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Mémoires d'un apathique
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8 octobre 2007

Toi aussi, ecris ton chef d'oeuvre !

Je lis souvent le blog du petit père des peuples. A chaque fois que mon rss-reader me signale de nouveaux trucs à baffrer. C'est à dire souvent. Grâce à lui, je connais tout des buzzs qui agitent le petit monde des blogs.

Il parlait  d'un  péronnelle chouinant qu'elle n'arrive pas à se faire éditer. Ca tombe bien, parce qu'il y a adéquation avec les aventures palpitantes qui rebondissent dans ma vie comme des kangourous amoks.
Moi, vous me connaissez, je suis génial. A tel point que les gens me disent fréquemment que je devrais écrire un bouquin. Ce à quoi je leur réponds :

  • D'abord, vu la quantité et l'absence moyenne de qualité de la littérature, je me demande s'il est vraiment urgent d'alimenter le pilon.
  • Ensuite, comme tout le monde, je n'ai rien à raconter. Je n'ai pas connu Lénine, ni traversé l'Himalaya après mon évasion du Goulag. J'ai eu une vie d'employé du tertiaire, assez peu palpitante. Comme tout le monde. Ca fait un fond fictionnel assez pauvre. Mais l'intime ? Ca, c'est un sujet l'intime. C'est même en pleine expansion pour ceux qui trouvent la télé-réalité assez vulgaire, mais n'en discutent pas les concepts. Déjà, l'intime, j'ai déjà dit ce qu'il fallait en penser. Ensuite, ça me ferait braire de me retrouver dans la même division que C. Laurens (par exemple). Je préfère encore faire du marketing d'enculé. Question d'éthique.
  • Et surtout, écrire, c'est très fatigant, très long, surtout quand on a un minimum d'exigence de qualité. Une fois que vous avez passé des mois à peser le moindre substantif, il vous reste le gros morceaux : se faire éditer. C'est ça le problème. Le VRAI problème. Le monde de l'édition, n'importe qui y bossant vous le confirmera, ça fonctionne en réseaux (ie : au copinage). Si vous ne connaissez personne dans le mitan, laissez tomber, vous allez déprimer. Je sais, je l'ai déjà fait. Il est vrai aussi que c'était assez mauvais. Mais dans le cas contraire, c'est kif-kif et bourricot dans la même farandole. J'ai plein d'ami(e)s qui y travaillent et pourront vous certifier que c'est rempli jusqu'à la gueule d'arrivistes analphabètes.

Tout ça pour dire que, donc, écrire un bouquin n'entre pas dans mon business-plan existenciel. Trop feignant pour ça.
Sauf par périodes. Après avoir lu Ada ou l'ardeur, je me suis dit que c'était ni fait, ni à faire, et qu'il fallait que je m'y mette pour montrer à ce pauvre Nabokov ce que c'était qu'une écriture exigeante.
Naaan, je déconne ...
Mais disons que lire du tout venant issu des prix littéraires me met dans une rage presque incontrôlable. Une sorte de Bersek hystérique hurlant à un monde indifférent que, bordel de merde, il va leur montrer à toutes ces fiottes ce que c'est qu'un bouquin écrit avec autre chose qu'un manuel de conversation française destiné aux Kalmouks.
Sauf que là, c'est un petit peu différent. P. me dit que, vue la qualité de mes traductions, je devrais peut-être écrire directement en français plutôt que de passer par des sources japonaises médiocres. Je lui fais mon petit laius de tout à l'heure. Pas convaincu, le P. Parce que, voyez-vous, il est bien introduit dans le milieu. Il peut même commencer par faire un peu de marketing pour savoir ce qui se vend chez les éditeurs qu'il connait ou me filer les fiches de lecture qu'il a remplies. C'est pour les gamins. De la littérature pour gamins. Ou pour ados. Pour le moment, c'est ça le créneau. Pas de problème. Faut bien commencer quelque part. Et puis, j'ai pas l'intention de faire de l'informatique toute ma vie. Ca peut être une porte de sortie. Ou du beurre dans mes petits épinards. Sans compter que ce sous-genre n'est pas trop éreintant ; 200 feuillets pour un volume.

Et pour être honnête, je n'ai jamais cru que la littérature pouvait rédimer l'humanité. Elle ne l'a d'ailleurs jamais fait. Dans le meilleur des cas, elle a produit des chefs-d'oeuvre. Et je n'ai pas la stature d'un Queneau. Ou d'autres. Je pourrais à la rigueur être un bon écrivain moyen.
Il y a trop d'écrivains moyens qui s'imaginent parler de choses inouies de façon inouie et toucher ce faisant l'humanité dans son essence. Alors faire partie du club pour gagner ma vie ou un peu de pèze, pourquoi pas ? Après tout, c'était aussi le discours de Celine quand il se plaignait (et dieu sait qu'il aimait ça) qu'on l'avait ruiné suite à cette malencontreuse affaire à Sigmaringen.
Quoiqu'il en soit, s'il n'y avait qu'une chose à retenir : il y a trop d'écrivains moyens ...

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Commentaires
M
Le bottin ... N'exagérons peut-être pas :) ...
A
Même quand je lis le bottin, ça calme mes envies d'écriture.
M
Super efficace, même. Comme une (toute) petite clique d'autres. Les gens qui meurent d'envie d'écrire devraient lire Nabokov. Ca les calmerait ..
B
En fait c'est plutôt Ada or Ardor, parce que je suis un cuistre et que c'est plus symétrique comme ça.<br /> <br /> <br /> C'est très efficace Nabokov. Quand - très rarement, je vous rassure - j'ai une vague envie d'écrire quelque chose, je relis une nouvelle de N., ou Ada si vraiment c'est sévère, et ça me calme pour au moins deux trois ans.
M
Mais c'est pas vrai. Deux fois que je fais l'erreur ! Et que tu me le fais remarquer. <br /> J'ai l'air de quoi ?
Mémoires d'un apathique
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