Pensées informes

J'aimerais pouvoir raconter comment j'écris, ou plus exactement, comment, idéalement, j'aimerais écrire.
J'aimerais pouvoir développer autour du zen en écriture . A savoir : se concentrer sur un objet, sur une image ou une situation, jusqu'à ne former plus qu'un avec cet objet, cette image, cette situation. Jusqu'à ce que l'univers entourant cet item m'apparaisse dans toute sa complexité et ses possibles. Généralement, il est de bon ton de se focaliser sur un caillou. Ce caillou est sur une grève, le varech pourrissant empeste, quelques débris d'un cargo guatémaltèque l'encadrent comme pour une photo de groupe. Un enfant regarde tout cela depuis sa fenêtre, regrettant d'avoir été aux champignons le jour où le navire a coulé  en face du petit port de plaisance pour des raisons que nul n'a encore élucidées. D'autant que son grand-père, ancien des brigades internationales, a murmuré au docteur Wurtz qu'il (le cargo) transportait les restes du vrai Trotsky, mort au fin fond de la jungle amazonienne, rien à voir avec le sosie qui a succombé aux coups de pic à glace à Mexico (il a surpris la conversation alors qu'il taquinait le chaton blanc, dissimulé par les lourds rideaux si chers à sa mère). Ou bien, le dit caillou trône sur une  petite table basse. C'est d'ailleurs plutôt un galet qu'un caillou et il rappelle à la nonagénaire maitresse des lieux la vulve épilée d'une amante un peu vulgaire qu'elle aurait du préférer au mari falot qui lui a succédé pendant plus d'un demi-siècle.
Mais la dissolution dans l'être du caillou a quelque chose du cliché. On choisit toujours de s'identifier à un caillou, comme par une sorte de modestie renversée. Ca tient du titre honorifique. Un cheese-burger ou un nonosse en plastique font tout aussi bien l'affaire.
Le mieux est évidement de partir d'une image marquante, quelque chose qui s'impose avec force, un ou des polaroids extraits d'un rêve. Un chien dont les deux pattes avant ont été teintes en rouge. Ce peut être le point de départ d'une nouvelle d'une dizaine de pages. Facile.
L'idéal : plusieurs items, comme des trucs sortis d'un sac de plage et jetés sur le sable : il n'y a plus qu'à les relier, à compléter suivant les pointillés et le tour est joué.

J'aimerais aussi parler de l'importance des virgules. J'en met partout. Mais d'une certaine manière, par défaut. Je regrette que les signes de ponctuations soient si peu nombreux. Il devrait y avoir une double-virgule, une triple-virgule, comme il y a des croches, des doubles-croches et des triples-croches.

J'aimerais aussi vous présenter la machine à concasser les rêves :

Elle les pulvérise en une fine poudre grisâtre qu'il suffit de priser chaque matin avant d'affronter le métro.

Comments

[memapa]

Antiblues> Le but n'est pas de faire du lisp :) D'ailleurs, si je me souviens bien, Roussel a ecrit tout un bouquin avec des parenthèses imbriquées. Les virgules et doubles-virgules, c'est une question de rythme, de souffle ...
Quant à la poudre de rêve, elle aura toujours le même gout, mais pas les mêmes effets suivant les cas :)

C> C'est pas vraiment du zen au sens strict, mais un exemple de méthode de travail pour laisser venir à soi les points d'inspiration et les relier. C'est d'ailleurs compatible avec d'autres méthodes plus rigoureuses (comme faire un plan, par exemple).

[C.]

Chouette texte, même si j'ai encore bien du mal à concevoir le zen en écriture. Poser des choses sur un papier pour un tiers, les organiser, mettre des images en mots tout ça, pour moi c'est pas compatible avec un état contemplatif. Tu te fais spectateur c'est vrai, mais c'est une grosse activité, plus que le sport même, où ce sont le corps et la part autonome du cerveau qui agissent, les réflexes.

[Antiblues]

en langage informatique;;;; il existe les parenthèses triples,,,,, quadruples et plus encore,,,mais toujours équilibrées! Un palliatif -quoi- à ton envie (((((...)))))
Pour la poudre de rêve à priser, je me demande ...y'aura-t-il un jour des contrôles antidop? Le cauchemar a-il-le même goût qu'un rêve érotique? :)