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Mémoires d'un apathique
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26 décembre 2006

Un p'tit coup de populisme !

Je vous aime. Et de ce fait, je tiens à vous faire partager mon savoir qui est immense. Par exemple, ayant récupéré pendant des années les tickets de caisses de Pierre Bourdieu, je suis désormais à même de vous faire un petit topo sur la sociologie d'entreprise. Attention : j'entends par entreprise, de GRANDES entreprises d'au moins 1000, voire 10000 salariés. Des bureaucraties, en somme, qui ne se distinguent de l'administration publique que par leur prétention à générer des pesos.

Statistiquement, comme tout groupe humain, ces entreprises sont remplies de cons. Mais ce pourcentage est bien plus élevé que dans la population moyenne, les entretiens d'embauches captant souvent de grosses brelles dociles, et les boulots à la con proposés rebutant les gens qui pourraient avoir du talent.

Commençont par un graphique qui illustre la répartition des idéologies ou groupes psychologiques globaux dans l'entreprise. Oui, j'entends d'ici le sociologue de service (et en laisse) hululler que, pas du tout, c'est vachement plus compliqué que ça et que lui, il a fait une vraie étude sur 521 sujets, corrigés des variations saisonnières, avec de la bibliographie en pagaille et des notes de bas de page, en veux-tu en voilà. J'admets, j'admets, qu'il s'agit d'un modèle simplifié, mais qui nous aidera à clarifier les choses.


usine_b

  • Les valeureux sont ceux qui ont des valeurs, qui croient à des valeurs, à savoir celles de l'entreprise, autant dire qu'on leur fourguerait de la poudre à récurer pour de la coke ultra pure. Limités du cortex, incapables de résoudre le plus trivial des syllogismes (du genre : un lapin est un animal, un hamster est un animal, que peut-on en déduire ?). Dans ces conditions, il n'est pas étonnant de retrouver dans ce groupe les commerciaux, et à un degré moindre, les marketeux qui essaient de faire oublier qu'ils ont appris en 20 secondes la psychologie et la sociologie de la vente au dos des emballages carambar en faisant du zèle pour être encore plus valeureux que les autres. C'est dans ce groupe aussi qu'on rencontrent tous ceux qui veulent devenir calife à la place du calife. En résumé la valeur à laquelle ils se réfèrent  in fine est :  flatter celui du dessus et foutre des coups de pieds à celui qui est en dessous.
  • Les moutons sont dans l'entreprise une sorte d'avatar du Français moyen. Ils sont toujours contents de leur sort, ne croient jamais qu'ils seront lourdés jusqu'au moment où ils sont convoqués par la DRH, alors qu'objectivement ce sont eux qui vont dégager en premier (toutes choses égales par ailleurs). Leurs grands-parents ont cru à Pétain, leur parents à Cohn-Bendit en 68, et maintenant ils croient à n'importe quoi du moment que c'est asséné avec suffisamment de niaque et de régularité. En l'occurence en ce merveilleux concept d'Entreprise Citoyenne (c'est une sorte d'oxymoron, comme un Gengis Khan super cool).
  • Les démotivés bossent sans y croire. Pendant les kick-offs, ils s'emmerdent sévère, font des paris sur les mots clés du tribun et le moment où ils vont apparaitre, se tripotent en douce le bout de la verge, si ce sont des hommes, en se demandant si une érection est concevable dans un pareil endroit. Les démotivés assez paradoxalement bossent honnêtement, parce qu'ils aiment le travail bien fait, parce qu'ils ont encore un truc qui s'appelle conscience professionnelle et aussi parce qu'ils ne se lêvent pas le matin pour glander 8 heures au bureau. Parmi eux, c'est vrai, il y a aussi de vrais glandeurs, qui profitent de la bête (fournitures à l'oeil, CE à fond la caisse, etc ...). Mais ces derniers ne sont pas majoritaires.
  • Les râleurs, contrairement aux précédents, protestent du fait de cette démotivation et parce qu'on les prend ouvertement pour des débiles mentaux (le probleme reste de savoir si la comm' interne n'est pas réalisée effectivement par de vrais débiles mentaux). Les syndicalistes se recrutent essentiellement dans ce groupe. Les râleurs, qui sont des grandes gueules, paradoxalement, font peur, et ne sont pas les premiers être virés. Par contre s'ils virent révoltés, c'est la porte direct !

L'entreprise étant censée produire des bénéfices, on pourrait s'attendre à ce que ce soit un foissonnement de talents tous azimuts pour arriver à ce résultat. Or du fait des entretiens d'embauche précités qui ont tendance à sélectionner des clones plutôt serviles, on est assez loin du compte. D'autant que le but ultime et inconscient de la bureaucratie, c'est de générer encore plus de bureaucratie, si c'est possible.

Ainsi il est intêressant de faire une répartition des talents au sein de l'entreprise.

 

usine_a


  • Les incompétents sont légion. Ce n'est pas qu'ils soient juste non-productifs. Le problème vient de ce qu'ils sont contre-productifs, ce qui signifie que les autres catégories doivent en plus de bosser rattraper leurs conneries. Les incompétents, qui ont subconsciemment conscience de leur nullité foncière compensent souvent en s'incrustant dans le groupe des valeureux, où l'on retrouve aussi un gros paquet du mid-management, tant il est vrai qu'à ce niveau hiérarchique les compétences (ainsi que les promotions) deviennent nébuleuses et difficilement quantifiables. Sans compter le syndrome de Peter.C'est le royaume des Grandes Gueules pas foutues de renouer leur lacet mais qui sont à toutes les réunions avec leur portable sur lequel nul ne sait ce qu'ils peuvent bien taper.
  • Les passables font leur boulot, mais pas plus, c'est à dire ce qu'on leur a dit de faire. Ils font souvent, mais pas necessairement partie du groupe des moutons. En les prenant en main, on peut arriver à augmenter leur productivité, car ils ont un bon fond, et ne réchignent pas à l'effort pourvu qu'on les convainquent que ce serait cool qu'il le fasse même quand on a le dos tourné.
  • Les Compétents font tourner la baraque. Ils s'occupent des passables, bossent de leur coté, et ils se demandent souvent pourquoi. On peut dire qu'ils font souvent partie des démotivés. Mais, pour être honnêtes, il se répartissent entre moutons et démotivés. Ils bossent et c'est le principal (pour la boite).
  • Les Très compétents forment un groupe hétérogène : d'abord il y a des Geeks qui de toute façon sont fascinés par leur outil de travail (quand bien même il s'agirait des crématoires de Sobibor) ; ensuite il y a des Valeureux qui espère monter grâce à leur réel talent ; il y a aussi des démotivés (mais ils ne le restent pas et partent assez rapidemment) et aussi des cas à part, genre cyber-punk, les mecs en nu-pieds aux pots de la direction.

Voilà, chers petits amis, un tour d'horizon, hélas un peu rapide, du monde merveilleux de l'entreprise. A vous de savoir si vous avez envie d'y entrer, de profiter du RMI, de vous lancer dans des trafics illicites et divers ou de finalement rester jusquà 70 ans chez papa-maman.

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