A poil Noël !
Comme chaque année à la même
époque enfle le chœur de ceux qui râlent que ras-le-bol-de-Noël, de courir pour
les cadeaux, fête de la consommation, du cholestérol et tout ça.
Comme chaque année, les mêmes
vont protester un petit coup puis avouer que, finalement, Nowel ils vont le fêter.
Cause que les enfants.
Ou la Famille.
Et autres excuses à deux
balles par sacs de 50 kilos.
Ben, moi, j’irai pas. Pour
commencer, ça se passe chez la sœur de ma belle-sœur. Et je me coltine déjà une
famille ; c’est pas pour me farcir celle des autres.
Personnellement, la fausse
convivialité de cette journée d’amour, ça me prend à la gorge. Quand on joue à
la famille unie à s’offrir des cadeaux dont on n’a rien à foutre à des gens qui
sur le fond ne le mérite pas.
Quand j’ai eu mon frère au téléphone
pour les phases préparatoires, ça m’a déjà gonflé. Il est commercial, mon
frère. Et je ne saurais jamais s’il l’est devenu du fait de ce qu’il est ou si
c’est à force de pratiquer ce métier de connard qu’il a pris cette insupportable
façon de parler, comme si j’étais un client potentiel, et que, copains comme
cochons, il essayait de me fourguer une daube quelconque à l’issue d’un repas
bien arrosé. Ou comme s’il était entraîneur d’une équipe de foot chargé de
regonfler le moral des troupes.
Quant aux parents, ils ont
tapé leur crise quand je leur ai dit que niet, je préférais regarder la
retransmission de la messe de minuit au chaud, tout seul chez moi. Leur crise,
parce que je faisais quelque chose qui ne faisait pas, que je rompais un
pacte social. Que va penser la belle-famille ? Que vont penser les
voisins ? C’est ça l’amour pour ses gamins : un truc qu’on
mime parce qu’on vit dans une société où on doit aimer ses enfants. C’est
comme ça, c'est dans le contrat. Ce qu’ils aiment, ce n’est pas tant leurs enfants que le fait de
montrer qu’ils les aiment. Alors faire la fête obligatoire durant laquelle tout
le monde joue son rôle et ruisselle d’amour feint, très peu pour moi ;
après tout, ça fait plus de 40 ans que je crache au bassinet.