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Mémoires d'un apathique
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22 février 2007

Une filature

22

C'est le soleil, dehors, qui est responsable de tout cela. Et la mauvaise conscience à rester à l'intérieur. Quand il fait si beau, c'est un pêché, nous dit le bon sens. Et le bon sens n'aime pas qu'on ne se plie pas à sa volonté.
Alors, je pris l'appareil, car, quand la luminosité va, le shooting va. Bien que je n'en sois pas vraiment persuadé et qu'en plus je ne me sentais pas aujourd'hui une âme d'archiviste. C'est selon ; certains jours, j'ai l'oeil. L'oeil superman qui voit au délà des apparences et de ce qui semble avoir été étiqueté une bonne fois pour toute. Ou qui s'imagine que. Mais ce n'était pas le cas.
Pas d'idée, pas de vision. Alors j'ai trainé un peu, et me suis dit que je prendrais bien un déjeuner en terrasse. Terrasse, protégé, bien sur. Je savais où ; au marché. Un petit rade que j'avais déjà repéré. Veau marengo et tagliatelles.
Puis je suis rentré. Avec la petite voix qui me disais « c'est trop tôt, c'est trop tôt, c'est péché ». Et je l'ai croisée.

plan2


1) Une femme d'une trentaine d'année, vaguement blonde, remarquable surtout par son manteau rouge sombre tigré. Suivons là. Je savais que ça ne présentait aucun intêret ; une femme banale, qui rentre au travail après la pause déjeuner, inutile et impossible de m'inventer des histoires prodigieuses.

Alors j'y suis allé. En restant à une centaine de mêtres derrière elle, changeant de trottoir de temps à autre, comme j'avais vu faire dans les films. Sans vraiment de raison ; plongée dans ses pensées,elle avançait avec la détermination du chien de traineau, et j'aurais presque pu lui renifler les talons au lieu de jouer au vieux de la vieille, au privé exceptionnel formé par la Stasi 20 ans auparavant. Je l'ai même dépassé à un moment, pour voir au passage son visage, puis ai continué un instant d'un pas rapide, me suis arrêté, ai pris une photo du mur pour me donner une contenance et elle est passé à son tour sans même me jeter un regard.

2) J'avais raison : à la filer, je suis arrivé dans la zone industrielle ou plutôt tertiaire, escalier presque dissimulé alors que je croyais l'avoir perdue, et au niveau +1, elle est entré dans un immeuble. Productions audiovisuelles.

Qu'allais-je bien faire ? Elle m'avait entrainé assez loin, presque jusqu'aux extérieurs, j'étais grognon, et fatigué à l'avance par le chemin de retour archi-connu qui m'attendait. Alors, j'ai décidé de poursuivre sur le boulevard Ney. J'aime bien les maréchaux dans le nord. C'est une sorte de no man's land, pas vraiment une frontière, plutôt un endroit pas fini, sans fonction clairement établie, habitations, certes, bureaux aussi, mais quelque chose manque. A moins que cette absence ne soit une qualité positive. Je ne sais pas. Marcher entre deux murailles.

3) Le bowling. On avait prévu avec B'. d'y aller un jour. Après avoir décidé que le top du top en matière d'installations conceptuelles, c'était finalement d'aller au bowling. Enfoncée, la FIAC. Une oeuvre d'art programmée, avec pour le même prix, le plaisir d'essayer de faire tomber les quilles.

Arrivé à porte de La Chapelle, j'aurais pu décider de bifurquer vers l'intérieur, mais j'ai préféré tracer la route. Dans le temps, il y avait dans ce coin une ribambelle de putes d'Europe de l'Est. Pas un chat , aujourd'hui. La nuit, peut-être.

4) Le pentax a enfin justifié sa présence, et j'ai pris les éclairages au sodium sous le tunnel. Banal, mais j'ai senti la necessité de faire au moins une photo. Pour ne pas dire que je m'étais contenté d'errer sans but. Des repérages, de l'art graphique en vue. Ca passe mieux.

5) Sur le pont, quelques voitures immobiles, attendant le feu pour entamer la descente. Dans l'une d'elles, une femme, assez jolie, et je repérais que la porte passager était ouverte. Grace à la petite tige de verrouillage levée. Pas raisonnable, ça madame ; je pourrais monter et détourner le véhicule. Pas la Havane, bien sûr. Les voitures ont démarré.

Désormais, j'entamais le retour. Rues connues, rabachées, usées. Rien d'autre à faire qu'à accélérer le pas. Toujours le soleil. Toujours le pentax inutile au bout de sa sangle.

6) Quelques affiches pour le Mouvement des Jeunesses Libérales Travaillistes. Une élection au Sénégal, si j'ai bien compris. Et des DVD en vitrine. Du théatre filmé, au sens strict, semble-t'il ; Par la Compagnie Evangéliste, meilleure compagnie 2005-2006. On ira sûrement en acheter un échantillon avec B'. Aussi l'histoire d'une jeune lycéenne qui tombe amoureuse d'un commerçant de Dakar, qui convainc sa famille de la laisser l'épouser pour s'apercevoir au final qu'il est son père caché. Pas mal aussi ...

 

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