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Mémoires d'un apathique
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19 mars 2008

A l'oral

On trouve parfois quelque part dans les interstices du réseau des posts plein d'intelligence. Comme celui-ci (certes un peu longuet, car pro domo), qui, de fait, est la suite de cet autre, encore plus fin, si cela est possible. Il faut dire que ce dernier discute entre autres, des vertus comparées de la virgule et du point-virgule, ce qui réveille en moi un lyrisme en général soigneusement dissimulé.

Pour être honnête, je suis surtout impressionné par, disons, le courage, de la narratrice qui est allée réciter ses textes en public. Je suis toujours impressionné par les gens qui font ce que je suis absolument  incapable de faire.  Particulièrement lorsque le quelque chose en  question prend la forme d'un cauchemar. Pas de pire horreur que de m'imaginer récitant un texte (quelle qu'en soit la qualité) devant un public, choisi ou non. Me mettre à bramer à haute et intelligible voix le discours sur la servitude volontaire dans une rame de métro fait aussi partie de cette catégorie d'évènements qui me plongent à l'avance dans une terreur abjecte. Et abjecte, ici, n'est pas juste pour faire joli.

Déjà, pour commencer, je suis légèrement bègue, ce qui suffit d'emblée à me disqualifier pour ce type de performance. En plus, comme si ce n'était pas suffisant, j'ai une  voix remarquablement  plate, monocorde, nasillarde et  désagréable au final. Je déteste ma voix, que, par bonheur, je n'entends que fort rarement.
J'en ai fait encore l'expérience, puisque qu'évidemment, fasciné par ces deux textes, j'ai presque immédiatement décidé de  passer l'épreuve du sonore. Chez moi, s'entend, avec un magnétophone.
J'ai repris un de mes textes.
C'était dimanche.
Catastrophé, j'ai tout laissé en plan.
Depuis dimanche, les waves trainent sur mon disque dur. Je les ai écouté deux ou trois fois, et j'ai bien regretté que mon PC ne possède pas une sorte de gouffre sans fond en plus de la corbeille.
Le narcissisme flagellatoire  étant ce qu'il est, vous avez droit, évidemment, à un petit extrait du désastre. Essayant de lisser ce dire ânonné, j'ai bien tenté de le noyer dans une ambiance sonore vaguement noisy-underground, ce qui est une solution lâche et peu satisfaisante.

Je suppose qu'elle y a pensé toute seule, mais il me semble qu'un texte écrit n'a pas à être récité. Il n'est pas conçu dans ce but, mais pour l'auditorium désert de sa propre conscience (ou de celle de quelqu'un d'autre). A contrario, le texte récité doit avoir été écrit spécifiquement dans cette optique. Je sais bien que Flaubert pratiquait l'épreuve de l'oral, mais rien ne prouve qu'il ait eu raison : son talent d'écrivain est peut-être indépendant du passage au gueuloir ...

 

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Commentaires
M
Non, c'est vrai, je me suis retrouvé après deux lignes de tapées, complètement incapable de continuer. Je l'ai bien fait mais sans arriver à dire ce que je voulais dire. <br /> Ce que tu as fait.<br /> Donc, merci.
C
Ou bé pour une fois... :)
M
C> Bon, c'est à ton tour d'exprimer parfaitement ce que je n'ai pas su dire (j'ai tellement ramé sur ce post).<br /> <br /> PJ> Non, rien à voir : la musique a été faite à part, et la voix mixée dessus. Ca tombe bien, c'est tout.
P
Tu as rajouté la rythmique après, ou tu as récité par-dessus ? Parce que ça tombe assez bien, quand même...
C
Toujours eu du mal avec les lectures de textes, en tant qu'auditeur je veux dire. Pas encore lu les textes en lien, mais lorsque je les lirai, ce sera une petite voix dans ma tête qui déroulera le texte, d'où l'intérêt de la ponctuation, difficile de lire en apnée n'est ce pas? Pourtant ce qui fait l'intérêt de l'écrit c'est la complexité, la possibilité de mettre en mots tout ce qu'on mettra pas en haussements de sourcils, en fixité ou mobilité du regard... et donc la lecture nécessite que l'on prenne son temps propre pour dérouler le texte. Déroulé par quelqu'un d'autre, ça donne un truc un peu bâtard, ni oral ni littéraire.. je sais pas comment dire, mais ça m'a jamais botté. Je préfère les raconteurs d'histoires, qui jouent avec leur public que les lecteurs.
Mémoires d'un apathique
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