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Mémoires d'un apathique
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15 octobre 2007

Le chat et la Joconde

A l'adolescence éclosent les questions profondes. Gonflées de cette profondeur un peu niaise censée agiter le monde des adultes et qui emplit les sectes.
D'évanescentes réflexions sur le  sens du sens ou les causes premières dérivent  de pesantes interrogations pour pochettes surprises qui enthousiasment les jeunes esprit par leur parfum, disons, ontologique.
C'est l'âge où l'on confond le pontifiant (c.a.d un mélange de ringard, de ridicule et de bas de gamme) avec l'impondérable et l'hors d'atteinte.
Ce qui est plus inquiétant, c'est que cette attitude peut persister avec l'âge (et par exemple animer les différents ministres de la Culture et d'ailleurs au final ministres tout court). Mais ce n'est pas le sujet.
Une des questions que nous nous posions mutuellement était la suivante : si je me trouve pris dans un incendie avec la possibilité d'en sortir en sauvant soit la Joconde, soit un chaton, que choisirais-je de faire ?
Le MC prenait alors un air mystérieux et quelque peu supérieur en attendant notre réponse.
La bonne réponse c'était évidemment la Joconde. C'était de l'art. On avait beau protester que la scénario n'avait pas de sens, qu'il y avait une chance infinitésimale pour qu'on puisse se retrouver un jour dans une situation pareille et que, de toute façon, si l'on pouvait arracher l'un à la mort, on pouvait aussi faire de même pour l'autre, il fallait faire un choix, c'était adulte de prendre des décisions, c'était un engagement, ce n'était pas pour rien qu'on se farcissait les mains sales en classe.
Il est possible qu'il y ait eu là une volonté d'endurcissement, un pretexte pour apprendre l'importance des hallucinations collectives qu'on appelle des valeurs, et qui font qu'il est préférable de laisser dans le feu un animal plutôt qu'un cadre en bois recouvert de pigments.
Et de se préparer aussi à la prégnance des fausses problématiques du monde des grands, qu'elles soient déversées par la télé ou expectorées en fin de soirée, après moults alcools, pendant le ballet final du sens de la vie.

Puisqu'il paraissait évident que le chaton était offert en holocauste à la grandeur de l'Art, je me suis demandé au final quel était l'acte le plus sacrilège :

  • Faire bruler une aile du Louvre (disons la peinture flamande du XVème siècle) : destruction d'art ancien et reconnu.
  • Idem pour quelques salles de Beaubourg (disons une rétrospective Y. Klein) : destruction d'art contemporain plus ou moins reconnu (suivant les publics)
  • Idem pour une galerie d'art contemporain (au sens strict du terme) : destruction d'art actuel dans toute la fragilité de son éventuelle absence de reconnaissance.

La réponse ne va pas de soi ...

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