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Mémoires d'un apathique
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27 juillet 2007

Terreur et dialogue

Une soirée peu après l'élection de Mister-Sourire-Crispé à la présidence.
Que de la chienlit rouge à têter de la 1664 à la bouteille. Une bonne partie à discutailler sans fin sur la façon de reconquérir le coeur du peuple de gauche, à disserter sur le renouveau militant et/ou citoyen à mettre en oeuvre. Aussi efficace et pertinent qu'une boite à suggestions dans un supermarché. Les plus torchés à rejouer Dealey Plaza, avec moi dans le rôle du spécialiste des fusils de sniper soviétiques à  acheter sur le marché de Peschawar. J'étais vraiment bourré, il faut bien le dire. Mais pas au point de ne pas remarquer que personne n'envisageait de manier l'engin lui-même. A commencer par moi. Non, il s'agissait plutôt de payer une sorte de milicien serbe, recherché par le tribunal de La Haye et n'ayant plus rien à perdre. La moyenne d'âge s'établissait autour de 35-40 ans, et jouer les kamikazes ne semblait brancher personne. On était aussi à Paris 11ème, et pas dans un camp d'entrainement au sud Liban.

(Fondu au noir)

Quelques jours après, dans un café, tard. A me fader K., gémissant après l'iniquité du monde et l'impossibilité de le réformer. Il me gonflait, alors que j'ai plutôt l'alcool oecuménique. Tellement que j'ai fini par lui dire que la réforme en question passerait par l'élimination physique des neuf dixièmes de la population par le dixième restant. Ce qui posait des problèmes pratiques insurmontables. Il m'a regardé avec l'air horrifié de celui qui découvre un cobra dans son lit ou un témoin de Jehovah sur son palier. Mais-comment-que-je-pouvais-dire-des-horreurs-pareilles-que-j'avais-plus-le-sens-commun. Et ça m'a rappellé une émission sur France-Cul, du temps où mon radio-reveil était reglé dessus, dans laquelle un philosophe balkanoide, vu son accent, défendait l'idée même de terreur pendant que les animateurs socio-libéraux déclenchaient les sirènes d'alarme à coups de larynx. Ben oui, quoi, Lenine avait compris ça, les ennemis de classe comme engrais, y'a pas d'autre chemin vers une régénération du corps social. Ou plutôt n'avait pas su l'appliquer jusqu'au bout, les camps n'ayant jamais eu, en URSS, une fonction d'extermination. Sans  compter que la terreur a sa dynamique propre, finit par accéder à l'autonomie et massacre en dépit du bon sens, les objectifs initiaux ayant été depuis longtemps perdus de vue.
Le K., il en restait bouche bée. J'étais à moitié sérieux, mais le boy-scout et ses reniflements de dame patronesse me portaient vraiment sur le système.
Je suis allé me coucher, et le lendemain, j'avais oublié toutes les conneries que j'avais pu débiter. Restait un mal de tête des plus tenaces ...

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Commentaires
M
Moi, il suffit que je regarde la Pravda s'étaler complaisamment à la télé ...
P
T'en fais pas, moi aussi j'en arrive là. Même pas bourrée : il suffit que je me balade du côté du 8e arrondissement.
Mémoires d'un apathique
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