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Mémoires d'un apathique
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19 juin 2008

Journée bricolage

Un lever gracieux, couilles fermement grattées, juste avant de me saisir du croissant que mon esclave femelle me tend d'une main languide. Car, les femmes enceintes, je les envoie chez le boulanger à des heures indues pour avoir mon content de lipides dès potron-minet. Elles transpirent, ahanent et soufflent dans l'escalier, mais quelle n'est pas leur joie quand je leur accorde un regard de remerciement depuis ma couche.

C'est journée bricolage. Le temps de manger le croissant, de me rouler dans les miettes comme le phacochère dans sa boue, de discuter le bout de gras avec le baleinoptère gravide, de proposer plutôt demain mais ça ne marche pas, de chercher un slip propre, deux chaussettes - a peu près - identiques et pas trop sales, de reproposer demain mais toujours ça ne marche pas, et nous voilà partis tels des gerfauts hors du charnier natal, en direction du BHV.

Point 1 : Le mécanisme des chiottes est cassé. Une donzelle avait raconté sur son blog qu'elle avait pleuré sa race de féministe contrite pour avoir du appeler un plombier, incapable de faire face à l'extension du marécage au pied de la faïence. Je pourrais le faire, moi. Fastoche. Tout seul, avec mes petites mains. Tu changes l'intégralité du mécanisme et c'est basta. Vite fait, bien fait, à condition de ne pas oublier de couper l'arrivée d'eau. Mais, en ce qui me concerne, c'est différent : j'ai décidé de réparer le dit méchanisme, ce qui n'est accessible qu'aux ninjas à partir du niveau 6. Les maitres du feu, de l'acier et du polyuréthane, les Immortels à la clé de 12 m'ont murmuré depuis leur Olympe et durant mon sommeil une possible solution.

Point 2 : Les portes du placard ne coulissent plus. Quand je veux, par exemple, prendre une chemise, j'agite un peu la porte jusqu'à ce qu'elle me tombe dessus, je la rattrape au vol et la dépose délicatement sur le sol, j'extrais de son logement l'objet de mon désir, puis ramène la porte dans une position vaguement verticale en forçant un peu pour qu'elle ne s'abatte pas derechef sur moi. Ce n'est pas une vie (encore que j'utilise assez peu de chemises), et j'ai diagnostiqué une usure du rail (sur lequel les portes via des roulettes coulissent etc).

Le point 1 ne m'a posé aucun problème, c'était même trop facile et ç'aurait du me mettre la puce à l'oreille. Pour le reste, on a fait les 6 étages du BHV qui est très grand, très plein de gens qui ne foutent rien de leur journée et désespérément vide de tout rail de guidage pour penderie ou autre. Tout le monde semble savoir où ils se trouvent et lorsque l'on suit les indications aussi nombreuses que contradictoires, on arrive au rayon des nounours en peluche, des soutien-gorges affriolants ou des accessoires pour loisirs créatifs qui font peur.

Alors on va à Leroy-Merlin où l'on nous raconte que ça ne se vend pas séparément, pas cons les fabricants nous explique un vendeur qui en a là-dedans et on est bien obligé d'admettre qu'il en a là-dedans et nous, bien profond, mais ailleurs.
On change alors notre fusil d'épaule, et on opte pour le plan B : on vire les portes et on remplace tout par un rideau. Moi, toujours kitsch, je voulais des rideaux de douches en vrai plastique translucide avec des vrais motifs de rideaux de douche, hippocampes multicolores, étoiles de mer phosphorescentes, blondes à forte poitrine à côté d'un pêcheur qui dit C'est des appâts comme ça qu'il me faudrait (non, c'est plutôt pour les cartes postales, en fait) ou petits poneys roses. Mais aucun ne fait plus de deux mètres de haut.
Larmes et éviscérations de rage.
On se rabat donc sur du tout-venant moche, après tout, je ne vais pas dissimuler mes chaussures et chemises douteuses derrière du tissu à 200 euros le tronçon. Plus pour soutenir tout cela, la tringle (rouge) de 2.50 mètre. Et l'on se retrouve à la caisse, devant une jeune femme, assez jolie, qui fait ça pour gagner de l'argent et pas parce qu'elle en a rêvé depuis qu'elle est toute petite. Je trouve ça injuste, évidemment, comme tous ceux qui s'émeuvent de voir même une ébauche de joliesse derrière les barreaux d'une cage. En d'autres termes, si c'était un thon, elle serait à sa place à expier une faute commise dans une vie antérieure. Tout ceci me fait penser que toutes les religions ou apparentées, laïques ou non, ont eu à coeur d'expliquer la merde dans laquelle pataugent certains en invoquant les existences précédentes, la prédestination, le talent, la lignée ou n'importe quoi d'autre qu'un lecteur du Point puisse comprendre. Imaginez un peu qu'on avoue que c'est pas de bol, et complètement injuste ; ne resterait plus que les fusils pour contenir la colère. Et la guerre civile, c'est pas marrant tous les jours.
Mais tout cela n'a fait que me traverser l'esprit et fort opportunément je demande à la caissière combien ça fait et, oui, je paie en CB. Puis, à la cantonade (je parle parfois assez fort pour foutre la honte à qui m'accompagne), je fais remarquer à mon amie la baleine que la tringle ne va jamais rentrer dans le métro. Pas verticalement, en tout cas, et horizontalement, ce sont des énucléations en série assurées. L'employée du mois me donne raison. Ca va être trop chaud, dit-elle avec ce franc parler banlieusard dont on fait les films de Besson. Mademoiselle, on voit bien que vous n'êtes pas la moitié d'une conne, vous non plus, cher chauve porteur d'une carte gold, vous allez vous faire haïr, ajoute-t-elle à la future mère qui insiste, mais de toute façon tout le monde hait tout le monde dans le métro, comme quoi, pour les réflexions sur la condition humaine, pas besoin d'acheter le bouquin de mémoires d'un ancien ministre incompétent dès son cours préparatoire.

Comme c'est vraiment trop loin pour rentrer à pied - enfin moi, les sept mois sur pieds prenant de toute façon les transports en commun, on descend les escaliers qui y mènent, au métro. Mais c'est madame qui porte la tringle : on hésite à frapper une femme enceinte, même si elle vient d'éborgner le petit dernier.

Le voyage s'est déroulé sans le moindre incident.

 

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Commentaires
M
Bien joué Callaghan ! Il s'agit effectivement de second degré...
N
Le second degré.<br /> ou du moins ce que je perçois comme du second degré :)<br /> bises
M
C'est gentil, merci. Et qu'est-ce qui vous plait particulièrement dans le genre ?
N
J'adore lire des textes comme ça.
M
Ma chasse d'eau est aussi assez particulière : c'est en fait un poisson-lune qui dégorge l'eau qu'il a absorbé lorsqu'on le chatouille sous les aisselles via le bouton. Lorsque ça marche plus, c'est que le poisson-lune est malade et il faut alors lui donner alternativement des granules et lui enfiler des suppos pendant 1 semaine en le gardant sous une couverture chauffante. Elle est pas facile du tout à réparer ma chasse d'eau. C'est un truc d'homme, quoi ...
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