Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mémoires d'un apathique
Archives
23 janvier 2007

Lapin is money

L'argent fait des petits. C'est ainsi que parlent le bon sens populaire et les banques, ces dernières tentant de vous expliquer que bloquer vos pépettes sur un compte ad hoc, vus les taux partiqués, vous permettra d'en récolter bien plus au temps d'un temps variable. Car ze money ainsi immobilisé, permet à la banque de proposer d'autres prets, et plus vraisemblablement de jouer comme les grands au youpi casino des options et autres warrants. Ce qui est particulièrement bien, c'est que si le PDG se tire aux Caimans avec la caisse et une blondasse de 40 ans sa cadette, pas de problème, l'Etat (ie : les contribuables) amorcera la pompe à brouzoufs pour renflouer le titanic financier, comme ça s'est passé pour le Credit Lyonnais ou les caisses d'épargne américaines. On appelle ça nationaliser les pertes et ça fait partie de l'orthodoxie économique libérale, malgré l'interventionnisme notoire d'une pareille mesure.

Mais tout cela reste très abstrait. L'argent, en vérité, ne fait pas de petits ; la monnaie est asexuée et se contente de se caresser la prostate dans votre porte-feuille. Tout serait évidemment différent si on payait avec des lapins. Pour ne pas se torturer le néo-cortex, admettons qu'un lapin vaille 1 euro, et vous savez désormais combien de lapins il vous faut pour acheter tout objet ou service qui vous viendrait à l'esprit. Evidemment, cela poserait de nombreux problèmes, à commencer par celui de savoir s'il vaut mieux manger le lapin ou acheter de la nourriture avec. Par contre, pour ce qui est de faire des petits, ça roulerait, les mains dans les poches et le nez au vent. Deux lagomorphes (oui, j'en ai un peu marre d'écrire lapin) de sexe opposé dans une cage, et vous voilà à la tête d'une véritable fortune en peu de temps. Et sans avoir besoin d'une banque.

Comme le but de toute société est de devenir inégalitaire, inégalité qu'on justifiera après coup par une « loi » divine ou naturelle, il est interessant de savoir comment les riches deviendront riches dans le cas où les lapins se substituent à la monnaie. Le plus simple est en fait de stocker les lapins mâles et de ne laisser que les femelles en circulation. On pourrait faire le contraire, mais si un mâle peut féconder plusieurs femelles, l'inverse est évidemment problématique. Une fois les réserves à sperme stockées, ces salauds de pauvres se retrouveront avec des lapines infertilisables qui exigeront de surcroit la vente d'une partie du cheptel pour faire vivre l'autre, tandis que eux qui sont abonnés à La Tribune verront leur fortune croître et embellir (une merveilleuse modélisation de l'acroissement patrimoniale à partir de différents paramêtres - population respective par sexe, temps de gestation des lapines, taux de mortalité infantile - dès que j'aurais le temps). Voyez comme c'est simple, l'économie.

 

lapin

Elle a l'air très con comme ça, cette histoire. En fait, si l'on regarde les sources de la richesse dans les pays récents, on s'aperçoit qu'il n'y a rien de magique, et que c'est pratiquement toujours basé sur la fondation d'un monopole et des pratiques assez douteuses. Ainsi les magnats australiens descendent de quelques marins anglais qui obtinrent le monopole du rhum de la part de la couronne britannique et qui se firent des couilles en or dans ce pays où, à l'origine, il n'y avait pas grand chose à foutre à part se saouler la gueule. Par la suite, tous ces braves gens achetèrent des terres à des prix dérisoires dans des conditions opaques, et devinrent des landlords. Et ainsi de suite ...

Merde, se dit le lecteur, tout ceci n'était qu'une parabole casse-couille sur le fait que l'enrichissement, c'est mal ? Pas vraiment ; j'avais juste envie de raconter une histoire de lapins, et je l'ai raccrochée à cette histoire australienne qui trainait sur la table ...

Publicité
Commentaires
P
Encore un de ces grands secrets historiques pluriséculaires qui éclate au grand jour. Décidément l'internet c'est trop cool de sa mère.
M
A toutes les deux > Oui, les lapins c'est bien, et oui, les lapins étaient les conseillers secrets de Simon de Montfort dans sa croisade contre les Albigeois.
P
Tu aurais dû aussi, pendant que tu étais dans les histoires, raconter comment les lapins ont failli construire la cité de Carcassonne. Et puis comment sans les lapins, les martiens nous auraient envahis et colonisés depuis longtemps. C'est vrai, les lapins c'est trop kikoo, on ne rappelle jamais assez ce qu'on leur doit.
B
Et tfaçons, les lapins, c'est bien.
Mémoires d'un apathique
Publicité
Publicité