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Mémoires d'un apathique
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5 février 2008

Aux confins I

Les loisirs étaient rares. Venu du continent depuis Halifax, puis depuis l'île principale dans un petit bimoteur à 6 places sous la quotidienne averse atlantique, je m'étais retrouvé dans ce Bed & Breakfast aux murs extérieurs recouvert de tôle ondulée comme c'est de rigueur dans ces pays exposés aux vents polaires et aux intempéries hivernales.
Il n'y avait rien à faire. Justement, j'étais là pour ça.
Rien sinon regarder la teinte huileuse de l'océan.
Presque pas de faune, sinon des oiseaux que j'étais bien en peine d'identifier.
Je ne me souviens plus des autochtones, ni même de leur accent que je suppose à couper au couteau.
J'ai fait comme eux : alcool détaxé et dérisoires virées le long de la seule route goudronnée, celle qui va du bourg à la quarantaine et qui en revient. Une boucle d'à peine un kilomètres et demi.
Puis j'ai opté pour le sud, là, où parait-il, vivaient des gens qui ne pouvaient venir au village qu'en bateau.
J'avais loué une Oldsmobile, une antiquité poussive, changement de vitesse au volant et propulsion arrière. Le jeu consistait à franchir l'isthme à fond de train sur la piste de terre battue et à ne piler qu'au dernier moment, juste avant le brusque virage en arrivant à Langlade. Avec sa tenue de route déficiente (les bagnoles pour banlieusards du Midwest ne sont pas vraiment adaptées au tout terrain), je manquais perdre le contrôle et me foutre à la baille dès que je dépassais le 80 sur cette langue de terre large d'à peine 10 mètres à son point le plus étroit.
Là-bas, dans l'ile du sud, il n'y avait rien : la route se délitait en faisceaux de sentiers muletiers sans qu'il n'y ait jamais eu l'ombre d'un mulet. Alors je me garais près de la grève et m'asseyais sur le sable pour contempler les vaguelettes moribondes durant des heures, espérant dieu sait quoi, que je me dissolve à mon tour comme le quartz et le feldspath  de la plage. Attendre un miracle. Que le soir n'allait pas arriver, par exemple. Que tout allait rester figé, et moi avec, et que la nuit serait éternellement repoussée, repoussée jusqu'au pôle où elle demeurerait prisonnière jusqu'à la fin des siècles. Pour ne pas avoir à rentrer dans ma chambre, où seule MTV m'attendait tandis, qu'à l'extrême pointe nord, dans la quarantaine,  les lamas se languissaient de leur prochain transfert vers le Manitoba.

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Commentaires
E
Les dinosaures ont disparu il y a des millions d'années.
M
Certes, mais quel rapport :) ? Ca fait la 2eme personne qui me laisse un comm décalé par rapport à l'article :) ...
E
Revenu du cinéma. Vu "CORTEX". Bigre. J'ai trouvé que c'était un bon film. Difficile de ne pas voir le monde comme étant magnifique après une telle virée dans le glauque.
Mémoires d'un apathique
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