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Mémoires d'un apathique
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18 janvier 2007

Le documentaire

- (Moi) Oui, bon, après le synopsis démoniaque de comédie policière légère (CPL™), j'ai eu une autre idée ...
- (LVC) Ouh là là, mais c'est la fête ...
- (Moi) Oui, c'est comme ça, trop créatif je suis, c'est ce qu'il m'ont dit à l'ANPE tout en me conseillant de bosser dans la pub ...
- (LVC) Et tu vas le faire ?
- (Moi) Pas vraiment, en fait je veux être plombier-chauffagiste, mais à vrai dire ce n'est pas le problème ...
- (LVC) Revenons à l'autre idée, c'est vrai ...
- (Moi) Non, parce que je viens de lire un bouquin de Dominique Baqué sur l'art contemporain qui réussit le tour de force a) de ne se référer qu'à des articles des Inrocks, Technikart et Art-Press b) de ne jamais répondre à LA question interessante (à quoi ça sert / est-ce que ça a encore un sens ?). Si j'ai bien compris (mais c'était la diagonale sur la fin pour être honnête), il faut remplacer l'art contemporain engagé par le documentaire pour lutter contre cette saloperie de société ultra-libérale très méchante en révélant le vrai réel du réel. Bon, en fait elle use et abuse des précautions méthodologiques pour dire que le réel, attention, il est pas donné mais toujours construit (et ce truc plein de truismes est édité chez Champs-Flammarion ...), mais l'esprit est là ...
- (LVC) On s'égare un peu, là, non ?
- (Moi) On y vient, on y vient ... En fait, le documentaire comme réalité du réel, c'est un peu pête-couilles quand même. Ce qui m'a toujours interessé, ce sont les faux documentaires. Ca porte un nom d'ailleurs,mais j'ai oublié. En résumé : un film de fiction tourné comme un documentaire avec tous les codes ad hoc. La contrefaçon parfaite. Du vrai/faux réel, car l'idéal est de s'attacher à un sujet plausible, ou au moins à une légende urbaine.
- (LVC) C'est pas très nouveau ce genre de truc ...
- (Moi) Non, absolument pas. En fait L'hypothèse du tableau volé entre presque dans cette catégorie. Il va sans dire que les sujets potentiels abondent (Evidemment dans le monde réel, à l'oral, je n'emploie pas les tokens il va sans dire et potentiel dans la même phrase. Ceci est aussi une forme de vrai/faux documentaire).
- (LVC) Donc ?
- (Moi) Et ça ne présente que des avantages : que ce soit tourné en DV, crade, lumière naturelle, équipe réduite et compagnie, c'est un plus, en l'occurence.
- (LVC) Et DONC ?
- (Moi) (ronchonnements) Voilà, voilà ... En fait c'est un mec, quelque part dans une campagne paumée, qui fait des expériences sur des enfants ..
- (LVC) Des expériences ?
- (Moi) Oui, c'est une sorte de sociologue/ethnologue expérimental. Il met des enfants en isolement pendant des années, d'autres par sexe uniquement, d'autres avec des cochons, et ainsi de suite, je ne suis pas encore trop fixé, et regarde ce que ça donne quand ils arrivent à la puberté. Ce qui m'y a fait penser (entre autres), c'est qu'au XIXème siècle, sur la demande de la reine Victoria, on avait nourri deux condamnés à mort, l'un exlusivement de café et l'autre de chocolat (liquide). Quoi qu'il en soit, le type a une sorte de camp de concentration, mais en plus soft, parce qu'évidemment les ados qu'il obtient sont un peu perturbés, voire dangereux, donc il ne peut pas les laisser dans la nature ...
- (LVC) A vrai dire, c'est franchement illégal, ce qu'il fait, même ...
- (Moi) Oui, je sais c'est problématique, je vois mal dans ces conditions pourquoi il accepterait d'être filmé et de faire visiter son petit laboratoire de savant fou. C'est dommage, parce qu'évidemment, il a fondé une milice avec les gosses, ce qui me permettait de me raccrocher à un autre sujet possible : les milices de la Creuse.
- (LVC) Les milices de la Creuse ?
- (Moi) Oui, c'est un peu comme les milices du Montana ou de l'Idaho aux States, sauf que c'est en France, et dans la Creuse, parce que c'est paumé.Mais milices de la Creuse, ça sonne nettement moins bien que milices du Montana. Et en plus, je pouvais me faire un petit plan freedom fighters, attends j'explique, c.a.d les enfants soldats des guerres de Sierra-Leone ou du Libéria.
- (LVC) tu peux vraiment faire un documentaire de 60 ou 90 minutes sur un sujet pareil ?
- (Moi) Why not ? Outre l'interview du fondu, de ses cobayes et la visite du camp, on peut aussi interroger les autochtones du coin (qui pensent que c'est une secte, un truc de pédophiles ou dieu sait quoi), les flics, voire des membres incognito des RG qui enquêtent là-dessus ...
- (LVC) Laisse tomber, c'est pas crédible ... Pas plausible ...
- (Moi) Pourquoi t'es la voix de ma conscience si tu me casses toutes mes belles illusions ?
- (LVC) Tu me remercieras plus tard ...

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