Départ
Elle est partie. Pas pour de rire ; elle a ramené mes affaires, nous nous sommes rendu mutuellement nos clefs. J'ai été effondré le premier soir ; depuis je suis, non pas indifférent, mais comme apathique. Je suppose que je ne réalise pas vraiment. Une rupture d'une telle ampleur me laisse comme creux. Vide qui commence toutefois à être troublé - après si peu de jours - par un sentiment d'absence qui va grossissant. Je ne sais pas. Si je dois souffrir, si je dois être et surtout comment. Se coucher et attendre ? Probablement pas. Mais faire comme si rien ne s'était passé est encore plus ridicule.
Bien sûr, tout cela est du à une trahison de ma part. Inexcusable. Non, il ne s'agit pas d'une histoire de coucherie, bien que c'eut pu être une raison légitime. C'est, je le pense, bien plus grave. D'autant que j'étais prévenu. Et puis comment pourra-t-elle me croire, plus tard, s'il y a un plus tard. Bien sûr un résultat d'analyses pour marquer le coup. Mais j'ai peur d'avoir introduit le loup du soupçon dans la bergerie. Mais je crois à la possibilité d'un retour. Je suis bien forcé d'y croire ; sinon à quoi bon ?
De quoi pourrais-je me plaindre ? Et à qui ? Attendre que le travail de drain ait cessé ; apprendre à remplir le vide qui s'étend en moi ; trouver le courage de la rappeler. Mais d'ici là, rester sobre ; l'objectif est simple : tenir un mois. Au moins. Ce qui n'a rien de difficile, j'ai déjà fait bien pire. Presque aisé, si je considère ce qui est en jeu. Le tout est de ne pas céder aux sirènes de l'accablement. Pas très évident, mais je pense pouvoir y arriver.
Donc tenir. Tenir avec l'espoir qu'elle m'accepte encore. Ou qu'elle n'ait pas choisi un autre dans l'intervalle. Je me foutrais des baffes devant tant de bétise de ma part. Mais avouons-le : sa réaction est à la hauteur de l'admiration que je lui porte et qui n'a fait que croître. Tenir pour elle, tenir pour cette merveille qui était encore à mes côtés il y a moins d'une semaine ...