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Mémoires d'un apathique
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20 mars 2007

Vieux con de droite, je te pisse à la raie !

36

Il est de bon ton aujourd'hui pour les vieux cons de droite de relever la tête à la faveur d'une réaction qui n'en finit pas de grogner sa haine de classe avec de plus en plus de vigueur et d'arrogance, et ce depuis au moins 20 ans.
Alors ils pleurnichent, et se présentent comme de pauvres victimes des hordes bolchéviques, eux dont les papas trafiquaient du béton avec l'organisation Todt ou rédigeaient les discours du Maréchal.
Et ils révisionnent à tour de bras, tout emoustillés par les révélations sur le cauchemar communiste (révélations qui existent depuis les années 30, mais bon). Et ils gueulent partout qu'on a été désinformés, manipulés par les nervis rouges de l'éducation nationale et de la presse. Et parfois, ils écrivent des livres où ils tentent de faire éclater des vérités dérangeantes, voire de briser des tabous. Et enfoncent des portes ouvertes avec la vigueur du mononeuronal sûr de son fait. Ils croient s'en prendre aux mythes des gauchistes de tout poil, comme la Commune de Paris, « regardez, ces 50 à 100 otages tués par ceux qu'on nous présentent comme la fine fleur du peuple parisien ; des bouchers, oui ! ». Evidemment comparer ces 50-100 otages aux 20000 executions de communards (sauvages et suite aux conseils de guerre), remet tout de suite les choses à leur place et désigne avec vigueur les véritables bourreaux. « Ah, mais ce n'est pas la même chose ». Bien sur. Comment comparer la mort de l'archevèque de Paris et celle d'un ouvrier alcoolique (ou même de 100), dégénéré et certainement rongé par la syphylis ? Hein, je vous le demande ?

C'est ce qu'on pourrait appeler le Syndrome de Münster [1] : quand la violence est exercée par les représentants de la loi  ou par leur alliés naturels, elle rentre dans l'ordre des choses. Quand ce sont les gens du commun qui s'y mettent, c'est une agression intolérable contre l'ordre symbolique, scandaleux événement qui justifie amplement les chatiments terribles réservés aux meneurs de jacqueries. M. Yourcenar ne s'y est pas trompée. C'est pour cela entre autre que les terreurs blanches passent à l'as dans les livres d'histoire au contraire de leurs consoeurs rouges, montées en épingle pour stigmatiser l'animalité des gueux en rébellion. Il est vrai que faire écorcher vif (au sens strict) les meneurs est une preuve de l'incroyable humanité et équité de ceux qui sont du bon côté du manche.

Dans le même ordre d'idée, le renouveau du racisme à prétention scientifique (plus orienté sociologie que phrénologie, dorénavant), permet à des cuistres oeuvrant au Figaro de rappeler que Saladin n'est pas le preux chevalier islamique que d'aucuns ont dépeint mais un fourbe rebeu qui a tué de sa propre main Renaud de Chatillon captif (tout en laissant la vie sauve au roi Guy de Lusignan, il est vrai). Bon, évidemment, ce genre de pratiques était des plus courant pour l'époque. Et il ne s'agissait pas de Renaud de Chatillon, mais du catastrophique Renaud de Chatillon, crétin rapace qui n'avait cessé de rompre les trêves pour mener des razzias pour son propre compte, la dernière en date, étant une expédition montée fin 1182 contre les navires marchands de la mer rouge qui se termina en face de la Mecque, razzia agrémentée à cette occasion du sac de caravanes de pélerins. Disons les choses plus abruptement : Renaud n'a eu que ce qu'il méritait, et il faut vraiment avoir la cervelle gangrenée par l'ambiance du quotidien de référence des vieux débris pour prétendre le contraire.

Mais c'est une constante chez les réactionnaires patentés : ne cesser de se plaindre et se présenter comme des victimes, alors qu'on est les plus gros consommateurs du gâteau et ce depuis l'aube des temps. C'est l'horreur de la démocratie ; un régime où le respect se perd, surtout envers les académiciens rassis désireux d'expliquer quel bon vieux temps c'était quand les croquants restaient à leur place et les bonnes à l'office. L'exemple le plus extrème est celui des nazis qui au court de la guerre (et du fait de sa conclusion de plus en plus inévitable) évoluèrent de l'arrogance la plus outrancière jusqu'aux pleurnicheries les plus extravagantes. Mais pour cela il faudrait que je remette la main sur la collection de Signal des parents de A. Un peu de boulot de rat de bibliothèque, et je reviens vers vous avec d'autres merveilleuses histoires à vous raconter.

Patience ...

1 Dans la ville de Munster en 1534, des groupes de baptistes prirent le pouvoir et instaurèrent un gouvernement millénariste et théocratique, abolirent la monogamie et la monnaie, et aussi tuèrent quelques personnes, tout à leur ferveur religieuse. Lorsque les troupes des princes reprirent la ville, elle se livrèrent à un joyeux massacre et, comme je l'ai dit, écorchèrent les meneurs avant de laisser pourrir les cadavres dans des cages de fer disposées en hauteur.

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Commentaires
M
Tout a fait exact ; ma langue a fourché :)
G
Petite correction : c'est Saladin, et non pas Soliman, qui a execute Renaud de Chatillon, au soir de la bataille de Hattin.
M
ptipois> Quel enthousiasme ! Je fonds ...<br /> <br /> Balise> Au piquet ! <br /> <br /> gc> Sur le fond la raison d'état, ce n'est qu'un cas particulier de la violence "légitime", autorisée pour un groupe défini de personnes.
G
Ne pas oublier la justification de la violence par la raison d'Etat (je lis Naissance de la Biopolitique de Foucault en ce moment)
B
Bin quoi, c'est bon le munster...
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