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Mémoires d'un apathique
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30 novembre 2006

Une histoire pas banale

C'aurait été au restaurant que je lui aurais proposé tout de go de coucher avec moi. Evidemment, elle serait restée assez stupéfaite, la fourchette en l'air, hésitant entre m'en coller une et essayer de me faire comprendre que ce ne sont pas des choses qui se disent. Pas comme ça, en tout cas. Voyant son air ahuri, j'aurais fait comprendre, que, non pas du tout, ce n'est pas ce que tu imagines, j'étais littéral, là. Littéral ? Oui, coucher dans le sens de s'allonger dans un lit ensemble. Rien de sexuel. Mais pourquoi ? Un baratin complexe de ma part. En substance, parce que, exposés l'un l'autre à la nudité de l'interlocuteur, nos carapaces tomberaient, et le dialogue s'affranchirait des retenues et pour tout dire de la banalité convenue. En gros, c'est ça que j'aurais expliqué. Sans parler de banalité convenue, pour ne pas la braquer d'emblée. Histoire d'avoir un dialogue plus riche ? Et à poil, forcement ? Forcément, oui, sans quoi, ça n'aurait pas d'intérêt. Non, je ne me fous pas de toi. Si vraiment, j'avais voulu faire l'amour, j'aurais employé une méthode moins tordue. Bien obligée d'acquiescer. Je l'aurais senti hésiter, c'était trop énorme, mais en même temps bizarrement excitant. Ou excitant parce que bizarre. Hésiter aussi pour autre chose : trente-quadragénaire mariée avec enfants, elle aurait craint d'exposer ses chairs un peu trop mûres à son goût. Mariée avec enfants, ça ne l'aurait pas retenue pas, au contraire, elle n'aurait eu  envie que de me croire. Et il faut bien avouer qu'avec mon air de saint François d'Assise, mon tu ne me fais pas confiance ? marri, on n'aurait pu que me croire. Et elle m'aurait cru.

Je l'aurais senti gênée de se déshabiller devant moi, et j'aurais fait pas de problème, je vais dans la pièce à côté, installe-toi dans le lit. Bien entendu, quand mon tour serait venu de la rejoindre, elle se serait camouflée sous le drap. Après m’être allongé, j’aurais enlevé doucement cette fine pelure. Au début, il va sans dire, elle se serait couverte la poitrine avec les bras, et aurait serré les cuisses pour essayer d’en montrer le moins possible. Mais au fur et à mesure de nos discussions, elle se serait détendue tandis que de sa bouche auraient coulé les mots de ses déceptions, de ses rêves, de tout ce qu’elle aurait voulu, mais pas pu faire et dont sur le fond, elle n’avait jamais vraiment eu envie, peut-être. Ou peut-être que si. A un moment, évidemment, elle m’aurait demandé pourquoi j’avais gardé mon slip, et j’aurais répondu que je bandais et que je ne voulais pas que ce soit mal interprété. Elle aurait évidemment reculé et repris sa posture de nymphe surprise à la sortie du bain, mais j’aurais doucement expliqué que pas de malaise, c’était juste réflexe, que ça allait passer, et elle m’aurait cru, parce que ce n’aurait pas été les occasions qui auraient manqué si j’avais vraiment eu ça derrière la tête. On aurait continué à parler de nos enfances, adolescences, échecs, espoirs, et, nécessairement, elle m’aurait demandé si elle pouvait me toucher. J’aurais répondu oui, et de fil en aiguilles, alors que son discours serait devenu encore plus intime, si cela eut été possible, elle se serait lovée contre moi, sa bouche tout contre mon oreille.

Et quand elle m’aurait voulu en elle, j’aurais dit non, ce n’est pas ce qui était prévu. Choquée, oui, choquée. Admirative, bluffée, et sceptique, car en fait mon érection ne m’aurait pas quittée, plus ou moins ferme, tout au long de cette étrange fin de soirée. Mais je n’aurais pas dévié d’un pouce. Peut-être une autre fois. Mais pas maintenant. Elle se serait alors serrée contre moi, et nous aurions fini par nous endormir.

 

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Commentaires
R
http://fr.wikipedia.org/wiki/Soir%C3%A9e_c%C3%A2lins<br /> <br /> Apparemment à New York on fait la même chose ... :]
M
ptipois> Non, ça c'est une vache ...<br /> <br /> jeanne> Au temps pour moi ...
J
Je n'en sais rien, justement. j'ai souvent envie de finir mes phrases par "aussi". en fait c'était de l'auto-dérision.
P
Oh ! Un lapin.
M
reyman> effectivement ...<br /> <br /> jeanne> Je ne comprends pas ... Pourquoi "aussi" ?
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