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Mémoires d'un apathique
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27 mai 2009

Vengeance

Nikita à la voix tonnante de prophète vétéro-testamentaire a expliqué il y a peu que les critiques ciné étaient des sombres merdes incultes, tout juste bonnes à se faire empaler sur un pieu chauffé au rouge. Ce en quoi je ne peux pas lui donner tort.
Toutefois ...
Car il y a un toutefois.
S'il lui prenait l'idée aberrante de lire les critiques des internautes (i.e : les graphomanes bas du front qui s'expriment) sur les sites ad hoc (cinefil, allociné, ...), il s'étoufferait de rage et appuierait séance tenante sur le bouton de la force de frappe. Car en matière de connards patentés, on fait difficilement mieux. Pour résumer : dans 90% des cas, si le film n'est pas une sorte de série télé sur grand écran, c'est pas bon, trop compliqué, incompréhensible. Comme dans le cas de Vengeance, descendu par des hordes de minus habens.

Bon d'accord, y'a Johnny Halliday qui joue dedans et qui est catastrophique comme acteur, même si son rôle est monolithique et qu'il ne dit pas grand chose. Ca fait pitié à voir, d'autant qu'il est entouré par les pointures de la bande à To comme Anthony Wong (mon préféré). Mais en dehors de ça, si ce n'est pas le meilleur To que j'ai vu, c'est loin, très loin d'être le plus mauvais. Grâce, intelligence, sens de la mise en scène, de l'ellipse, du gunfight chorégraphié, tout To est là, en plus d'habiles trouvailles scénaristiques. Certes, le pitch tient en deux lignes, comme d'habitude, mais To fait du cinéma formel, si ce n'est abstrait comme je l'ai déjà dit.

B'. a pensé qu'on avait rajouté une déficience du personnage que joue Halliday en cours de film (ne spoilions pas) pour le rendre encore plus monolithique et pour sauver les meubles, autant que faire se pouvait. Je ne sais pas si c'est vrai, mais c'est habile.

Evidemment avec Isabelle « cinéma somnolent » Huppert comme présidente, le film ne risquait pas de rafler un ou des prix. Mais c'est pas grave. Les films primés à Cannes sont, depuis longtemps, loin d'être les meilleurs tournés de par le monde. ...

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Commentaires
M
Je me suis peut-etre mal exprimé. En fait "d'émotion littéraire", je voulais dire "référence littéraire" ; en gros ça revient à juger un film suivant des critères qui devrait s'appliquer à un livre et uniquement à un livre. Ce qui est une aberration.<br /> <br /> Pour le reste l'Angleterre et l'Espagne, ayant subit les contrecoups libéraux (respectivement Tatcher et Aznar) sont devenus paradoxalement très productifs, souvent interessants, même si il n'y a pas toujours de quoi crier au génie. Mais c'est déjà ça et c'est déjà beaucoup.
C
Je remettais pas en doute ton propos(pas un gramme d'ironie comme je disais) juste que je vois pas trop ce que ça donne "l'émotion littéraire" devant un film, ce doit être une façon d'exprimer les choses plutôt? <br /> <br /> C'est marrant, sorti des vieux films genre Tati, Audiard etc. j'ai jamais trop aimé le ciné français, mais plus ça va plus je me fiche qu'il évolue. Pour un vieux et petit pays comme le notre, ça n'est pas si surprenant que la création cinématographique soit moins active finalement. Le problème vient plutôt des prétentions, dans ce domaine comme d'autres, genre on serait toujours le pays des (frères) Lumière(s). <br /> A la limite faudrait plutôt comparer la France et l'Allemagne, ou l'Angleterre, que la France et les US.
M
A un moment de ses entretiens avec Debray, Daney parle justement de certains critiques qui éprouvent des émotions littéraires . C'est à ça que je me réfère. De surcroit, il suffit de lire et/ou de discuter ciné avec (certains) critiques/spectateurs avertis pour se rendre compte qu'il avait raison.<br /> Quant aux américains, la frontière Hi-Culture/Lo-Culture est beaucoup moins étanche que chez nous. Ca leur donne une force créative que l'on n'a pas (en gros chez nous c'est a) soit la grosse merde à pleurer b) soit le truc chiant-intimiste-cliché vu 45679 fois). Pour ce qui est des critiques US, honnêtement j'en sais rien.
C
Pfiouu, vous êtes en mesure de juger de la francitude des critiques ciné vous ? Balèze balèze là... Si les frenchies ont une lecture littéraire (hmm?) les ricains jugent sur quels fondements par exemple ? <br /> [comment irony free] <br /> <br /> Je pensais que Daney avait une lecture sociale et politique un peu, ce pourquoi je le mettais au-dessus du troupeau justement (outre ses qualités de conteur bien sûr).
M
D'abord je dis explicitement dans l'article que les blogueurs d'Allo-ciné sont des tanches complètes à côté du pire critique de Studio.<br /> Pour le reste, c'est un gros noeud de probleme. Je n'ai rien contre l'intelligence, le cérébral, etc ... encore faut-il que ce le soit VRAIMENT. Puisqu'on parle de Huppert, ce que je perçoit d'elle, ce n'est ni finesse, ni intelligence, ni culture, mais une sorte d'académisme (littéraire de surcroit, meme pas cinématographique). Pour dire les choses clairement, un des films qui m'a le plus marqué, c'est "L'hypothèse du Tableau volé", donc pas vraiment plein de gunfights. Ceci étant, c'est LE problème en art en général (i.e : l'art contemporain (en général) est-il encore innovant, interessant ou d'un académisme correspondant à son époque ? A mon avis, c'est la seconde hypothèse, et c'est ce que je pense de Huppert et compagnie). <br /> Et pour finir, je dirai que la majorité des critiques ciné pro-ciné-français-d'auteur ont sur le fond des références et des jugements fondés sur des bases littéraires (et pas forcement la meilleure littérature). C'est ce que disait Daney sans d'ailleurs se rendre compte qu'il était lui-même (en partie) dans le même cas.<br /> On pourrait en discuter pendant des heures et citer Gombrowicz (et d'autres) se faisant l'apôtre de "l'idiotie", etc ... Mais ça donnerait lieu à un livre de 200-300 pages :)
Mémoires d'un apathique
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