Présences II
Les autres forment-ils une race différente ou « descendent »-ils d'humains, comme les fantômes ?
Personnellement, je préferais la première hypothèse. Ne fut-ce que pour lever la malédiction de la race sapiens unique. En admettant que les autres soient sapiens, bien entendu, ce qui reste à démontrer.
Il semble, malheureusement, qu'il faille recourir à la seconde explication. Certains lieux sont propices aux apparitions des autres. Lieux déserts et soumis à une intense luminosité. C'est cette dernière qui parait altérer les tissus et leur donner cette translucidité caractéristique des autres.
La lumière artificielle convient aussi à la transmutation. Ce cliché tend de surcroit à prouver que certains humains se soumettent de leur plein gré à l'action dissolvante des photons. Et donc qu'il existe des volontaires qui désirent passer à l'état d'autre.
Au début, l'autre peut être discernable alors que son « porteur » ou son « modèle » est encore présent (ie : parfaitement décelable) dans le monde des humains. J'ignore encore dans quelles conditions la séparation s'effectue (mort du sujet initial, départ pour quelque destination assez lointaine pour assurer l'autonomie de l'autre, ...).
On a vu que les escaliers d'immeubles conviennent à la fois à la présence et à la « naissance » des autres. Les salles des musées peu fréquentés aussi. Ou les recoins excentrés de lieux pourtant balisés et courus (ici, la Bibliothéque Nationale).