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Mémoires d'un apathique
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4 octobre 2007

Speciale dédicace

Ils viennent de faire l'amour. Ils s'enfoncent dans la torpeur de la depression. Au sens météorologique du terme. Leurs paroles ont le débit mollasson et pâteux du junkie, ils s'échangent des mots doux, des petits noms ridicules, lapin pouf, groupignou, un spectacle véritablement obscène pour un observateur qu'ils n'auraient de toute façon pas laissé s'installer  dans la pièce. La honte qu'inspirerait la vision d'un mamifère adipeux et repu.

Ca craint, la pleinitude, vue de l'extérieur.

Sur son cou, une marque de morsure, un léger hétatome sur l'avant bras. Lui, s'est donné un coup de tête dans le mur, tout à sa furor. On n'est pas passé loin de la crise de rire. Sur son visage, des traces, au sens chimique du terme. Traces de ses doigts à lui, des extrémités de ses phalanges, caresses alternées avec les éclats de manducation.

Elle a joué la passivité, cette fois-ci. Ca été sa volonté, sa pièce, son attitude ce soir là. Rien demandé, tout reçu. Lui, rien demandé, rien reçu. Don, sans contre-don. C'est du luxe, du pluxe, la cerise et le gros gateau à la crème. Tie-break des pairs, non pas un contre un, mais un pour un. Jeu à somme non nulle.

Plus tard, ce ne sera pas la clope, mais l'envie de sucré, des finger blancs, pour lui, et des pepitos pour elle. Descente nocturne chez l'arabe, avec le foutre qui lui coule le long des jambes. Ca l'agace un peu, mais pour rien au monde, elle ne se serait essuyée. Lui, bite flasque et irritée, directement dans le pantalon, sans sous-vêtement, ce qui n'est pas l'idée la plus brillante qu'il ait eue.

Oh, bien sûr, un jour, c'est écrit dans les livres, ils se lasseront, et les séances d'accouplements parfaits s'espaceront. Et ne seront plus parfaites. Ca peut avoir quelque chose de rassurant, ce genre de considérations. Moins, si l'on envisage que transformation ne rime pas forcément avec déchéance. D'autant que ça fait un moment qu'ils s'essaient à la pratique duelle du concave et du convexe, et qu'ils ont trouvé des routes ondoyantes et mal défrichées, chemin faisant.
Et puis, bon, certes, un jour, ils mourront, des bestioles dégoutantes grignoteront leurs corps perissables. C'est leur terreur intime, à chacun d'eux, personnellement. Pas non plus de quoi en faire un fromage. Pas dans ce brouillard d'humeurs mélées.

Spéciale dédicace à gc, dans mon cas, version Petite maison dans la prairie.

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Commentaires
M
Dans ce cas, merci pour le compliment.
C
Dans ce cas tu as réussi ton coup. (Et entièrement d'accord pour le glauque comme équivalent, en négatif, de la guimauve.)
M
En fait, il y a un message sous-jacent. L'attitude "la chair est triste et j'ai lu tous les livres" est de mon point de vue un négatif de guimauve, donc in fine de la guimauve. Et, effectivement, l'exercice de style était de parler de sexe sans faire de la guimauve (positive ou négative) et sans non plus être chichiteux, comme dans 99% de la littérature "érotique".
C
Mh, c'est drôle, parce que moi en lisant, ma première réaction a été, ah, enfin quelqu'un qui est capable de parler de sexe sans faire un truc plein de guimauve mièvre.
M
Et c'était pas prémédité, hein (puisqu'écrit en avance).<br /> <br /> Sinon "romantique de la bite", j'aurais pas dit ça, mais bon ...
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