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Mémoires d'un apathique
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2 mars 2007

Le pays et le vieil homme

29

Ca fait partie des questionnaires qui tournent in da blogosphère. Ca dit : Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne. Ah ouais, d'accord. Ben moi, c'est « Oh, Malko, mais vous êtes monté comme un âne » susssura la pulpeuse Samantha.

Cette pétillante introduction pour vous informer que, moi, je lis de bons livres. Pas Da Vinci Code meets Angot at Ok Corral. Naan. De vrais livres écrits par de vrais gens et pas par des logiciels d'intelligence artificielle paramétrés par des marketeux et des directeurs des ventes.

Tenez, par exemple, le dernier Cormac Mc Carthy. Je croyais qu'il était mort. En fait, non. Certes ça ne vaut pas le monstrueux Méridien de Sang. Dont on pourrait faire un film tout aussi monstrueux. Qui, il est vrai, rappellerait peut-être, de manière un peu génante, La horde sauvage.

C'est étonnant. CMC n'a plus rien à démontrer, plus rien à prouver. Pourtant, il s'est mis à l'ouvrage et a pondu ... Un polar. Ni plus, ni moins. On ne verrait pas ça en France : un écrivain connu, couronné par des prix prestigieux, censé oeuvrer dans la vraie littérature, qui se met à écrire un polar. Et pas sous forme d'un pastiche, d'un sac à références ou d'un pretexte. Non, un vrai polar, avec l'application et le sérieux de l'artisan. CMC en fait d'ailleurs presque un peu trop, nous détaillant à loisir les caractéristiques des lunettes de visée.

Il faut dire que le polar français, c'est redoutablement mauvais en général. Littéraire. Dans le pire sens du terme. Je me souviens d'une phrase : la nuit tombait. Drue. A ce moment, j'ai stoppé net la lecture, déjà pénible, et ai balancé le bouquin par terre. Une écriture de pion.

Donc CMC s'applique. Une écriture sêche, bien éloignée de celle, fort lyrique, de Méridien. Une histoire policière, presque basique : les tueurs, les traqués, les flics. Le tout rappelant les premiers Crumley. Même si en définitive, CMC triche un petit peu avec les lois du genre puisque l'énigme se resoud au 3/4 du livre. Une incartade vénielle.

Oui, je sais, je l'ai dit 100 fois. Mais je le redis : la meilleure littérature vient des USA. Parce que contrairement à la France, le simple fait d'écrire ne vous désigne pas comme élu de Dieu. Au contraire. La critique n'encense pas systématiquement n'importe quel torchon imprimé. Ecrire n'assure pas un statut prestigieux du simple fait d'aligner des mots.
Ce sont des conditions paradoxalement favorables à l'émergence d'une littérature de qualité.


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Commentaires
M
Oui, mais moi les complots, ça me fatigue. Et dans le genre Amérique des barges, je préfère Palahniuk ...
M
C'est American tabloïd. C'est vrai que les personnages sont odieux. Mais je trouve pas ça risible. Je trouve ça jouissif cette représentation de l'Amérique dirigée en sous-main par une bande de barges. C'est jouissif car finalement c'est infiniment réaliste.
M
Ok, on est d'accord. L'idée générale, c'est que les N meilleurs auteurs US (quelque soit le genre) sont infiniment supérieurs aux M meilleurs auteurs français. Avec N infiniment plus grand que M. <br /> Disons que même le moins bon des auteurs US de la tranche supérieure a du mal à trouver un équivalent en France, même dans le dessus du dessus du panier. <br /> <br /> Bon exemple, Fred Vargas de ce qu'est le polar français. Mais j'ai lu pire en fait, in da french country.
A
>memapa<br /> <br /> Non les auteurs US de qualité moyenne écrivent des thrillers ou de la fantasy et c'est mauvais au point d'être illisible. Mais la littérature de genre, dans son 5% de meilleur est effectivement bien meilleur que le 5 centile supérieur français (comparer Fred Vargas et Joe R. Lansdale, par exemple). Les bouquins de Manchette font exception, comme tout ce qu'il a pu écrire sur le polar d'ailleurs.
M
Monerzia> Je ne l'aime pas trop. Le coté noir c'est noir et j'en rajoute encore une couche me fatigue un peu. Le dernier que j'ai lu (et je ne me souviens meme plus du titre) mettait en scène des personnages tellement odieux que c'en était risible sur fond de délire complotiste (les vrais assassins de JFK éliminent les témoins).<br /> <br /> Aboli> L'idée aussi c'est que même les auteurs US de qualité moyenne (les auteurs de polars voire de best-sellers) sont d'une qualité telle qu'ils enfoncent les auteurs français de "grande" littérature.
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