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Mémoires d'un apathique
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9 août 2007

La course

Well, my friends. Etant donné que tout le monde est en vacances et que personne ne m'aime (sauf Ptipois, que le Seigneur lui offre des tartes au coing), je peux me permettre de raconter des trucs ne présentant même pas l'ébauche d'un début d'intêret.

Ainsi je pourrais me mettre au scrapbooking ou aux colliers de perles, et vous faire admirer mes réalisations. Ce qui repousserait les limites de l'horreur au delà de la ligne Oder-Neisse. Mais c'est le propre du scrapbooking que d'alimenter la gerbe de ceux qui croyait qu'après le fil-à-clous le monde reviendrait à un peu plus de beauté ou simplement de bon goût.

Mais mon truc à moi, ce sont les DVD, et en particulier ceux que la ville de Paris met à ma disposition. Alors je parle des DVD que j'ai vus. Logique. La course du lièvre à travers les champs, par exemple.  Chouette titre, non ?  Encore que j'aurais  préféré  La course du lièvre à travers les champs de rutabagas en fleur du côté de chez Swann. Mais ne soyons pas trop exigeants non plus.

Ce n'est pas seulement un film chiant. C'est un film à chier. Et quand je dis à chier, c'est faute d'une catégorie  qui incluerait les films  sur lesquels on a en vie de balancer des objets contondants au risque de faire imploser la télé. Tellement à chier que j'en ai parlé pendant tout le repas à B', qui bonne fille m'a écouté sans réchigner. Du côté de Corvisart. C'est à chier aussi, dans ce coin, soit dit en passant, tellement mort qu'on se croirait à Minsk en hiver. Après, elle m'a jeté des coups d'oeil, comment dire, mutins, et même plus que, un peu comme ceux que Samantha reserve au livreur de pizza, vous savez, celui qui passe ses journées à lever de la fonte et à increaser son pénis. Comme quoi, pour rendre les filles moites, rien ne vaut la narration d'une grosse bouse. C'est un scoop.

Essayons de circonscrire. La course ... est un polar français. Qui d'après le producteur devait faire la nique aux productions US. Un polar de dimension internationale. Les producteurs de polars ricains doivent encore en rire à l'heure qu'il est.

C'est une merde. 

Scénarisée et dialoguée par Japrisot. Auteur que je croyais juste sans intêret. Et dont je viens de mesurer la nullité abyssale. Les dialogues sont atroces. Je n'ai jamais entendu pareille vacuité prétentieuse. Même les doublages de kung-fu des années 70 sont infiniment supérieurs. Parce qu'ils se contentaient de faire du texte français à moindre frais. Tandis que Japrisot, lui, semble persuadé de faire du polar littéraire. Littéraire, comme était littéraires les remarques de votre prof (de français) en première. Le genre à penser que Paul Guth, c'est de la littérature. Ou que Modiano est le plus grand écrivain des deux millénaires écoulés. On retombe donc dans un travers classique du dialoguiste médiocre : l'oralité littéraire avec inclusion de réparties minables censées être profondes et/ou décalées. C'est terrible. Terrible. Pour commencer, on a droit à une citation en début de film. De Lewis Carrol, qui pourtant n'a jamais fait de mal à Japrisot , autant que je sache. Régle numéro 1 : quand un film s'ouvre par une citation, arrêtez tout de suite ou sortez de la salle. Ca va être la cata garantie. En plus de verser dans le lourdissime name-dropping (genre : ma petite soeur m'a raconté qu'elle a vu un Arte-documentaire sur Caroll, d'où l'étendue de ma culture qu'il faut que j'étale). Japrisot, j'ai honte pour toi !

Que je vous raconte un peu l'histoire : Tony (J.L. Trintignant) photographie un jour la procession des gitans aux Ste Marie de la mer depuis un petit avion de tourisme. A 30 mêtres d'altitude. Ben voyons. En plus, en même temps qu'il pilote son zinc en rase-mottes, tout seul, il se penche par dessus le cockpit pour prendre des photos. Oui, oui, en pilotant. Mais oui, mais oui. Evidemment il se gaufre et écrase des petits gnenfants. Gitans. Mais il est acquité. Ben tiens ! De mon point de vue, c'est un homicide involontaire du à un comportement dangereux sans compter les infractions au code de la circulation aérienne. Mais c'est pas grave : quand Japrisot adapte Goodis, on ne s'arrête pas à ce genre de détails vulgaires. Donc plutôt que de faire 5-10 ans en taule, Tony s'enfuit poursuivi par les gitans qui veulent venger leurs morts. Il se carapate à New-York. Les gitans le suivent et le plantent. Les gitans sont partout et leur caisse noire est bien remplie. Sans compter leurs pouvoirs psys qui leur permettent de rechoper le dit Tony - toujours en cavale - à la descente d'un train en plein milieu de nulle part.

Un peu plus tard, Trintignant, toujours courant, tombent sur des malfrats qui l'embarquent parce qu'il est témoin d'un assassinat et s'enferment avec lui dans une cabane au Canada (authentique). Ils vont faire le casse du siècle, et Tony va avoir une bonne heure, si ce n'est plus, pour les convaincre de le prendre avec eux. Pendant ce temps, les gitans veillent. Qu'on remarque bien : le film dure un peu plus de deux heures, Tony arrive chez les truands environ 15 minutes après le générique, et le casse, tout compris, en dure 20. Donc plus d'une heure en huis-clos durant laquelle, il ne se passe RIEN, sinon une pénible succession de dialogues qui font honte. C'est la french touch.

Le casse du siècle consiste à récupérer la femme d'un mafioso chez les keufs de Montreal et à l'échanger contre un million de dollars. Et tout le monde meurt à la fin.

Bien. Voilà pour le scénario.

C'est un film avec des gitans, donc. Pour commencer. Rempli jusqu'à la gueule des clichés gitanophiles pour mémères que Reiser avait joyeusement massacrés dans une BD d'anthologie. Vous savez ce que font les gitans en planque ? Non, vous savez pas, et vous ne pouvez deviner. Et bien ils jouent de la flûte façon Georgiu Ramonescu et sa flute de pan magique (musique de Francis Lai, miam !).

Ensuite, comme c'est une sorte de film d'auteur, plutôt que de donner dans le polar réaliste, efficace et bien foutu, on préfère avoir recours à des trouvailles. Probablement littéraires, les trouvailles. Genre : les filles s'appellent Sugar ou Pepper. Si, si. Ou bien la femme du mafiosi a 13 ans d'âge mental et s'appelle Toboggan. Si, si. Encore. Comme elle est un peu limitée, elle se trimballe avec une poupée qui dit des trucs comme Oh, comme ce monde est cruel quand on tire sur la ficelle. C'est une trouvaille. Ce film regorge de trouvailles du même tonneau. Evidemment, on se demande : qu'est-ce que cela apporte  que la femme du mafioso soit gole et que la poupée débite du sous-Marc-Aurèle ? Réponse : rien. Dans l'esprit de Japrisot, ça doit être top classe, mais dans celui du spectateur, il ne s'agit pas de trouvailles, mais juste d'idées totalement nazes. Une dernière (trouvaille) pour bien mesurer l'étendue des dégats : les gitans se trimballent dans une Rolls, admettons, mais pas n'importe quelle Rolls : une Rolls sur laquelle ont été collées des fleurs hyper flashy. Je veux bien que le film date de 1972, mais tout de même ...

Ajoutons à cela :

  • Une direction d'acteurs inexistante. Mention spéciale à Trintignant qui s'en branle avec une persévérance qui force le respect.
  • Des scènes symboliques épouvantablement filmées (Ah, les billes de Trintignant gosse qui dévalent les escaliers !).
  • Un rythme myopathe
  • Des seconds couteaux inexpressifs. D'ailleurs, certains semblent anglo-saxons et de toute évidence débitent un texte qu'ils ne comprennent qu'à moitié.

Pour finir, ce que j'appelerais une idéologie gerbeuse, il est vrai omniprésente dans la majorité des polars français (sauf chez Boisset, mais à tout prendre, je préfèrerais). En gros, les truands sont des mecs durs mais justes, pour qui la fidélité et l'amitié ne sont pas des vains mots. Que les droits communs aient toujours été la plaie des camps et, en tout temps, de pures ordures ne doit surtout pas entrer en ligne de compte. Les flics, par contre,  sont vraiment des salopards, et les femmes des bonniches. Que Tony se tape Sugar et Pepper (dont il a tué le frêre) est dans l'ordre des choses. Pas de doute, c'est une idéologie. Nauséabonde. Mais qu'apprécie Japrisot de toute évidence.

Je crois que j'ai terminé, là. Je pourrais évidemment continuer à énumérer les perles que ce film recèle, mais je crains de fatiguer le lecteur et moi aussi. Un grand film, donc, à regarder pour choper la haine, mais en avance-rapide par moment pour ne pas s'endormir.

DE LA MERDE !

DE LA MERDE !

DE LA MERDE !

 

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Commentaires
M
...ou c'est un peu cours, jeune homme...Cours, dans le sens bien sûr, où vous donnez l'impression que vous allez nous en apprendre...sur Japrisot, Le Cinéma, La Littérature, les Incepit, etc..Quelle fatuité de réduire Japrisot à un film, et d'en déduire que c'est un auteur insignifiant, ou profondément nul (ce qui revient au même, non?). Etayez, jeune homme! Trop facile de balancer vos tomates sur ce film, pour en déduire dans un laconisme si peu si peu en rapport avec votre logorrhée, que Japrisot c'est "de la merde", et notamment parce qu'il cite Carroll! Des arguments, des citations (de ses oeuvres, SVP!, et autres que filmographiques)!, et peut-être que vous aurez une chance de convaincre que cet auteur est ce que vous prétendez le réduire.
M
Oui, mais justement, le cinéma ça doit pas etre comme la vraie vie, parce que dans la vraie vie, on fait des trcus moyens folichons et peu cinégéniques (purger le chat, faire les courses à Auchan, etc ...)
N
Il n'empêche, une nuit, dans la vraie vie, j'ai mis des doigts dans la chatte d'une New-Yorkaise qui disait s'appeler... Bird.
M
D'ordinaire je suis assez mordant envers les mauvais films, mais là, comme c'est vraiment de la pure daube, j'ai effectivement la haine :) !
M
Hey le film est certainement nul mais ça valait le coup pour avoir cette critique.<br /> Quel style plein de haine, j'adore :).
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