On n'y croit pas
Hier, trois heures du matin. Aujourd'hui, en fait.
A la fenêtre, je fumais, nu, car il faisait vraiment chaud.
De toute façon, dès que le temps le permet, je suis nu chez moi. Ou chez B'. Les vêtements, ça me gave, sur le fond.
Bref, à la fenêtre, je fumais.
Et regardais l'immeuble en face, l'esprit vague, embrumé par le somnifère qui comme d'habitude ne me faisait pas dormir.
Immeuble d'en face où je fixais l'unique fenêtre éclairée.
Quelqu'un veillait, là-bas aussi.
Et une femme est passée devant la fenêtre. La fenêtre de l'immeuble d'en face. Nue elle aussi. Le genre d'histoire qu'on n'imagine pas possible dans la vraie réalité.
Une femme nue était donc passée devant cette fenêtre. De profil. La femme.
Evidemment je suis resté, sidéré, alors que ma cigarette était terminée.
Et elle est repassée, dans l'autre sens.
C'était bien une femme. Pas de doute. Parce que j'avais quand même eu un doute. Je suis un peu miro pour tout dire.
J'étais soufflé que quelque chose d'aussi littéraire m'arrive à moi.
Et je suis resté à regarder cette fenêtre.
A attendre.
Elle a fini par revenir. Mais de face, cette fois-ci. Et elle a du me voir. Silhouette lointaine, nue, probablement mâle. Et tout aussi probablement en train de la regarder.
Et la lumière d'en face s'est éteinte.