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Mémoires d'un apathique
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4 mars 2007

Vive lui !

Bon, on est allé voir Le Direktor. De Von Trier. Qui est le meilleur film que j'ai vu depuis Les Idiots. Qui était le meilleur film de ces 10 dernières années.

Quand on est ressortis de là, on était comme ... rafraichis ... Surtout qu'on s'étaient tapé un 1/4 d'heure de bande-annonces de films dramatiquement français, de la pure qualité France, à la Berri, avec des histoires d'ados à problème parce que c'est dans le move en ce moment et que ça risque de ne perturber personne, le genre de sujet piochés dans Psychologie-Magazine.

Rafraichis parce que, comme d'hab', Von Trier, fait ce qu'il veut comme il veut, et ce faisant démontre avec une facilité déconcertante que ce qui parait être des évidences ne sont que des codes narratifs, arbitraires, des conventions,  et donc susceptibles d'être dynamités. Quand le cinéma ressemble de plus à plus à la télé à la satisfaction bruyante des eunuques de tous poils, il casse la jolie machine à ronronner, non pas parce que ce serait révolutionnaire, mais parce que sinon il se fait trop chier. Et nous aussi. Alors ça donne un film hallucinant à voir, où d'un plan à l'autre, la luminosité et la dominante de couleurs changent, le son aussi, le tout monté au hachoir, multipliant les faux faux raccords (double négation, hein), sans compter les interventions de Von Trier qui explique les tenants et aboutissants, avec une sorte de distance et ironie qui contrastent avantageusement avec le naturalisme laborieux de rigueur. Bref, ce qu'il ne faut jamais faire. Ce qu'on apprend à ne pas faire à l'école. En réalité, ce qu'il faut faire. Ce qu'il faut faire, parce que sinon, irréversiblement on verse dans le cinéma moutonnier, auto-satisfait, où les gens du cinéma se branlent mutuellement pour désigner celui qui recevra le Cesar cette année, c.a.d le film présentant le moins d'intêret de tous les temps. Bon, j'exagère. Disons le truc moins exitant de ces 12 derniers mois.

En plus, pour le même prix, c'est une comédie drôle. Je veux dire : qui fait rire. Avec cette espèce d'humour scandinave à froid que l'on retrouve par exemple chez un Kaurismaki. Un peu le contraire de Rires et Chansons. Qui fait rire, quoi. Avec, cerise sur le gateau, un vrai sujet, de vrais acteurs, des dialogues merveilleusement ciselés qui donnent faussement l'impression d'être improvisés, et last but not least, même un peu d'auto-dérision quand un des personnage dit qu'on entend rien, comme dans un film Dogma.

On résume :

  • Une subvertion sans prétention des codes narratifs. La « barrière » tombe ; il y a intrusion du discours dans le récit, ce qui n'a rien de très neuf, puisque finalement ça rappelle Brecht. Mais ça fait du bien de voir les pendules se remettre à l'heure de temsp en temps.
  • Un flingage en règle des conventions graphiques : on pourrait croire à un film amateur fait en dépit du bon sens, si la cohérence de l'ensemble n'était pas si bluffante.
  • Une vraie comédie.
  • Des acteurs ... euh ... prodigieux.
  • Des dialogues qui m'ont rendu férocement jaloux

Que du tout bon, un panneau indicateur au néon de ce qu'il faut faire. Non pas dans la manière de le faire. Mais dans l'esprit.

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Commentaires
M
Incroyable, quelqu'un qui connait les idiots !<br /> Ca fait plaisir !<br /> Au passage, je trouve tes articles bien écrits et souvent très justes.
M
Merci. Pareil pout ton blog à toi (et ton collègue). De la critique de cinéma par des gens qui aiment le cinéma (et y vont).
G
Plus que d'accord pour hurler au génie incommensurable pour Les Idiots, un des films les plus subversifs, drôles et glaçants que je connaisse. <br /> Je découvre ton blog après ton passage sur le mien : belle plume, bons goûts, respects révérencieux.
M
Ben, j'ai juste oublié :) ...
#
Tiens alors plus d'affiches catalanes?
Mémoires d'un apathique
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