Le pays et le vieil homme
Ca fait partie des questionnaires qui tournent in da blogosphère. Ca dit : Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne. Ah ouais, d'accord. Ben moi, c'est « Oh, Malko, mais vous êtes monté comme un âne » susssura la pulpeuse Samantha.
Cette pétillante introduction pour vous informer que, moi, je lis de bons livres. Pas Da Vinci Code meets Angot at Ok Corral. Naan. De vrais livres écrits par de vrais gens et pas par des logiciels d'intelligence artificielle paramétrés par des marketeux et des directeurs des ventes.
Tenez, par exemple, le dernier Cormac Mc Carthy. Je croyais qu'il était mort. En fait, non. Certes ça ne vaut pas le monstrueux Méridien de Sang. Dont on pourrait faire un film tout aussi monstrueux. Qui, il est vrai, rappellerait peut-être, de manière un peu génante, La horde sauvage.
C'est étonnant. CMC n'a plus rien à démontrer, plus rien à prouver. Pourtant, il s'est mis à l'ouvrage et a pondu ... Un polar. Ni plus, ni moins. On ne verrait pas ça en France : un écrivain connu, couronné par des prix prestigieux, censé oeuvrer dans la vraie littérature, qui se met à écrire un polar. Et pas sous forme d'un pastiche, d'un sac à références ou d'un pretexte. Non, un vrai polar, avec l'application et le sérieux de l'artisan. CMC en fait d'ailleurs presque un peu trop, nous détaillant à loisir les caractéristiques des lunettes de visée.
Il faut dire que le polar français, c'est redoutablement mauvais en général. Littéraire. Dans le pire sens du terme. Je me souviens d'une phrase : la nuit tombait. Drue. A ce moment, j'ai stoppé net la lecture, déjà pénible, et ai balancé le bouquin par terre. Une écriture de pion.
Donc CMC s'applique. Une écriture sêche, bien éloignée de celle, fort lyrique, de Méridien. Une histoire policière, presque basique : les tueurs, les traqués, les flics. Le tout rappelant les premiers Crumley. Même si en définitive, CMC triche un petit peu avec les lois du genre puisque l'énigme se resoud au 3/4 du livre. Une incartade vénielle.
Oui, je sais, je l'ai dit 100 fois. Mais je le redis : la meilleure littérature vient des USA. Parce que contrairement à la France, le simple fait d'écrire ne vous désigne pas comme élu de Dieu. Au contraire. La critique n'encense pas systématiquement n'importe quel torchon imprimé. Ecrire n'assure pas un statut prestigieux du simple fait d'aligner des mots.
Ce sont des conditions paradoxalement favorables à l'émergence d'une littérature de qualité.