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Mémoires d'un apathique
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17 juin 2007

Lacombe et Lucien sont des salauds

Je ne sais pas ce qui m'a pris. En fait, je le sais, parce que je l'ai regardé en douce, tout seul, mesurant bien l'étendue de la cata potentielle.

Je l'avais déjà vu, il y a longtemps, Lacombe Lucien, pas en entier, je pense, parce qu'il ne m'en restait que la réplique « Lacombe Lucieng » du héros éponyme lorsqu'il se présente à quelqu'un. J'aurais mieux fait de m'en tenir là.

C'est vraiment l'horreur pure cinéma qualité france ce film. Mise en scène paresseuse, photographie gerbeuse, montage myopathe, acteurs sous-jouant (voire jouant comme des pieds), et dialogues catastrophiques. Mais ça je m'en suis douté dès le générique puisque Modiano est co-crédité pour le scénario. Quand un mauvais écrivain essaie de faire mettre en bouche des répliques écrites dans un français maladroit censé simuler le parler oral, on est géné pour lui, génés d'être les témoins d'un pareil ridicule, un peu lorsqu'on tombe sur un bouquin auto-édité. Le pire, c'est que dans le même temps, ces dialogues essaient d'être malins, on veut de la répartie et au final, mal foutus et batards, ils tombent complètement à plat. Ca se veut oral, c'est une honte ; ca se veut littéraire, on dirait au théatre ce soir.
Evidemment, il y a une intention louable dans ce film, qui est de montrer que les méchants ne sont pas si méchants que ça, les aléas de la vie, tout ça quoi. Que le jeune Lacombe, il aurait pu être résistant, il s'en est fallu d'un cheveu. L'ennui, c'est qu'on tombe dans le cliché du contre-cliché. La narration est tellement appuyée qu'on a compris dès les 10 premières minutes que le Lucien va être victime d'un fourbe hasard ; ce qui fait que le reste du film pourrait être un talk-show sur comment j'ai pas fait exprès d'être un milicien. On ajoute à ça une histoire d'amour génialement inepte et honteuse de poncifs (police allemandeu s'amourrache d'une jeune juive planquée), qui, évidemment, rédime notre ami le vrai-faux méchant. Après le révisionisme historique mollasson, la collection Harlequin.
Ce qui est rageant, c'est qu'à partir d'un pitch potentiellement béton, on choit presque immédiatement dans le n'importe quoi vu 1000 fois. D'ailleurs, vu la non-qualité formelle de l'oeuvre, on pourrait tout aussi bien visionner les 12 épisodes d'une série sur TF1. Il ne s'agit pas juste d'un dommage comme pour La Chute dont la réalisation moyenne ne permet pas d'exploiter le sujet d'enfer, mais d'un échec complet, tant narratif qu'esthétique.
Aurore Clément semble initier la série des actrices françaises dont l'unique jeu est l'hébétude quelles que soient les circonstances. Ce qui surprend, puis agace rapidemment, surtout lorsqu'on prend en compte le personnage qu'elle est censée incarner. Sa non-performance couplée au sous-jeu systématique du reste du casting provoque un sentiment étrange, celui d'assister à une parodie perverse, une sorte de qualité france pour déconner, une vanne subtile pour initiés. Mais un petit peu longue, si c'est le cas.

Il va sans dire qu'une pareille merde, académique à souhait, sans la moindre surprise, a reçu l'Oscar 1974 du meilleur film étranger, ce qui en dit long sur les conditions d'attribution de ce colifichet (sans même parler des Cesars qui n'existaient pas à l'époque).

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