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Mémoires d'un apathique
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7 janvier 2007

Un sujet qui fache

Au Proche-Orient, en plus de l'Etat d'Israel (et de l'Etat croupion Palestinien), on peut compter un certain nombre de pays : La Jordanie, le Liban, la Syrie, etc ... (on laissera de côté l'Irak pour des raisons évidentes). Pays dont on ne parle jamais sauf lorsqu'ils sont en guerre avec Israel. Pour les media, le Proche-Orient, c'est le conflit Israelo-Palestinien. Il capte à lui tout seul l'essentiel de l'attention portée aux conflits de basse intensité. Car c'en est un : du 07/2000 au 12/2005, on dénombrait 4907 victimes (3815 palestiniennes et 1092 israéliennes) [1], soit environ 1000 par an. C'est finalement assez peu ; rien qui justifie que l'attention du monde entier se polarise en permanence sur ce petit coin de planête.
A titre de comparaison, la guerre au Sierra Leone, a fait en 10 ans, de 100000 à 200000 victimes. On en a assez peu parlé, malgré des massacres d'une toute autre ampleur. Et remarquons bien que le delta des estimations (du simple au double) sous-entend en fait carnages de masse, charniers, déplacements de populations et pratiques quasi-génocidaires.  Certes il s'agit d'une guerre qui a duré deux fois plus longtemps que la seconde intifada, mais néanmoins il reste que les chiffres ne sont pas comparables.

On pourrait se dire que si l'Etat d'Israel était peuplé de Druzes (par exemple) en guerre contre des Palestiniens, nul n'y preterait une grande attention. La bonne-mauvaise conscience occidentale post-Shoah fait se focaliser les opinions euro-américaines sur ce tout petit territoire. Avec aussi le vague sentiment, résidu d'antisémitisme, que le juif, en Israel, a failli, n'ayant pas joué l'échine basse et ayant eu le culot de se doter d'un Etat comme les notres. Ou on ne digère pas que la victime se soit tranformée en salaud, nous trahissant ainsi [2]. Sans compter que certains ont trouvé le juif du juif, à savoir le palestinien, la victime souffrante pour laquelle on peut prendre fait et cause, maintenant que les israéliens sont devenus un peuple comme les autres, avec une armée, des usines, de la consommation, et même des films pornos.

Toute opinion sur le conflit est irrémédiablement vouée à partir en vrille en plein irrationnel. Fantasmes, projections, Israel sert à tout. Il suffit de voir certains intellectuels juifs de France, soit disant héritiers des Lumières, justifier l'existence de l'Etat d'Israel à partir de sources religieuses. Il suffit de voir la droite française fantasmer Israel comme dernier bastion devant Al-QuaÏda. Il suffit de voir la gauche française soutenir sans férir l'Autorité Palestinienne, peu démocratique et totalement corrompue.

HautetFort s'est fait la spécialité des blogs communitaristes. J'ai pu lire des textes pro-israéliens (rassurez-vus, c'est pareil de l'autre côté) hurler à la barbarie lors des attentats de kamikazes dans les marchés ou les autobus. Je voudrais rappeler deux points :

  • La technique du camion ou du bus piégé, historiquement, a été mise en place par la Hagannah contre les Palestiniens lors de la seconde phase de la révolte arabe de 1937.
  • En quoi un bombardement de quartiers résidentiels à l'obusier, comme ce fut le cas à Sarajevo, est-il moins barbare qu'un attentat suicide en plein centre-ville ? Le kamikaze est lâche et inhumain. L'artilleur qui fait pleuvoir les obus sur le même marché est courageux et respecteux de la vie ...

Une dernière remarque : c'est l'ennemi qui décide qu'il est votre ennemi et qu'il est en guerre. Vous pouvez bien lui raconter que ce n'est pas le cas, il s'en fout, et de son point de vue, c'est un signe de faiblesse de votre part. Si des factions du Fatah s'estiment en guerre contre Israel, et bien, elles le sont. Elles font la guerre avec leurs moyens, sans armée, sans aviation, et sans beaucoup d'armes. On appelle ça le terrorisme. Ce n'est que ça le terrorisme : la guerre avec un budget limité ...

1 On remarque en voyant ces chiffres que l'on n'est pas dans le cas d'une guerre coloniale. Le rapport est d'environ de 3 palestiniens tués pour un israélien. Dans une  guerre coloniale qui  se respecte, le rapport est au moins de 10 à 1.  Par exemple, lors des masssacres de  Setif en 1945,  on a dénombré 100 européens tués et 1000 musulmans lors de la répréssion (chiffre officiel de l'armée française, donc a minima).

2 Une victime n'est pas nécessairement une sorte d'ange opprimé. Ce peut être un salaud que les circonstances ont empêché de donner la pleine mesure de sa malévolence.

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