Je suis Dieu
Des fois, on me demande comment j'arrive à écrire à ce rythme, et où je vais chercher tout ça. Facile : je suis un génie et toi, tu n'es qu'un serf du tertiaire, condamné à la répétition de l'inexistant. De mes yeux jaillit une lumière qui éclaire le monde comme si c'était des projecteurs de 3000 watts.
Sans rire, c'est une simple question d'associations d'idées, exercice où je suis extrèmement fort. En plus, je sais écrire, essentiellement parce que je ne regarde pas la télé, et que je lis donc énormément de livres. Il n'y a rien de magique dans tout cela. Il suffit de me donner un mot ou de me montrer une image pour que je sois capable de construire toute une histoire autour. Pour peu que je ne sois pas déprimé, bien sur. Ca me rappelle quand le psy me montrait les tâches de Rorschach et que je lui racontais des bouts de l'Odyssée revisitée ; il était bluffé, et me disait que j'avais bien de la chance. En fait, je me dis parfois que c'est une vraie calamité. Forcemment, la capacité à créer du réel ou du pseudo-réel, ne peut qu'exaspérer quand on constate la médiocrité du réel ou plutôt des productions à partir du réel (littérature ou cinéma, par exemple).
En plus, j'ai une sainte horreur du journal intime, comme on a déjà pu le constater. Raconter platement ce qui s'est passé dans sa journée ou ce qui a été déclenché à l'intérieur par les incidents ne peut me satisfaire et même me parait d'une inutilité foncière. Voire extrèmement préjudiciable. Mais je ne vais raconter la même chose pour la 36000ème fois. Ne soyons pas gateux. Pas avant terme, du moins. Evidemment, je pourrais narrer comment le facteur est venu me proposer son calendrier. Mais bon, c'est pas très palpitant. Et surtout pourquoi le raconter ? Quel intêret cela présente ? Je préfère me dire que le facteur est un vampire déguisé qui a trouvé cette astuce pour se fournir en chair fraiche. Ou une sorte d'agent secret qui recrute grâce à cette couverture. Ou le Minotaure, viré de chez lui, et qui recherche par ce biais un autre Labyrinthe. Evidemment, aller chez des gens vivant dans des petits 2 pièces ne me parait pas la meilleure façon de dégotter un labyrinthe digne de ce nom. Il doit donc y avoir quelque chose d'autre derrière la manoeuvre de l'homme à tête de taureau. Mais quoi ? On a là le début d'une histoire. Facile ...
Au passage je voudrais faire remarquer que la mythologie n'est pas juste une accumulation de contes morts ou un outil de distinction sociale, mais peut parfaitement servir (et doit servir) à nourrir la possibilité d'une mythologie contemporaine, même si cette dernière risque de n'être que purement littéraire. Par exemple, Les 12 samourais (et évidemment les 12 salopards) est ainsi une réactualisation de gestes anciennes.
B' est assez captivée par ma capacité à inventer du réel à tour de bras, ne fut-ce que parce que c'est un signe patent de bonne santé mentale chez moi. Elle en est assez incapable, et me fait souvent constater à quel point nous sommes différents (il n'y a pas que cela qui nous différencie). Mais elle ajoute qu'il s'agit de différences superficielles, du décor, alors que fondamentalement, au niveau des valeurs et de ce à quoi nous croyons, nous sommes en phase presque parfaite. D'où la bonne santé du couple. Mais je vais arrêter là ; ce post est un véritable work in progress, une illustration par l'exemple de ce que je racontais à propos des associations d'idées ...