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Mémoires d'un apathique
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17 mars 2007

The Gladiator

35

D'ordinaire les "grands" metteurs en scène n'aiment pas trop qu'on leur rappelle les ignominies qu'ils ont commises à un moment de leur vie pour payer leurs impots, un arriéré de pension alimentaire, ou simplement pour bouffer. Ils font souvent des pieds et des mains afin que des distributeurs peu scrupuleux ne sortent pas ces grosses bouses directement dans les bacs à soldes au milieu d'histoires de ninjas tournées aux Philippines. Mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut ...

Tenez, Abel Ferrara, par exemple. Grand Réalisateur (Bad Lieutenant par exemple), patati et patata, auquel je n'ai jamais accroché d'ailleurs, mais ce n'est pas le problème en l'occurence. Chez un discounter, je suis tombé sur The Gladiator. Le titre est bien non ? L'histoire n'est pas mal non plus. Que je vous explique : Un type en bagnole s'amuse à tuer les gens qui lui ont manqué de respect (genre, ils lui grillent la priorité) en envoyant leur véhicule dans le décor. Il a un pare-buffle sur le devant et dans les roues une sorte de gadget infernal, des ailettes aiguisées qui se déploient et vont crever les pneus des victimes. Vous suivez ? Bon. Une de ses proies échappe à la mort et décide de se venger et de le retrouver. Déviant un peu du projet initial, il s'en prend à tous les chauffards (pochtrons au volant, etc ...) et les oblige à arrêter de conduire, en général en balançant leur voiture sur le bas-côté. On se dit : tiens un justicier dans la ville motorisé ! On attend donc le déploiement de gore et  de célébration de l'auto-défense, mais que tchi : le Gladiator (c'est son nom) comprend que ce qu'il fait est mal et se rend à la police, non sans avoir éliminé le méchant dont on parlait au début.

Ca pourrait donc être bien. Enfin, bien ... De la zèderie calibrée, dont Ferrara a honte mais qu'on peut regarder avec l'indulgence un peu ignominieuse de l'amateur de conneries grand format.
Mais pas du tout. C'est juste très chiant bien que le doublage soit catastrophique et les acteurs expressifs comme des tubes de dentifrice. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit en fait d'un téléfilm. Mais allez-vous me dire, un téléfilm, ce n'est jamais qu'un film tourné pour la télé ; ça pourrait donc être bien. En théorie, oui. Mais généralement le téléfilm présente les tares suivantes :

  • Une image hideuse
  • Des comédiens démotivés
  • Et surtout le syndrome du temps réel. Prenons un exemple : imaginons que vous deviez filmer un type qui sort de chez lui pour aller chercher un recommandé à la poste. Dans un film normal, on présentera le bonhomme chez lui, puis un petit insert dans la rue et on le retrouvera à la poste. C'est ce qu'on appelle l'ellipse. Un procédé tellement courant au cinéma qu'on ne le remarque même plus (d'ailleurs on le remarque quand il est absent, comme dans Le cousin où on a droit à un remarquable festival d'ouvertures et de fermetures de portes in extenso). Dans un téléfilm, en gros, on va tout filmer, du début jusqu'à la fin. Le public, en effet, n'est pas dans une salle, relativement peu libre de ses mouvements, mais chez lui, et va donc pisser, prendre une bière, manger une pizza, etc ... D'où un certain manque de concentration. Auquel on pallie en évitant de passer trop brusquement d'une séquence à l'autre. Ainsi dans The Gladiator, quand ce dernier fait sa ronde, ça dure, ça dure, on se farcit presque tout son trajet comme si on y était en implorant les dieux du 7ème art d'accélérer un peu le mouvement.

Bref, c'est nul, on s'emmerde à 100 sous de l'heure et on se dit que Ferrara aurait préféré que cette bouse ne soit pas sortie avec son nom en gros sur la jaquette ...

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