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Mémoires d'un apathique
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11 octobre 2008

Tuons les grands hommes

Ellroy est un gros branleur. Ellroy est aussi L'écrivain de polar de référence en France, surtout chez les gens qui ne lisent pas de polars. Une sorte de Fred Vargas US. Naaan, je suis méchant. Mais il y a un peu de ça quand même.
Ellroy est une tête de noeud qui en rajoute dans le genre néo-conservateur crypto-pervers qui joue et surjoue son rôle. Ca impressionne beaucoup les gens qui aiment bien vivre par procuration et qui , ayant fumé un joint, n'en peuvent plus de lire un type qui reniflait les petites culottes dans les baraques qu'il cambriolait.
Ellroy n'est pas un très bon écrivain. Ses histoires dérivent d'articles de tabloïds comme il le reconnait lui-même et ont souvent l'air d'être photocopiées d'un ouvrage à l'autre. Quant à son style... Parlons-en : pas plus de 15 mots par phrase et le tour est joué. Pareil : il en joue et en surjoue. Ca donne un rythme haletant et authentique, ça impressionne les ploucs. Authentique... Ellroy, aime bien ce mot ; ce n'est pas un luthérien pour rien. Comme si l'authenticité avait quelque chose à voir avec l'écrit.

Ellroy est surestimé. Comme beaucoup de restos. Là ou j'habite, c'est plein de restos extrèmement médiocres devant lesquels les gens font la queue parce que ce sont des restos devant lesquels il faut faire la queue - ce sont des références. Alors, qu'objectivement, ils sont médiocres ; je le sais, j'y ai bouffé. Ellroy, c'est pareil. C'est une référence pour gens sans beaucoup de goût. C'est d'autant plus étonnant que dans le polar US de qualité, ce n'est pas le choix qui manque. Comme pour les restos d'ailleurs.

Pour tout arranger, Rivages exhume des fonds de tiroirs terriblement authentiques comme Destination Morgue, où Ellroy raconte avec une rare complaisance son passé de camé-alcoolo-paumé-pervers. Il le raconte avec une telle complaisance qu'il répète rigoureusement la même chose d'un chapitre sur l'autre. Je ne plaisante pas : vous pouvez vérifier. Mais il faut être honnête : c'est vraiment du fond de tiroir et l'ouvrage est en fait une compilation d'articles parus dans GQ (Gentleman Quarterly, une sorte de Maximal dont l'édition française vient de sortir). Imaginez un peu le public auquel était initialement destiné ces articles. Hordes de néo-beaufs qui mouillent leur slip quand Ellroy fait son grand numéro de reaganien rangé des bagnoles.

[INTERMEZZO]
A vrai dire, je ne connais personne qui lise ce genre de magazines pour hommes (Maximal et compagnie). Je n'en ai jamais rencontré, et ai un peu du mal à visualiser à quoi ça peut ressembler. D'un autre côté je ne connais pas non plus de femmes qui lisent Elle, quoi qu'il soit possible que - sans le savoir - j'ai d'aventure couché avec des lectrices de Elle. Mais ce qui est sûr, c'est qu'à côté de ces magazines pour hommes, Elle est un étincellant festival d'intelligence, de finesse et de culture.
[/INTERMEZZO] 

Bref, Rivages se fout du monde. Ellroy aussi, mais comme il pige pour GQ, on ne peut pas - dans ce cas d'espèce - vraiment lui en vouloir ; ce devait être pour payer des arriérés d'impots. Rivages n'est certes pas le meilleur éditeur de polars français, il est irrégulier (il publie aussi bien le nullissime M. Behm que le savoureux D. Westlake), mais là, c'est vraiment du foutage de gueule.

Ceci étant, ça ne retire rien à ce que je disais initialement : Ellroy est totalement surestimé, Ellroy est l'idole de gens qui ne connaissent généralement rien au polar, Ellroy arrive dans le peloton de queue des grands auteurs de polars US, Ellroy vit sur sa notoriété, Ellroy a un incontestable côté produit marketing imposé. Mais Ellroy s'y croit gravement - évidemment à force qu'on lui répéte que c'est L'auteur de roman noir -, Ellroy est gavant, Ellroy fait chier son monde, Ellroy est prévisible (autant du point de vue de l'intrigue que du style), Ellroy est tout simplement un auteur moyen. Moyen-plus, disons. Vraiment pas de quoi le mettre sur un piédestal.

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Commentaires
M
Les pugilistes sont fatigués, là ... :)
M
UNE BASTON !!! UNE BASTON !!! ;-)<br /> <br /> Nan, sérieusement les mecs, j'adore votre échange de haute volée (foi de lectrice de Elle au blog monomaniaque)...
E
LE MESSAGE PRECEDENT EST MAL PASSE A CAUSE DES CROCHETS SUPPRIMES DANS LE RENDU. VOICI LE MESSAGE ORIGINAL.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Mon cher Memapa,<br /> <br /> Ellroy, je m'en tape comme de l'an quarante, je n'ai pas d'opinion à son sujet, d'ailleurs je ne lis jamais de roman noir ni de littérature américaine, et je connaissais même pas cet auteur avant de lire ton blog.<br /> <br /> Donc, on peut dire que je suis impartial, en quelque sorte sur ce coup-là.<br /> <br /> En plus, le repli communautaire, c'est vraiment pas mon truc.<br /> <br /> Cependant, j'ai l'impression que l'ami vfhm ne se met pas complètement le doigt dans l'oeil quand il a l'impression que tu prends le lecteur d'Ellroy de base pour un con, et quand il se sent attaqué.<br /> <br /> Je m'explique.<br /> <br /> Si je dis à Gisèle Dugland qu'elle a une morale de vieille fille réactionnaire mal baisée, RIEN, je dis bien RIEN, au niveau du raisonnement logique formel, ne permet de déduire que Gisèle Dugland EST une vieille fille réactionnaire mal baisée.<br /> <br /> En effet, ai-je dit que Gisèle Dugland EST une vieille fille mal baisée ?<br /> <br /> Pas du tout ! J'ai dit qu'elle avait une morale de vieille fille réactionnaire mal baisée. Rien n'empêche une femme très bien d'avoir une morale de conne.<br /> <br /> Donc, du point de vue de la logique formelle, on ne peut pas déduire que j'ai diffamé Gisèle Dugland, et je peux jouer à l'infini ma défense personnelle.<br /> <br /> IL N'EMPECHE QUE, dans la société, dire de quelqu'un qu'il a une morale de vieille fille est une manière RECUE d'IMPLIQUER qu'il est une vieille fille.<br /> <br /> Même si cela demande plus que le simple syllogisme, c'est une conséquence qui s'impose naturellement au locuteur, car présenter les choses de cette manière obéit à UNE STRATEGIE DE COMMUNICATION.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Quand tu dis que "Ellroy est aussi L'écrivain de polar de référence en France, surtout chez les gens qui ne lisent pas de polars", tu emploies une STRATEGIE COMMUNICATIONNELLE dont l'implication standard est que si une personne a Ellroy comme référence, alors elle ne lit pas de polars.<br /> <br /> Je ne vais pas reprendre toutes les fois où tu empruntes des tours de phrase semblables, mais il se dégage de ton intervention un désir très vif de signifier la connerie/beauferie d'une portion de la population des gens qui lisent Ellroy,<br /> <br /> ...qui revient, selon la stratégie communicationnelle usuellement reçue, à dire que si quelqu'un aime Ellroy, il est vraisemblablement partie de ces beaufs.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Ce n'est pas l'internaute vexé qui s'identifie par principe à un NOUS communautaire insulté, c'est ton mésusage des stratégies communicationnelles usuelles qui crée artificiellement ce NOUS, par décalque d'une catégorie de personnes que tu n'identifies pas assez précisément.<br /> <br /> En déclarant qu'il y a un EUX (trop peu précisé) qui est à la fois lecteurs de Ellroy et beaufs, tu énonces les deux choses suivantes : <br /> <br /> "(1) Les gens qui prennent Ellroy comme référence forment un groupe dont je sous-entend que c'est "EUX"<br /> (2) EUX, c'est des cons"<br /> <br /> Le problème, c'est que (2) est dit explicitement, tandis que (1) est sous-entendu implicitement par ton mésusage de la stratégie communicationnelle.<br /> <br /> Une personne qui veut réfuter ce que tu dis va donc nier et (1) et (2). Il est vraisemblable que tu t'es juste mal exprimé, emporté par ton dédain des cons, et que tu ne voulais pas dire (1), mais juste (2).<br /> <br /> Cependant, puisque ta manière de parler est habituellement utilisée par les gens pour sous-entendre (1), ne t'étonne pas de ce que les gens comprennent que tu penses (1) et y réagissent violemment, dans la mesure où tu les enfermes dans un NOUS.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Si tu veux dire que certaines personnes parmi les gens qui prennent Ellroy pour référence sont des cons, mais pas tous, il suffit de le dire explicitement, car cette conclusion ne s'impose pas d'elle-même, du fait des conventions (peut-être stupides, mais très très efficaces) qui entourent les STRATEGIES COMMUNICATIONNELLES dans le langage.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Escape, linguiste.
E
Mon cher Memapa,<br /> <br /> Ellroy, je m'en tape comme de l'an quarante, je n'ai pas d'opinion à son sujet, d'ailleurs je ne lis jamais de roman noir ni de littérature américaine, et je connaissais même pas cet auteur avant de lire ton blog.<br /> <br /> Donc, on peut dire que je suis impartial, en quelque sorte sur ce coup-là.<br /> <br /> En plus, le repli communautaire, c'est vraiment pas mon truc.<br /> <br /> Cependant, j'ai l'impression que l'ami vfhm ne se met pas complètement le doigt dans l'oeil quand il a l'impression que tu prends le lecteur d'Ellroy de base pour un con, et quand il se sent attaqué.<br /> <br /> Je m'explique.<br /> <br /> Si je dis à Gisèle Dugland qu'elle a une morale de vieille fille réactionnaire mal baisée, RIEN, je dis bien RIEN, au niveau du raisonnement logique formel, ne permet de déduire que Gisèle Dugland EST une vieille fille réactionnaire mal baisée.<br /> <br /> En effet, ai-je dit > ?<br /> <br /> Pas du tout ! J'ai dit qu'elle avait une morale de vieille fille réactionnaire mal baisée. Rien n'empêche une femme très bien d'avoir une morale de conne.<br /> <br /> Donc, du point de vue de la logique formelle, on ne peut pas déduire que j'ai diffamé Gisèle Dugland, et je peux jouer à l'infini ma défense personnelle.<br /> <br /> IL N'EMPECHE QUE, dans la société, dire de quelqu'un qu'il a une morale de vieille fille est une manière RECUE d'IMPLIQUER qu'il est une vieille fille.<br /> <br /> Même si cela demande plus que le simple syllogisme, c'est une conséquence qui s'impose naturellement au locuteur, car présenter les choses de cette manière obéit à UNE STRATEGIE DE COMMUNICATION.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Quand tu dis que >, tu emploies une STRATEGIE COMMUNICATIONNELLE dont l'implication standard est que si une personne a Ellroy comme référence, alors elle ne lit pas de polars.<br /> <br /> Je ne vais pas reprendre toutes les fois où tu empruntes des tours de phrase semblables, mais il se dégage de ton intervention un désir très vif de signifier la connerie/beauferie d'une portion de la population des gens qui lisent Ellroy,<br /> <br /> ...qui revient, selon la stratégie communicationnelle usuellement reçue, à dire que si quelqu'un aime Ellroy, il est vraisemblablement partie de ces beaufs.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Ce n'est pas l'internaute vexé qui s'identifie par principe à un NOUS communautaire insulté, c'est ton mésusage des stratégies communicationnelles usuelles qui crée artificiellement ce NOUS, par décalque d'une catégorie de personnes que tu n'identifies pas assez précisément.<br /> <br /> En déclarant qu'il y a un EUX (trop peu précisé) qui est à la fois lecteurs de Ellroy et beaufs, tu énonces les deux choses suivantes : ><br /> <br /> Le problème, c'est que (2) est dit explicitement, tandis que (1) est sous-entendu implicitement par ton mésusage de la stratégie communicationnelle.<br /> <br /> Une personne qui veut réfuter ce que tu dis va donc nier et (1) et (2). Il est vraisemblable que tu t'es juste mal exprimé, emporté par ton dédain des cons, et que tu ne voulais pas dire (1), mais juste (2).<br /> <br /> Cependant, puisque ta manière de parler est habituellement utilisée par les gens pour sous-entendre (1), ne t'étonne pas de ce que les gens comprennent que tu penses (1) et y réagissent violemment, dans la mesure où tu les enfermes dans un NOUS.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Si tu veux dire que certaines personnes parmi les gens qui prennent Ellroy pour référence sont des cons, mais pas tous, il suffit de le dire explicitement, car cette conclusion ne s'impose pas d'elle-même, du fait des conventions (peut-être stupides, mais très très efficaces) qui entourent les STRATEGIES COMMUNICATIONNELLES dans le langage.<br /> <br /> ---<br /> <br /> Escape, linguiste.
V
Ah, intéressant. Quand j'ai lu ton texte, j'y ai clairement lu un "eux" (ceux qui aiment Ellroy), qui étaient affligés des pires tares de l'entendement. <br /> <br /> J'utilise donc justement le nous pour montrer que ce n'est pas possible de parler de ce "eux" en général, évidemment ! C'est tout le propos de mon com. Que si tu ne sais rien de "nous qui aimons Ellroy", c'est justement parce que ce n'est pas un "nous" constitué. Mais je concède que j'aurais pu être plus clair là dessus, dont acte (c'est d'ailleurs un peu ce que j'espérais faire en écrivant la dernière parenthèse, car comment pourrais-je fantasmer un "nous" constitué par le fait de ne pas être toi ou ne pas penser comme toi sur cette question de la littérature d'Ellroy? Je croyais avoir été clair.)<br /> <br /> Alors maintenant tu me dis que tu n'as jamais écrit que "TOUS les lecteurs d'Ellroy" sont de telles brutes mentales. Certes, je relis, et je ne vois pas le "TOUS les gens qui aiment Ellroy" écrit en toutes lettres.<br /> <br /> Ca me fait de la peine de faire le déconstructioniste de service, mais je pense quand même que tu es au courant que le sens d'un texte ne se résume pas à la somme de ses mots.<br /> <br /> Dans ce texte tu passes la partie de ton post où tu parles effectivement d'Ellroy à dire que Ellroy est aimé par les [cons de diverses dénominations, natures et essences].<br /> <br /> Lorsque tu parles effectivement de ses bouquins, tu les décris comme nuls et dotés uniquement de qualités qui épatent les mêmes [cons].<br /> <br /> Ensuite, tu interjectes là dedans les magazines Elle/GQ, avec leurs "Hordes de néo-beaufs qui mouillent leur slip quand Ellroy fait son grand numéro de reaganien rangé des bagnoles." Jolie formule, soit dit en passant.<br /> <br /> Il faudrait donc que le sens que je distille de tout ça soit que pas du tout, tu ne prends pas TOUS les amateurs d'Ellroy pour des gros cons.<br /> <br /> A d'autres. Si ton propos est de fustiger les cons, et non pas les amateurs d'Ellroy, je ne suis pas sûr que t'y prennes de la manière la plus claire. A tout un chacun lisant ton post, c'est un post sur ces connards d'amateurs d'Ellroy, pas un post sur les cons.<br /> <br /> Sérieusement, je ne peux pas imaginer une seconde que tu ne te rendes pas compte de cette évidence.<br /> <br /> Quant à ta mésinterprétation de mon usage du "nous", bien que je concède (mais vraiment du bout des lèvres, parce que quand même, je viens de relire et faut vraiment avoir envie pour rater ça, mais tu n'as pas que ça à faire en ce moment, je sais) que j'aurais pu laisser moins de place à l'ambiguité, en revanche, tirer de mon com l'idée que je me réfugiais dans l'affect et l'insulte supposée est étrange. Si c'est vraiment l'impression que tu en as eue, je vais relire une deuxième fois et essayer de comprendre comment c'est possible...<br /> <br /> Je viens de le faire et je ne comprends toujours pas. Il me semble quand même que je passe un bon tiers du com à parler de la question de la trad, ensuite encore un tiers à parler du contenu de ce que tu dis sur Ellroy à proprement parler, et en synthèse je parle de ta propension à généraliser des comportements sur un groupe de gens définis par le fait qu'ils ne pensent pas comme toi sur un auteur.<br /> <br /> Je conclus en disant que je trouve ça intellectuellement cher payé pour une gratification narcissique (pour faire simple).<br /> <br /> Vraiment je ne vois pas où j'ai fait valoir une quelconque victimisation (encore moins "immédiatement", mais bon, on a tous nos tics de langage), ou je ne sais quel droit au respect. Peut-être est-ce lorsque j'écris "ce que je suis" dans la dernière phrase? C'est un peu tiré par les cheveux, je trouve. Pour clarifier, je n'ai droit à aucun respect a priori, et je ne peux concevoir de situation où j'arriverais à me considérer comme victime par écrit, et surtout par généralisation...<br /> <br /> (Je passe sur l'intéressante découverte que l'on peut maintenant utiliser le procédé de l'anti-méta-antisémitisme comme défense : je suis contre ceux qui traitent tout le monde d'anti-sémite ; par extension, je suis contre ceux qui refusent un discours critique en faisant valoir leur droit au respect en tant que communauté ; et par extension, maintenant, si je généralise en disant "les lecteurs d'Ellroy sont des cons", je suis contre les lecteurs d'Ellroy qui font valoir le droit au respect de la communauté des lecteurs d'Ellroy - et en plus ils perdent leur dignité dans la foulée. C'est assez rigolo et plutôt bien vu, il faut le dire.)<br /> <br /> Bref, j'aurais bien aimé avoir une conclusion, mais j'en ai pôs.
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