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Mémoires d'un apathique
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4 septembre 2008

Je fais confiance à la justice de mon pays

- Et si je dis que le président de la République, celui qu'on a, là maintenant, le gnôme à gourmette, il est aussi classieux que Travolta en train de danser sur les Bee Gees avec son costard blanc made in Tati ? Et encore, Travolta, lui, si je me souviens bien, il faisait ça pour emballer une pétasse - pas géniale d'ailleurs. Le bas du front qui a la clé de la force de frappe, lui, sa pétasse, il l'a déjà, et de toute façon, il a même pas d'excuse, sa tecktonik sous amphés, c'est juste parce que ça lui file une gaule d'acier d'être sous les projos en compagnie d'autres capi di tutti capi.
- Ah non, tu peux pas le dire. C'est injure au chef de l'état ou quelque chose comme ça, t'as pas le droit, même s'il n'est plus de droit divin et ne guérit pas des écrouelles. Un juge bien fayot, décidé à monter en grade, pourrait venir te faire chier et t'obliger à payer une amende jusqu'à la consommation des siècles.
- On a de la chance d'être sur un blog que personne ne lit ...
- Ca... De toute façon, on est des personnages de fiction, genre clochards célestes en train de cuver notre vinasse sur une plage de Bélize, la nuit. Rien à voir avec les opinions de l'auteur.
- Et comment ! D'ailleurs, s'il le faut, on peut parler au conditionnel, ça c'est beaucoup fait à un moment chez les personnages de fiction.
- D'ailleurs, je fais confiance à la justice de mon pays !
- Moi aussi, monsieur le juge ! Enfin, c'est l'auteur qui a confiance. Moi, je confierais pas les prochaines 15 années de ma vie à un type comme vous - un peu comme si je votais pour un député UMP qui fait dans l'immobilier. Mais vous savez comment c'est, les personnages de fiction ...
- Ce qui fait que, nous, on peut discuter des commerciaux comme au numéro d'avant. Sinon un peloton de ces connards pourraient se porter partie civile et nous envoyer devant un professionnel de l'incarcération arbitraire sous pretexte qu'on a attenté à leur dignité d'enculés de commerciaux.
- Voilàààààà ! Ceci étant, on ne comprend pas bien pourquoi la fiction de notre beau pays n'est pas bourrée d'insultes envers le chef de l'état et les soudards qui lui servent la soupe.
- D'abord, parce que, pour des raisons assez complexes et longues à expliquer, le fin du fin dans ce pays, en matière de littérature, c'est de s'extasier devant le rose crémeux de son nombril. Ensuite parce que ça ne viendrait à l'idée de personne ou presque : ça fait partie des choses dont on ne parle pas parce que ça fait partie des choses dont on ne parle pas. Et enfin, les rares qui pensent un peu tiennent à avoir le maximum d'amis possibles, c'est une condition sine qua none pour se faire éditer.
- Sans compter que se farcir 100000 euros de dommages et intérêts pour avoir raconté que A. Adler est un incapable, et un branleur arrogant doublé d'un arriviste sans scrupule, ça calme tout de suite. Même si c'est la stricte vérité, mais tout le monde n'est pas un personnage de fiction, faut dire.
- Honnêtement, dans ce pays, tu peux rarement invoquer l'excuse de la fiction, pour des raisons historiques, aussi. Le personnage, c'est toujours l'auteur, le culte du nombril n'arrangeant rien. Même, d'ailleurs, s'il y a plusieurs personnages ayant des opinions contradictoires. C'est tout un problème pour mettre en scène, par exemple, un raciste. Ou alors, il faut qu'il soit en plus cannibale et pédophile pour que tout le monde comprenne bien que c'est le méchant.
- Bref, tout le monde est prêt à mourir pour la liberté d'expression, mais quand il s'agit d'en utiliser ne fut-ce qu'un tout petit morceau, y'a plus personne. Mais on en a déjà parlé.
- C'est dingue d'ailleurs, comme on parle de tout quand on discute tous les deux ...
- Pourtant, c'est marrant, pour en revenir, aux personnages de fiction, comment c'est différent dans d'autres pays. Chez les ricains, par exemple. Vous savez, les décérébrés qui passent leurs journées devant la télé ou à chasser l'élan à l'épieu ?  Bon, on vient de lire Checkpoint de Nicholson Baker. C'est l'histoire d'un mec qui raconte à un pote qu'il va tuer Bush junior et pourquoi. C'est pas le livre du siècle, hein, c'est même un roman à thèse, par définition, mais plutôt drôle, sans le côté pénible du genre. Mais ce n'est pas là le problème ; il vient plutôt de ce qu'on reste un peu sur le cul : Bush, Cheney et Rumsfeld (entre autres) sont trainés dans la boue d'une manière hallucinante, sans l'ombre d'un respect pour leur fonction ou le fait qu'ils soient mandatés (même s'il y a eu tricherie). D'ailleurs le Christian Science Monitor ne s'y est pas trompé et s'interroge : « C'esr certes une fiction, mais est-ce bien légal ? ».
- En France, on ne se poserait même pas la question de la légalité. Personne n'y penserait, tout simplement. Dire du mal de gens si haut placés, dire du mal tout court, quelle idée ! Et parler du réel, quelle vulgarité !
- On l'a déjà dit tout ça ... Alors on va faire un peu de pub pour Lot 49, une collection d'auteurs US de très haute volée - qui publie Checkpoint sous le titre français de Contrecoup, au Cherche-Midi, même si le Gass est très trapu et le Vollmann assez chiant. mais on ne peut que saluer une telle ambition éditoriale au pays d'Angot.
- Ouais, Lot 49, c'est une vraie collection littéraire, et c'est suffisamment rare pour être signalé.
- Sur ce, les kids, on va se coucher. Yo !
- Yo, les choupinets !

(Rideau)

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Commentaires
M
Dans la gueule, oui ! Qui m'aide a transporter les munitions ?
C
Yeah yo monsieur le juge, envoie les tous en taule !
Q
- On a de la chance d'être sur un blog que personne ne lit ...<br /> ---<br /> Ben tiens donc !
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