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Mémoires d'un apathique
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30 juin 2006

Travail = SS

Le travail, c'est pénible.
Faut le dire quand même.
Si l'on en croit certains sondages, plus de 70% des gens s'emmerdent à leur boulot. Ca fait beaucoup.
Mais il faut nier l'évidence.
Nier ce que l'on sait depuis plusieurs millénaires.
Les sociologues adorent ça. Nier l'évidence. Soit ils la nient, soit ils enrobent le gros bon sens d'un jargon qui n'épate que les ploucs et utilisent des lettres grecques pour les variables des graphiques. Ca fait sérieux.
Les sociologues, eux, prétendent que le travail structure la société et que donc, c'est bien. C'est bon pour les gens, d'être structurés. Sinon, les gens, ils sont paumés, et pourraient même arrêter de regarder la télé.  D'ailleurs les chômeurs le vivent assez mal. D'être chômeurs. Pas parce qu'ils n'ont pas d'argent. Mais parce qu'ils n'ont plus de repères. Bande de poujadistes.
On retorquera que dans une société structurée par le travail, il est un peu normal d'être perturbé quand on en est privé. C'est légèremment circulaire  comme raisonnement. Ca a tout du truisme. C'est  la sociologue touch. Enoncer des tautologies avec une mine de conspirateur qui connait les arcanes du monde souterrain.
Et si le travail structure la société, c'est un phénomène historique. Ce n'est pas un invariant anthropologique. Ca pourrait ne plus être le cas le jour où on n'aura plus besoin de travailler. Et ce jour-là, les sociologues découvriront que la société n'est plus structurée par le travail et que sur le fond, il n'est pas nécessaire qu'elle le soit.

Le travail, c'est bon pour les gens qui ne savent pas quoi foutre de leur vie.

Quoi qu'il en soit, B'. en a marre de travailler. Elle a à peine 30 ans passés. Et en a déjà marre. Ca commence bien. Et ce n'est pas moi qui vais la remettre dans le droit chemin. Elle m'explique :

ELLE : Le travail, c'est comme l'amour. Faut pas que ce soit tout le temps pareil. Sinon, ça dégénère.
MOI (ironique) : Il te faut plusieurs mecs, sinon ça ne le fait pas ?
ELLE : Gna gna gna. Non, ce que je veux dire, c'est qu'il faut pas être tout le temps avec son amoureux. Sinon, l'amour il meure. On finit en chiens de faïence parce qu'on a tué l'amour avec le quotidien.
MOI : Un seul mec, mais pas tout le temps ?
ELLE : voilà, c'est ça.
MOI : Mais y'a le problème du fric avec le boulot.
ELLE : Oui, c'est vrai. Faudrait faire un boulot pendant six mois, un an. Puis changer. ne fut-ce que pour ne pas voir tout le temps les mêmes têtes. Le mieux, ce serait de changer de boulot chaque jour de la semaine.
MOI : Cinq boulots alors.
ELLE : C'est un peu ça l'idée.
MOI : Pas travailler du tout, ce serait bien aussi.
ELLE : Dans l'absolu, oui. Mais je sais pas si je pourrais.
MOI : Moi non plus, je te rassure.
ELLE : Faut peut-être y aller progressivement ...
MOI : Un quatre-cinquième, puis un mi-temps, puis un jour par semaine et plus rien à la fin.
ELLE : Quelque chose comme ça ...

Combien y'en-at-il qui tiennent ce raisonnement ? De plus en plus, je pense. Surtout parmi ceux qui savent ce que c'est que le travail. Je ne parle pas des petits jeunes qui en veulent. Mais plutôt des gens qui ont plus de 30 ans. Qui ont déjà donné, et pour qui la vie n'est pas un désert qu'il faut meubler à tout prix.

J'ai été étonné par l'évolution d'un copain, grand bosseur devant l'éternel, se tuant à la tâche, week-ends compris, et tout ça pour des clopinettes ou presque. C'était un mystique du salariat.
Je me souviens d'une fois où il se plaignait que les serveuses de Mc Do faisaient la gueule. Je lui ai répondu que quand on fait un sale boulot, on le fait mal et que c'est bien normal. Il est monté sur ses grands chevaux en disant que je ne respectais rien, que j'étais un nihiliste, et que lui, quand il faisait un travail, il le faisait bien. Le pire, c'est que c'était vrai. Mais je lui ai fait remarquer qu'il faisait ce qu'il voulait, mais n'avait pas à ériger son comportement en règle normative. Ca s'est terminé en engueulade.

Bref. Je l'ai revu, il y a de cela un mois ou deux. Il me dit : « Plein le cul. Dès que j'ai fini de payer cet appart', j'arrête de bosser, et je vis des aides sociales ».

J'en suis resté scié.

Mais il a raison. Le problème, c'est qu'il me reste un paquet de temps avant de finir de payer mon appartement. Je me demande à combien se montera le RMI à ce moment là.

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Commentaires
M
Pas de problème, moi aussi, cadre dans cette tranche d'âge. Pognon avec (heureusement !), mais vague sentiment d'avoir foutu ma vie en l'air pour un truc inutile et malsain.
R
Découvert ton blog par hasard...<br /> <br /> Enfin quelqu'un d'honnête envers ce sacro-saint mythe du "tu travailles, donc tu es..."<br /> <br /> J'ai 46 ans, j'ai commencé à bosser à 16 (feignant au collège, déjà....) Cad'sup, je passe mes journées et même mes soirées (mais plus les week-end, je ne reçois plus mes collègues chez moi...)à exprimer ma fatigue, ma lassitude et mon ennui de faire un travail de merde même très bien rémunéré (mais il y a des contreparties : bonjour le stress!!!). Vivement la retraite !!!!
M
Des fois, je me dis que le mieux avec le travail, c'est de ne jamais commencer. Comme ça, on ne prend pas de mauvaises habitudes et on évite de culpabiliser lorsqu'on se retrouve au chômage.
D
en suivant ton raisonnement, je suis hyper mal barrée puisque j'ai jamais travaillé et j'en ai aucune envie... :) <br /> <br /> enfin, pour avoir déjà réfléchi très sérieusement, comme un sociologue, à la question, je pense que c'est moins le travail que les horraires qui me dérangent... avoir quelques activités obligatoires, c'est pas si gênant que ça mais devoir faire ces activités quand il est programmé (par l'extérieur) qu'on les fasse, c'est autre chose... le pire, c'est de se lever le matin, non le pire c'est de savoir qu'on va devoir se lever le matin (donc pas regarder la télé/végéter devant son ordino à télécharger des programmes qu'on utilisera jamais etc. etc. jusqu'à pas d'heures (c'est bizarre cette expression "jusqu'à pas d'heure")
M
Bien sûr que B'. existe :)<br /> Et j'ai de la chance, c'est vrai. <br /> Et les 300 pages, oui, il les faudrait. Mais d'un autre côté, ça a déjà été fait. Par exemple "le droit à la paresse" de Paul Lafargue (gendre de Marx, je crois) ...
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