Tréport, au hasard, simplement parce que la distance à parcourir était grotesquement dérisoire. Magie des 25 kms parcourus : un peuple d'aimables proto-normands, à l'accent certes nasillard, derniers remparts face au déferlement picard, déjà mis en place par les ducs de Normandie. Hôtel charmant, truffé de sorties de secours donnant dans des jardins potagers où paissaient (c'est le mot) d'énormes lapins nains, gros comme des porcelets, et qui tondaient la pelouse avec la minutieuse et légendaire concentration de ces animaux à grandes oreilles. Siestes, siestes, nuits outrageusement prolongées, sexe enfin satisfaisant, loin de la pression toute brigbrotherienne que fait peser sur nous la présence du monstre et ses possibles réveils intempestifs. En dehors de cela, glandouille assumée sur les falaises, gaufres nutella-chantilly, grosse bouse au cinéma local, machines à sous en compagnie des mémés, et dents du fond qui baignent au restaurant. Car, des confins de la Normandie jusqu'à la frontière Belge - et au delà, règne en maîtresse une redoutable spécialité gastronomique : la FRITE. Qui plombe le foie au bout d'un certain temps, et vous fait le visage constellé de petits boutons inesthétiques. A tel point que le dernier soir, j'ai commis un écart et me suis envoyé une fondue normande, c.a.d une pomme découpée en tranches fines et recouverte d'un demi camembert fondu (avec un soupçon de calva). Très bon, et étonnamment fin, dans cette station balnéaire soumise au goût détestable des touristes en vagues inlassables ...
La prochaine fois, ce sera le tour des autres grands-parents, malgré leur âge avancé, le rapt de leur plus petite voiture, et grosso modo, Etretat comme destination lointaine ...

20 septembre 2009

Lada

Lire des romans russes sur l'époque brejnevienne et post-brejnevienne est toujours éducatif, quoiqu'un peu lassant au bout d'un moment. Je parle non pas des romans écrits ces dernières années qui ont un fort relent d'opportunisme, mais de ceux conçus durant cette période et gardés au fond d'un tiroir en attendant des jours meilleurs. Toujours la même histoire : peuple de quémandeurs, décrépitude morale, feignantise généralisée, alcoolisme, népotisme, corruption à tous les étages ... Au final, tout se résoud dans l'étouffemement des moindres vélléités d'initiative individuelle et de la perte du sens de la propriété privée ... Gna gna gna ... Mais, à vrai dire, le plus frappant réside dans - justement - l'absence de différences avec la situation à l'ouest (à l'époque et de nos jours) ou plutôt dans le fait qu'il s'agit d'une différence de degré plutôt que de nature, comme si les régimes post-staliniens n'avaient été que des caricatures de nos propres régimes, dont les traits auraient été simplement plus marqués - comme dans toute caricature. Au moins en ce qui concerne le népotisme, la corruption, l'irresponsabilité tous azimuts et la promotion des plus veules.
Il y a 20 ans de cela, du temps où je voulais déjà marquer ma différence - et que je n'avais que fort peu de liquidités, j'avais acheté une Lada d'occasion. Vous connaissez la plaisanterie : Quelle est la différence entre le sida et une Lada. Réponse : essaie un peu de refiler une Lada ! Bref, c'était une merde montée sur 4 roues comme je ne pensais pas qu'il pouvait en sortir d'une chaîne d'assemblage. J'avais comme collègue un juif russe passé par Israël avant d'échouer je ne sais pourquoi en France et qui m'avait sincèrement plaint en m'expliquant les choses suivantes : Il ne faut pas acheter une Lada construite soit en début de mois, soit en fin de mois. En début de mois, parce que les ouvriers s'étant soulé la gueule avec leur paie ne travaillent que peu et mal. En fin de mois, parce qu'ils attendent la paie, en ont plein le cul et se les roulent en espérant que les machines bosseront toutes seules. Le même schéma pouvait s'appliquer aux week-ends et aux jours fériés. En résumé : mieux valait n'acheter que des Lada construites un des deux mercredi du milieu du mois.
De surcroît, les ouvriers en question avait eu au moins quelqu'un de leur famille qui était allé au camp pour « sabotage » quand ils n'y étaient pas allés eux-même. Dans ces conditions, les contremaîtres et autres petits chefs pouvaient toujours essayer de les menacer, ils s'en battaient fermement les couilles - que risquaient-ils donc de pire dans les années 70 et postérieures ? A l'ouest, en moyenne, on a continué à respecter la hiérarchie - sans même parler du peloton croissant de veaux du tertiaire pour qui l'idée même de protestation n'a tout simplement pas de sens.
D'accord, au final, c'est l'Ouest qui a gagné. Mais ce n'est que la première mi-temps ...

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1 septembre 2009

Fragments de la mauvaise humeur

Le procédé est simple : il suffit d'entourer la grenade d'un ruban de chatterton au niveau de la cuillère, d'enlever la goupille puis de la plonger dans un flacon de térébenthine, par exemple. On place ensuite ce dernier près d'un endroit stratégique (tableau électrique, fûts de matières inflammables, salle machine, etc). Au bout de quelques heures, le solvant a complètement dissout l'adhésif et la cuillère peut se libérer, armant la fusée de retard.

Des flics se sont faits mitraillés à l'AK47 (ou à l'AK74, peu importe), je ne sais plus où en banlieue. Se procurer un SVD ne doit donc plus être si impossible que cela. Même s'il reste bien plus cher à l'achat que n'importe quel AK, d'autant qu'il s'agit de marché noir. Voir sa sale gueule dans le PSO-1, en plein milieu du réticule. Juste avant de presser la détente, couché sur le sol, l'arme bien calée sur son bipode. Voir LEURS sales gueules à tous, leurs centaines de sales gueules satisfaites, 2 secondes avant que la 7.62x54 ne perce un gros trou dans le sac à merde qui leur sert de corps. Si Oswald a pu flinguer un Kennedy avec un malheureux Carcano déclassé, je ne vois pas pourquoi je n'y arriverais pas, moi, avec ce matos de pro. Sans compter qu'à près d'un kilomètre de distance de la cible, même si la munition est supersonique, les flics, les gardes du corps mettront des plombes avant de comprendre et de réagir. Et je serais loin, prêt à recommencer.

Le petit cadre, le petit chef, le petit rien, je l'ai retrouvé dans le parking, alors qu'il s'apprêtait à monter dans son Audi. Sale petit pervers dont le potentiel de nuisance est corrélé au nombre de petites saloperies qu'il est désireux de se procurer. Comme une grosse berline allemande et des cours de cheval pour la petite. La règle numéro un du combat de rue, c'est de mettre l'adversaire hors de combat le plus vite possible. Rien à voir avec la branlette des soi-disants spécialistes en arts martiaux. Non : péter une rotule, casser un péroné ou un cubitus, déboiter une épaule, n'importe quoi qui en enverra au sol le connard chouiner comme un goret châtré. Ensuite je le finis à la barre de fer. Et quand je dis « finir », ce n'est pas un effet de style : le minus habens m'a reconnu et je n'ai pas envie de passer les 30 prochaines années de ma vie en prison à cause de cette raclure. Mais il n'y a que lui qui aurait pu m'identifier : les caméras de vidéo-surveillance, je connais leurs emplacements et leurs angles morts. Bisou bisou mon chéri !

31 août 2009

Photo sans intention

Quand on n'a rien à faire, il faut s'occuper. Là, je m'occupe à faire des calculs on ne peut plus inutiles. Parce que je travaille et que je n'en ai pas présentement. Et comme je déteste la photographie en tant qu'art ou plutôt sa prétention à en être un, j'ai vaguement réfléchi durant le bref laps de temps marécageux qui précède le sommeil pour essayer de faire quelque chose d'un peu plus rigolo dans le genre mais sans appareil photo parce que les appareils photos, c'est lourd, chiant et qu'il faut viser. Je pars de deux prémisses :

  • C'est le musée qui fait l'oeuvre et non pas l'inverse. En d'autres termes : accrochez n'importe quoi dans un musée et vous aurez un parterre extasié. Faites la même chose avec la Joconde dans une chambre de Formule 1 et vous n'aurez jamais que des couples adultères indifférents à la merveille et se besognant l'un l'autre au sein d'effluves douteuses.
  • Il faut laisser tomber l'intention et s'en remettre au hasard. Dans le cas contraire, vous vous contenterez de recycler sempiternellement les mêmes clichés (sauf rarissimes exceptions).

Donc : extrayez aléatoirement d'une bande de vidéo-surveillance de parking souterrain une dizaine d'images. Agrandissez-les en 4mx3m et exposez le tout. Ca aura de la gueule, croyez-moi. Un rapide calcul montre que de tels agrandissements possèderont des grains d'environ 67 cm (avec une résolution hi-res de 704x576). Ce qui signifie qu'il faudra se reculer de 20 à 30 mètres pour parvenir à distinguer quoi que ce soit.

On obtient quelque chose d'à la fois hautement conceptuel et d'excessivement écrasant (donc sublime) étant donné la taille des agrandissements.

Seul petit problème : on peut évidemment opter pour un système totalement aléatoire pour extraire les images, et rester ainsi sur une position d'un jansénisme intransigeant. L'ennui, c'est que sur les bandes de video-surveillance des parkings, il n'y a en général rien. Les 10 tirages risquent d'être rigoureusement identiques. Il est possible, alors, de présélectionner des séquences plus "exceptionnelles" et d'effectuer l'extraction dessus. Mais on en revient, dans ce cas, à la dictature, l'infâme dictature, de l'intention ...

18 août 2009

Couper les couilles

En quelque sorte, c'est l'idéal. J'aurais pu avoir recours à une intervention chirurgicale. Comprendre : me couper les couilles ou me les faire couper. Je n'ai pas eu ce courage. Les opiacés, régulièrement absorbés, ont la même fonction. Le tout, c'est la régularité. Evidemment, hors de question d'embrasser la plus belle fille de la famille. J'ai donc eu droit au laideron, mais je ne m'en plains pas ; facile à déflorer, facile à trouver, facile à avaler. Une bouteille de sirop. Deux fois par jour : le matin en me levant et le soir, entre 18 et 20 heures. Problème : du sirop, donc trop de sucre, donc des boutons plein la gueule. Mais, après tout, c'est plutôt un avantage ; ça aide même. Toute érection est devenue comme un souvenir lointain, vestige, peut-être, d'une vie antérieure. La mauvaise peau rajoute une petite couche qui ne peut pas nuire. Si l'on couple ça avec mon refus de sortir, je ne risque plus rien. Mais il me faut sortir, quand même. Pour manger ou acheter à. Les clopes aussi. Acheter à manger me tue : avec les chiasses spasmodiques que je me paie - on n'a rien sans rien, je m'étais dit que je n'avais qu'à ne plus m'alimenter ou le strict minimum. Mais j'ai faim et que je mange ou pas, je me retrouve toujours sur les chiottes à pousser des gémissements, les larmes aux yeux, pendant que la merde sort en pulsations irrégulières. Il suffit de boire pour ça. Autant manger, alors. J'ai essayé aussi de doubler les doses hebdomadaires, sans succès : dans ce cas, je vomis tripes et boyaux. Sans que les chiasses cessent de toute façon. Le tout est de sortir au bon moment : une demi-heure à une heure après l'ingestion. Tout va mieux à cet instant : l'extérieur perd une bonne partie de ses machoires, et je peux tranquillement passer au tabac, au Ed et à la pharmacie. Cela ne me prend qu'un quart d'heure grand maximum. Et je peux rentrer chez moi. Rentrer au chaud ou au frais, selon la saison, la bite flasque, relativement guilleret, mais surtout la bite flasque et ce, éternellement ou presque. Tant que je m'en tiens au planning, à cette discipline et la régularité.

8 août 2009

Potlatch

Une des rares qualités du libéralisme : sa capacité de dissolution, des anciennes solidarités, des rites à bout de souffle, des clanismes perclus de rhumatismes. Il porte en lui cette promesse, certes paradoxale : du passé, faisons table rase. Paradoxale, du fait de ce qu'on pourrait appeler l'aporie du libéralisme, à savoir qu'il est défendu bec et ongles par des conservateurs, pour ne pas dire des vieux cons. D'une part, il est indéniable que la révolution industrielle et son corpus théorique sous-jacent (ie : le libéralisme - politique) a fait plus que 10 révolutions d'Octobre pour envoyer l'ancien monde dans les poubelles ou les oubliettes de l'histoire. Il y a évidemment encore beaucoup à faire, mais je ne suis pas bien certain que grand monde ait vraiment envie d'encore accélérer le mouvement - mais on y reviendra. D'autre part, il est tout aussi indéniable que nombre de ses partisans sont abonnés au Figaro ou à La tribune, s'imaginant avec une naïveté touchante que l'on peut être à la fois pour le statu quo sur le plan social et libéral sur le plan strictement économique.

Outre Atlantique, on a pointé ce paradoxe depuis bien longtemps, sans que cela daigne intéresser la patrie de l'Intelligentsia (de l'Idée d'intelligentsia) où nous vivons. Ici, les choses sont simples : le libéralisme est soit

  • Caca, l'horreur absolue sans nuances
  • Le meilleur des mondes possibles (et sans plus de nuances)

Les choses ont un peu changé avec la prise de conscience des séquelles de 68 (des pubards ex-maos, des patrons de presse ex-trotskos, etc ...) et sa vulgarisation (l'image du bobo), mais sans jamais aller jusqu'aux conséquences ultimes du raisonnement, c.a.d que le libéralisme est le pire (ou le meilleur) destructeur du lien social à l'ancienne après lequel tout le monde pleurniche (plus ou moins hypocritement) sans d'ailleurs se donner la peine d'en fournir un début de définition un tant soit peu substancielle.

Qu'à droite, on se lamente sur les incivilités (de la part des pauvres), de l'égoïsme (toujours chez les pauvres) et de l'esprit de lucre (idem), c'est bien naturel tant il est vrai que Droite et pensée critique (ou pensée tout court) n'ont jamais fait bon ménage. Qu'à gauche, on chouine à propos de la perte des repères et autres fadaises, c'est déjà un peu plus surprenant (mais pas tant que ça, la gauche, desillusionnée, ayant pris une posture telle qu'il lui est désormais impossible de simplement penser à propos du réel). Bref, tout le monde se lamente, ce qui est à mon avis le signe le plus patent d'une trouille bleue devant le futur (je parle bien de trouille, pas de l'inquiétude on ne peut plus légitime devant par exemple les menaces environnementales).

[Tout aussi paradoxalement, le seul parti politique à avoir saisi l'enjeu du problème est le Front National qui sait que le libéralisme signifie la fin du monde tel qu'il le fantasme et qui est - logiquement - réactionnaire et non pas conservateur comme la majorité des libéraux. Quand on le taxe de ne pas avoir de programme, c'est un grossier contresens - et, d'ailleurs, depuis quand les autres ont un programme ?]

Personnellement, je suis bien content que les dits repères se barrent en couilles à vitesse grand V. Dans le monde ancien, hierarchisé à outrance, bétonné de certitudes, corseté d'us et coutumes assassines, je serais déjà mort depuis longtemps. Il n'y a qu'en ce début de XXIème siècle qu'on peut avoir des nostalgies pour les vies rurales ou embastillées en usine de nos ancêtres. Il y a encore un siècle, être agriculteur signifiait généralement être à deux doigts de crever de faim. Sans parler du reste (mortalité infantile, espérance de vie dérisoire, etc ...). Il suffit de lire par exemple des romans d'auteurs prolétariens scandinaves (c.a.d d'authentiques prolos ou paysans) des années 1920 pour se rendre compte de ce qu'était la vie en temps là. Tout ne va pas actuellement dans le meilleur des mondes, mais l'amélioration a été sensible ; il est vrai qu'on ne peut pas tout imputer au libéralisme lui-même, mais aussi aux luttes ouvrières et syndicales (dont les protagonistes du mauvais côté du manche n'avaient aucune envie de retourner au statu quo ante).

Bien entendu, ceux qui pleurent la fin du monde ancien (ou plutôt sont en nette avance de phase) s'imaginent soit une société à la Disney, soit qu'ils ne feront pas partie des miséreux, puisqu'eux ont bac+4 minimum (sauf qu'à l'époque, ils n'auraient pas dépassé la communale). Ce dont on ne se rend pas bien compte, c'est qu'on vit dans une société assez surréaliste qui a les moyens de payer plutôt décemment (et parfois presque indécemment) des gens dont la fonction (ie : le travail) est assez nébuleuse, consistant essentiellement en la manipulation de symboles ou des symboles de symboles, symboles assez grossiers de surcroît. Evidemment, on pense au pubards, aux marketeux. Mais c'est vrai de la grande majorité des cadres, de la quasi intégralité du ministère de la Culture et d'une grande partie des boulots adminstratifs. En d'autres termes, on vit dans une société de potlatch permanent, quotidien.

Je sais bien qu'on a souvent opposé les sociétés traditionnelles à potlatch (généreuses et outrancières) à nos sociétés égoïstes et calculatrices, mais c'est un pont aux ânes, une idée molle (Bataille le premier a dit beaucoup de conneries, comme à son habitude, sur le sujet). D'ailleurs, ce n'est de toute façon pas vraiment le propos : une société traditionnelle à potlatch en organisait assez rarement (une à deux fois par an), ne fut-ce que, n'étant pas fondée sur l'accumulation d'artefacts, il lui fallait un certain temps pour justement en détruire suffisamment au cours d'un potlatch.
Je sais bien aussi que le potlatch est par définition une dépense ou une dilapidation ostentatoire. Alors que nos dilapidations de ressources sont tout sauf ostentatoires : quel président de la République avouerait être à la tête d'une population de bras cassés dont il ne comprend pas bien lui-même les activités (à commencer par la sienne) ? Pourtant, il y a bien ostentation, puisqu'on ne cesse d'exhiber notre PIB comme un hardeux ses 27 cms ... Alors je parlerais de dépense ostentatoire inconsciente (au sens freudien), et donc de potlatch inconscient.

J'en ai déjà parlé ici, mais le fonctionnement d'une bureaucratie (et toute entreprise à partir d'une certaine taille est une bureaucratie) est un monstreux potlatch qui ne dit pas son nom, un potlatch chaque jour renouvelé, puisque le but ultime de toute bureaucratie est de produire toujours plus de bureaucratie, c.a.d de l'inutile fastidieux contre espèces sonnantes et trébuchantes, évidemment sans se poser de question sur son propre fonctionnement.

Et l'on est bien en présence d'un potlatch, certes inconscient, mais potlatch quand même ...

28 juillet 2009

Contrefaçons

Cette semaine, B'. est revenue de Chine avec une floppée de machins (exagérément) flashy dans ses bagages (il faut savoir que les chinois sont les rois du kitsch avec les indiens). Dont un certain nombre de contrefaçons tellement grossières qu'elles en deviennent kitsch.
Il faut savoir qu'en Chine existent deux sortes de contrefaçons : les faux-faux et vrais-faux. Les faux-faux sont de simples copies. Les vrais-faux sont d'authentiques produits fabriqués sous le manteau : supposons que Nike commande 50000 chaussures à l'usine « temple de Shaolin ». Le patron (chinois) en produit 60000, livre les 50000 à Nike et les 10000 autres (des vrais-faux) sur le marché gris.
Ceci étant, se pose le problème de la contrefaçon, mais par l'autre bout de la lorgnette : comme je ne suis pas un avocat à moitié marron spécialiste en droit commercial international, toutes les diatribes sur la marque (et son pendant symbolique) me laissent assez froid. Je ne vois pas, par exemple, pourquoi le fait de coller un crocodile sur un t-shirt permet de le vendre 10 fois plus cher que sans (le crocodile). Pour Lacoste, il s'agit d'une rente de situation que rien ne justifie. Le pourcentage de R&D injecté là-dedans est nul ou presque. D'autant que le support (le t-shirt) étant acheté et/ou fabriqué en Chine, le crocodile aussi, et la fusion des deux encore aussi, tous les discours sur la meilleure qualité des t-shirt Lacoste tombent dans un gouffre abyssal (surtout si l'on songe au cas des vrais-faux).
Evidemment, il faut, comme moi, penser que seules les activités socialement utiles ou développant un minimum d'innovation devraient se voir récompensées. Mais, avec le retour d'un imaginaire antérieur à la seconde guerre mondiale, il est normal que les rentes de situation injustifiées soient considérées comme LE modèle économique inamovible.
Bref, si l'on est un putain de petit gauchiste de merde comme votre serviteur, on peut se dire que le prix de la contrefaçon est le prix réel. Je ne parle même pas de valeur d'usage ; je parle de prix raisonnable.
Sans compter que si l'on différencie pas la contrefaçon de l'original, pour un prix n fois inférieur, pourquoi diable acheter l'original ?
Et au final, si les contrefaçons inondent le marché, elles démonétisent l'original, lequel n'a plus de raison d'être copié. A quoi bon acheter des t-shirts à crocodile (vrais ou faux) si n'importe quel prolo peut s'en payer une caisse pour moins de 10 euros ? Si l'acquisition d'artefacts « prestigieux » est soumise à la loi de la rivalité mimétique, il est logique de penser que cette rivalité ne s'appliquera plus le jour où les artefacts en question auront une valeur nulle ou presque. Ce sera une bonne chose  (même si ça chiera au niveau du lien social® et des repères®) ...

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Mémoires d'un apathique
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