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Mémoires d'un apathique
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20 août 2007

Un dimanche sous le signe du savoir

Dimanche 13 heures. Les boreks nous plombent tous les deux et j'insiste lourdement pour que mon oreiller à yeux bleus reste sous ma tête plutôt que d'aller faire des trucs insensés dans la cuisine (genre : ranger). Comme elle a décoré ses chiottes de cartes postales de divinités hindoues (représentées  dans le style très virulent de la couleur locale), je lui en cause histoire de meubler une conversation qui va doucement vers l'extinction, puis vers un sommeil fatal. Yo, ma fille, tu le connais Brahma ? Ah que non, mon aimé, point je ne le connais. Mais si (voyons), le zig quadrigueulé.

Bref, de fil en aiguille, elle m'apporte la Bhagavad-Gita, commentée par le guru Robert Dusapin (en moyenne, compter 50 lignes de commentaires par verset). Je lui dis (à l'oreiller à yeux bleus) : Histoire de nous distraire, récitons un brin, je fais Krishna et toi Arjuna. Trop bien. Et culturel, par la même occasion. Ca me semblait une bonne idée : Arjuna fait que causer tout seul au début, il se plaint, maugrée, râle, se lamente, est-ce bien raisonnable de se lancer dans une bataille pareille, qui va faire tant de morts, même si ce sont des coquins. Moi, je m'imaginais que le Krishna (8ème avatar de Vishnu comme vous le savez tous) allait juste y aller de son petit mot d'encouragement et laisser l'intégralité du speech au combattant. Que nenni, que nenni. Une fois qu'Arjuna nous a expliqué que la guerre gross malheur, Krishna développe la doctrine du Brahman, à la fois ni engendré, ni non-engendré, et de la voie ad hoc (je résume), et le boxing guy se contente de temps à autre d'expliquer qu'il n'entrave pas tout, pretexte à une nouvelle glose. D'abord ça commence par la permanence du Soi ; de toute façon, les méchants d'en face vont mourir et renaître, ce ne sont qu'habitacles du Soi, tu peux y aller fiston, c'est pas grave, ça reste dans l'ordre des choses. Etonnant qu'à Nuremberg, les accusés n'aient pas adopté ce système de défense. B'. approuve. Arjuna, lui, reste un peu sceptique. Je continue : Et puis, garçon, tu es kshatriya, guerrier, et il n'y a rien de plus élevé que d'accomplir son devoir. Tue les tous, Brahman reconnaitra les siens.

Là, je commence déjà à haleter à tenir sans cesse le crachoir, et B' s'ennuie un peu, le jeu des acteurs étant peu équilibré. Ca continue sur des points de doctrine légèrement gavants (mais certainement très honorables, en particulier parce que ça permet de justifier le système des castes). Après on arrête, j'en ai ma claque, et puis c'est l'heure d'aller au ciné. Au passage, B'. m'apprend que le Christ et Mahomet seraient des avatars secondaires de Vishnu. Depuis je cherche la liste des avatars scondaires. Sans succés.

Beaucoup plus tard, lors de la commande du kebab : un vieux se pointe et explique au serveur-découpeur de viande qu'il a des viagras et qu'il peut lui en fournir. Son interlocuteur renacle et lui répond qu'il a lu dans Le Parisien que pas glop le viagra. L'autre, indigné, mais non pas du tout, c'est cool, ça marche du feu de dieu. J'hallucine, ce qui permet au serveur de verser une nappe de sauce blanche sur les frites sans que j'ai le temps de réagir.

Extinction des feux.

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