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Mémoires d'un apathique
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20 octobre 2008

Roustons pilés

On nous les brise avec les élections américaines et on ne compte plus les blogs, sites et autres lieux d'information opportunistes consacrés à l'évènement.
Par exemple, ILovePolitics, plus soucieux d'étaler ses référencements et à pisser dans le sens du vent, qu'à s'interroger sur, justement, l'intêret que peuvent présenter ces élections pour les non-américains du nord et même pour eux. Il faut dire aussi qu'avec les pointures qui  y sévissent (une journaliste de BFM et un ex de HEC), on ne pouvait pas s'attendre à grand chose de consistant.
Ils posent pourtant une question qui peut paraître pertinente de prime abord : pourquoi les élections américaines passionnent-elles les Français ? On ne connait pas la réponse sur le site mais je peux vous la donner tout de suite : parce que les media nous gavent avec l'importance des élections américaines. Je doute que les Français (et c'est quoi les Français ? 100% des Français ? 50 % ? 10 % ? Uniquement les salles de rédactions ?) auraient écrit des lettres de protestations indignées si leurs journaux de référence n'avaient pas traité du sujet...
On a là un exemple caricatural du champ journalistique à la Bourdieu : les journalistes ne s'intéressent qu'à ce qui intéresse leurs collègues et transforme un conformisme corporatiste en une question de société. En d'autres termes : incapables d'avoir une idée de sujet, ils se pompent les uns les autres, matraquent le public et ensuite posent la question de savoir pourquoi ce public s'y intéresse.
Génial.
Soyons sympa 5 minutes et admettons que les Français se passionnent pour ces élections de leur propre chef. Reste à savoir pourquoi. Réponse probable : parce que ce qui se passe aux USA se propage dans le reste du monde comme un tremblement de terre localisé entraine un tsunami qui ravage ce qui se trouve à la périphérie.
L'idée que les élections US puissent changer quoi que ce soit dans le reste du monde ne va pas de soi. Je dis bien les élections, en d'autres termes, l'alternance démocrates/républicains. Tout le monde connait la vieille plaisanterie comme quoi la différence entre républicains et démocrates est la même qu'entre Pepsi-Cola et Coca-Cola (encore que je fasse bien la différence : Pepsi, c'est dégueulasse).
Autrement dit, quel que soit le vainqueur, la politique extérieure et intérieure des USA ne changera pas beaucoup. Et dans ces conditions, on voit mal pourquoi ça passionnerait qui que ce soit. Un auteur (US) comme Susan George ne pense pas non plus qu'une alternance change quoi que ce soit (d'une part, parce qu'il n'y a aucun projet alternatif réel chez les démocrates et d'autre part du fait du travail d'endoctrinement de la droite américaine depuis 30 ans).
Les Européens sont d'indéfectibles jobards, et je me souviens encore de l'enthousiasme (à gauche) qui avait suivi l'élection de Clinton, alors que ce dernier n'a fait qu'enfoncer les clous de Reagan durant son mandat, comme c'était prévisible (et prévu) à l'époque.
Cette jobardise doit tenir, au moins en France, au fait que l'on tient pour équivalentes les différences droite/gauche à l'européenne et républicains/démocrates, alors qu'il n'en est rien comme on peut vite s'en apercevoir dès qu'on s'intéresse un tant soit peu à l'histoire et à l'actualité de ce pays.
L'importance des USA dans le fonctionnement du  reste du monde vient de facteurs essentiellement économiques (comme on a pu le voir lors du dernier Krach boursier) : à savoir, le déficit extérieur du pays et la dette publique, tous les deux faramineux et financés par le reste du monde. 
Et il est bien certain que les démocrates n'ont aucune marge de manoeuvre, ni solution pour remédier à cet état de fait, même s'ils en avaient la volonté, ce qui est très loin d'être certain.
Et ne parlons même pas de la prééminence du dollar en tant que devise de référence.
La situation en Irak ? Les démocrates sont divisés, tout comme les républicains, entre partisans du continuons-le-combat et ceux du retrait (à plus ou moins brève échéance). La dernière option ressemblerait à un scénario à la Vietnamienne, la première ne fait que repousser une éventuelle échéance.
Obama est noir ? Ce serait une première (un président noir) qui bouleverserait les données du problème ? Si l'on veut faire un parallèle, je ne vois pas en quoi les élections successives de M. Tatcher a fait progresser en quoi que ce soit la cause des femmes. En plus, il serait temps de comprendre que ce qui est important, aux USA comme ailleurs, ce n'est pas la couleur de peau, mais la fortune (même si cette dernière est plus difficile à obtenir quand on n'est pas WASP). Le fric, toujours le fric ; le reste n'est que billevésées, comme on l'a vu lors de l'affaire OJ Simpson. Si on connaissait un tant soit peu ce pays, on saurait qu'il existe une bourgeoisie noire qui ne se sent pas la moindre affinité avec les habitants des ghettos. Après tout, Colin Powell est d'origine Jamaïcaine ; Jesse Jackson et Oprah sont noirs.
L'influence pernicieuse des think tanks ? D'abord elles tirent leur idéologie de penseurs européens (von Hayek par exemple), ensuite parce qu'elles ne disparaitront pas du jour au lendemain, ne fut-ce que parce qu'elles émargent aussi grandement chez les démocrates, qui de toute façon, comme on l'a dit ne présentent pas de différence notables avec les républicains.

Alors quoi ?
Rien.
Alors pourquoi les Français sont-ils passionnés ? J'ai déjà donné la réponse. Et de toute façon, les Français ne sont pas passionnés. Pas plus que les yankees, il suffit de jeter un coup d'oeil aux pourcentages de participation lors des  dernières présidentielles. Sans compter, j'oubliais, que le président des Etats-Unis n'est pas tout puissant comme en France, et que la Chambre des représentants et le Sénat ne sont pas nécessairement à sa botte.

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Commentaires
M
Bienvenue à bord, alors :) !
M
Jamais vu ce site mais j'ai dévoré votre post avec une jouissance indescriptible : vous formulez (fort bien) en quelques lignes ce que je pense de façon brouillonne depuis quelques semaines... <br /> <br /> Ce qui me passionne, au fond, dans ces élections, c'est surtout Tina Fey et le SNL ;-)
M
Ce qui est bien avec ce genre de site, rien qu'à voir leur tronche, c'est qu'on sait déjà ce qu'il y a dedans et on peut économiser du temps :)
Q
Par exemple, ILovePolitics, plus soucieux d'étaler ses référencements et à pisser dans le sens du vent, qu'à s'interroger sur, justement, l'intêret que peuvent présenter ces élections pour les non-américains du nord et même pour eux. Il faut dire aussi qu'avec les pointures qui y sévissent (une journaliste de BFM et un ex de HEC), on ne pouvait pas s'attendre à grand chose de consistant.<br /> -----------<br /> Entièrement d'accord, j'ai longuement parcouru ce blog/site une de ces nuits d'errances...
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