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Mémoires d'un apathique
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8 juillet 2007

Les remords du commissaire

Ils ne voulaient pas la facilité d'existence de ceux qu'ils avaient expropriés ; ce qu'il voulaient, c'était la disparition de leur luxe. Ok, d'accord, c'est moi qui ai exhumé ça de chez Borkenau. C'est moi qui en ai fait un mot d'ordre. Un slogan, même. Je peux difficilement prétendre que je ne savais pas ce que je faisais. C'est vrai. Ca les a enthousiasmé au Commandement Militaire Unifié. Ils en redemandaient. Je leur ai bien fait remarquer qu'une fois tout détruit, il ne leur resterait plus rien à réduire en poussière. Qu'il faudrait passer à autre chose. Ils s'en foutaient. C'était la fête ininterrompue. Tant mieux pour eux.
Quelques vieux-cheveux ont tenté de mettre le hola, sont venus me chercher pour que j'intervienne. Je leur ai fait remarquer que ce n'était guère cohérent avec leurs déclarations passées. Celles du temps de l'ancien monde. Ils ne faisaient pas les fiers. J'ai juste donné mon accord pour limiter les incendies qui commençaient à devenir incontrolables.
Ils ont supplié, pleuré même pendant le sac du Louvre. Ils ont essayé d'empêcher les miliciens de balancer toutes les collections dans la Seine. Du moins les pièces pas trop importantes, les autres ayant été pulvérisées à la masse in situ. Bien entendu, j'aurais pu dire : Ah non, ce truc là, je l'adore, vous me le mettez de côté, reservez une pièce pour les survivants. Mais pourquoi j'aurais fait ça ? Pourquoi j'aurais épargné les taureaux ailés et pas les portraitistes du XVIIIème siècle ? Parce que je préfére les premiers aux seconds ? Ce n'était pas bien sérieux. Alors l'art assyrien a fini en gravats et les toiles dans le courant.
Ne pas s'en prendre aux infrastructures, on s'était mis d'accord là-dessus. Les réseaux (eau, gaz, électricité, téléphone, haut-débit) devaient continuer à fonctionner. Pour le reste ... Fouets et colifichets doivent disparaitre ! C'est pas de moi, celui-là. Mais ça allait dans le bon sens. Question de logique structurelle.
C'est lors des autodafés que j'ai tiqué. Ils perdaient les pédales ; jeter au feu les outils du savoir, c'était de la connerie en branche. Science de classe, mes couilles ! Ils se prenaient pour Lyssenko, les commissaires permanents ... Mais je n'ai pas pu arrêter K. quand il a déclaré que la fiction était à la fois contre-révolutionnaire, pernicieuse et inutile. Je n'ai pas moufté. J'étais contre mais ce n'était pas défendable. On doit statuer demain sur le sort des sciences humaines. Je m'en lave les mains ...

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Commentaires
E
"... la révolution est donc nécessaire, non seulement parce qu'il est impossible de renverser autrement la classe dominante, mais encore parce que seule une révolution permet à la classe qui renverse de balayer la vieille saleté et de devenir capable de fonder la société sur des bases nouvelles"
Mémoires d'un apathique
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