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Mémoires d'un apathique
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24 janvier 2007

C'est l'histoire d'un mec

Depuis qu'on a monté la boite de prod, on n'arrête pas de recevoir de recevoir des propositions de scénarii. Dès le premier jour, ou le second à la rigueur, à croire que des gens scrutent le journal officiel pour savoir. Parce qu'on n'a même pas de site web. Comprend pas, je demanderai à N.
Et ce qui me fascine, c'est que les gens qui écrivent ça ont l'air de ne jamais avoir vu un film de leur vie. Un vrai film, au cinéma, pas un truc qui passe à la télé. Et même à la télé, ça leur arrive de passer des bons films. Ou des séries. Je sais pas, un truc avec un scénario, raisonnablement bien foutu, à peu près interessant. Et écrit en bon français, avec des dialogues qui n'ont pas l'air de sortir d'une rédaction de primaire. Parce que je me demande s'ils ont lu un seul livre aussi. Je ne peux même pas dire que des machins comme ça, j'en ponds 10 en me brossant les dents ; en fait, ça ne me viendrait même pas à l'idée des non-synopsis pareils. Aucune chance que je les couche sur papier et encore moins que je les démarche.
Ca me fait penser aux ateliers d'écriture sur le net ou les sites collaboratifs, remplis jusqu'à la gueule de gens qui meurent d'envie d'écrire ou de s'exprimer, mais qui sur le fond n'ont rien à dire et ne savent en plus pas le dire. Bien sûr on ne peut pas demander à tous les auteurs d'avoir eu plusieurs vies, d'avoir été barmans, chercheurs d'or en Patagonie ou VRP en cure-dents aux Nouvelles-Hebrides et avoir ainsi acquis, comment dirais-je, une forme d'expérience ou simplement des trucs à raconter. Comme c'est le cas pour bon nombre d'écrivains américains. Mais ils peuvent au moins avoir lu des livres,  qui sont à la fois une mine de fonds et de formes.
La littérature (ou n'importe quoi, d'ailleurs) n'est pas une forme d'ergothérapie. Ca peut l'être bien sûr, mais c'est assez secondaire, et je m'en branle. Ou alors si c'est une forme d'ergothérapie, que ce soit assumé, et que ça n'ait pas d'autre fonction que de faire du bien aux gens mais sans plus. Evidemment, avec le niveau de la littérature en France, on ne peut pas s'étonner que certains se disent Et pourquoi pas moi ? Le problème avec l'auto-fiction, c'est que l'auto est désespéremment creux  ;  des gens qui  suivent des études sur des rails, puis entament un job dans le tertiaire et se marient (pas forcemment dans cet ordre là), comment pourraient-ils éviter de raconter la même vacuité ? Le problème avec la fiction, c'est qu'elle ne se nourrit de rien, sinon de la télé. En fait, je pense qu'actuellement écrire - et dieu sait que c'est pénible - pose plus le problème de savoir quoi raconter que comment le raconter.

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Commentaires
M
Le "qui" on en sait rien en fait. Le "pourquoi" pose des problèmes insurmontables. Restent le "quoi" et le "comment". On s'est focalisé depuis un moment sur le "comment" ; à mon avis, à l'heure actuelle, c'est le "quoi" qui pose probleme.
L
C'est évident et ça a toujours été le cas. Quoi raconter et à qui le raconter et pourquoi le raconter.
Mémoires d'un apathique
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