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Mémoires d'un apathique
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30 octobre 2007

Les conditions de St Thomas

Durant la guerre d'Espagne le clergé basque justifia sa fidélité à la république en considérant que les quatre conditions de St Thomas n'étaient pas réunies (et aussi que de récentes encycliques niaient qu'une révolte contre l'Etat pût jamais être légitime)[1].

Les conditions de St Thomas pour une rébellion contre l'Etat sont les suivantes :

  1. Le bien commun (religion, justice et paix) doit être gravement compromis.
  2. La rebellion doit être considérée comme nécessaire par les autorités sociales dans leur ensemble et les sages qui représentent le peuple dans son organisation en tant que nation.
  3. Il doit y avoir une forte probabilité de succès et le mal probable fait par la révolte ne doit pas être plus grand que le mal probable fait par absence de révolte.
  4. Il ne doit y avoir aucun autre remède pour écarter le danger qui menace le bien public.

On remarque qu'en pratique les 4 conditions ne sont jamais réunies en même temps. Aucune révolte contre l'état n'est donc légitime (selon les critères de St Thomas).

Autant les conditions 1 et 4 vont de soit et relèvent du simple bon sens, autant les 2 autres sont plus problématiques. La condition 3 semble être une formulation de ce que l'on appelle de nos jours le principe de précaution ; toutefois son deuxième moment est impossible à assurer, quand bien même on s'en tiendrait à une probabilité.
C'est évidemment le 2ème point qui nous semble le plus aberrant : toutes les révoltes ou révolutions nous paraissent avoir été modelées sur le principe classe-contre-classe, et ont généralement dégénéré en guerre civile de ce fait.
Dans l'esprit de St Thomas ces conditions ne pouvaient être validées que dans le cas d'une tyrannie arrivée au pouvoir par des moyens extra-légaux, typiquement par un coup d'état, tyrannie de surcroit ne bénéficiant d'aucun appui dans aucun groupe du corps social. Avec notre cynisme, nous envisageons cette situation comme impossible et/ou purement théorique, tandis que St Thomas se référait probablement aux quelques exemples fournis par l'antiquité greco-romaine (dont on peut d'ailleurs nier la réalité historique).

goma

Quoi qu'il en soit, l'argument du clergé basque ne parut pas ébranler outre mesure le cardinal Goma, alors Primat d'Espagne et supporter acharné de la junte de Burgos ...

1 - La république espagnole était à l'époque le régime legitime et les franquistes, par conséquent, des factieux.

 

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