Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mémoires d'un apathique
Archives
2 août 2007

Le son de Dieu

C'est l'été pourri. Celui de tout de suite, là maintenant. Il pleut donc. Et je suis en terrasse. Couverte, la terrasse, protégée par un toit de tissu rayé, sinon, con, je ne serais pas en terrasse, mais à l'intérieur. Et si je suis là, c'est bien à cause de l'averse, parce que moi, les cafés, même en terrasse, ça m'emmerde. Les sièges sont durs, et je n'ai même pas de bouquin, et puisque les sièges talent mes fesses, je ne le lirai de toute façon pas. En résumé, je suis en terrasse et c'est par accident ; j'attends que les élements me deviennent plus cléments.

Ca se termine doucement ; ne reste bientôt au dessus de moi que l'auvent gorgé d'eau qui s'égoutte lentement. Et comme la circulation est faible, j'entends ce bruit de sucion. Plutôt l'inverse de la sucion, une régurgitation, disons, mais le mot évoque plus une gerbe douloureuse que ce calme dégonflement d'éponge. Comme la mer qui se retire de la grève, mais dans sa version limace ; imaginez qu'on ait artificiellement ralenti la BO. Je reste les yeux dans le vague, tout ouie. Je vogue, tranquille, sur d'évanescentes images informulées ; pensées amorphes puisées quelque part dans l'infra-conscient. Agréable, langoureux, anti-productif.

« C'est le son de Dieu  ! »

Un allumé vient de m'adresser la parole et je sursaute,  comme à chaque fois qu'on m'arrache à mes rêveries.  Un authentique allumé. Pas vraiment le physique de Jesus-je-vous-aime-tous, plutôt propre sur lui, mais avec ce regard de celui qui sait, qui a vu le messie, qui connait l'ur-langue, qui a trouvé le mouvement perpetuel ou qui décrypte le monde à l'aide de la Tradition oubliée de l'Hyperborée. Le genre à fonder des sectes ou des confréries de quidams à la masse.

« Le son de Dieu ; il nous parle, maintenant, comme après chaque averse »

Gotverdom ! Mais pourquoi c'est toujours sur moi que ça tombe ? Et puis, que voulez-vous donc répondre à ce genre d'assertion ? Un Mais non, pas du tout, tocard, le son de Dieu, c'est quand les pissenlits sont soufflés par un petit vent et que la peluche se disperse ? Un Dégage, j'ai déjà donné, et ma nana s'est tiré avec le gourou en vidant le compte en banque ? Non. De toute façon, il ne faut pas me prendre au dépourvu, ça me traumatise, je deviens aussi brillant qu'un hamster à un cours du collège de France. Pas vraiment le sens de la répartie, ce garçon.

« Ah euh, ouais, d'accord ... C'est cool ... »

Nul.

Voyant que je ne suis pas vraiment le disciple attendu, le mec se tire après un sourire trop radieux pour être honnête, et commence à baratiner une charmante, elle aussi en terrasse, et que j'avais repéré. Parce qu'elle est charmante, justement. J'observe. Et je suis vert. Elle est tout sourire, l'écoute, l'invite à s'assoir à sa table, et ça vire fissa à la drague légère et de bon goût sous mes yeux médusés. Les croyants emballent-ils tous avec cette facilité déconcertante ?

Je suis (donc) vert. Et de plus en plus ...

Publicité
Commentaires
Mémoires d'un apathique
Publicité
Publicité