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Mémoires d'un apathique
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27 novembre 2006

hutongs et post-modernité

J'avais dit que je parlerai des hutongs. Que sont les hutongs, se demande le lecteur francophone qui n'est pas allé en Chine, comme quoi c'est un ringard contrairement à moi, qui suit la queue de la comète de la post-modernité superactive ?
Disons que les hutongs sont ou plutôt étaient les quartiers populaires de Beijing (et probablement d'autres villes chinoises, mais je n'y suis pas allé vérifier). De petites maisons de plain-pied, en briques grises ou devenues grises avec le temps (et la méthode de chauffage). Veinés de petites ruelles serpentines, les hutongs sont des endroits délicieux où se promener (malgré l’odeur de merde omniprésente), et où l’on peut tomber sur ce qui semblait être un mythe pour touristes, à savoir les vieux en train de jouer au mah-jong.

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hutong vu de l'extérieur. On remarquera le côté artisanal des toits

 Le hutong est un must du tourisme urbain alternatif. Plutôt que de se farcir les hordes de sexagénaires venus en troupeaux de Haute-Saxe à la Cité Interdite, on peut se leurrer gentiment dans les hutongs, tranquillement, à son pas, s’imaginer découvrir ainsi l’authentique âme du peuple chinois, presque comme au temps des premiers missionnaires jésuites. Et il est vrai, que seuls non-bridés parmi les bridés, l’illusion n’est pas loin d’être parfaite.

hutong3
hutong vu de l'intérieur. On remarquera le côté artisanal d'à peu près n'importe quoi

 Les hutongs sont donc en voie d’extinction rapide à Beijing, remplacés par des merdes prétentieuses en verre et béton, construites à la chinoise, c.a.d bonnes à jeter au bout de 5 ans. Pour l’amateur de ballades urbaines romantiques que je suis, tout cela est fort regrettable.

hutong4
A droite hutong en voie de destruction imminente. A gauche, ce qu'on construit à la place dans le meilleur des cas. Au centre, vélo électrique lancé à pleine vitesse.

Mais Il faut aussi être honnête : le hutong c’est limite bidonville. Certes avec l’électricité, peut-être l’eau courante, pas de chiottes (d’où l’omniprésence des terribles chiottes publiques pékinoises et donc de l’odeur de merde) et le chauffage au charbon. Les habitants – s’ils y étaient relogés – apprécieraient d’habiter dans des tours, certes moins typiques, mais oh combien plus confortables.

hutong2
Chauffage dans le hutong : les trucs noirs au sol sont des briquettes de charbon. le truc blanc à droite en l'air n'est pas spécifiquement destiné au chauffage : il s'agit d'un chat pékinois classique, rare, bien nourri, au pelage mi-long blanc sale.

 Les hutongs souffrent de surcroît du syndrome Marais : certains nouveaux riches moins vulgaires que les autres (ou plus perspicaces), se font construire des maisons dans les hutongs, des maisons comme les autres, en briques grises, de plain-pied, mais avec toutes les commodités et des caméras de vidéo-surveillance. Il y a tout un quartier de bobos qui commence à se structurer le long des lacs, au nord. C’est toujours aussi charmant, mais on ressent cette espèce de réticence devant le toc bien imité. Comme dans le Marais …

 

 

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Commentaires
M
C'est bien pour ça que j'ai dit : "s’ils y étaient relogés" (sur place) ... <br /> Quant au 5eme périf, oui je vois, j'y étais (bon, entre le 4eme et le 5eme).<br /> La question est bien : vaudrait pas mieux que les gens soient relogés sur place à loyer égal que vivre dans les hutongs ? Vu comment les alentours des immeubles d'habitations se transforment en ... disons lieux conviviaux ... on n'y perdrait même pas beaucoup en charme. <br /> Evidemment, la question est purement théorique ...
M
contents? mouai, tu serais content toi si du jour au lendemain on taguait d'une énorme croix rouge la demeure qui a été le temoin de l'histoire de ta famille sur des générations, qu'on la réduisait à l'état de ruines en quelques jours seulement, sans indemnisations (enfin, des indemnisations chinoises quoi...) et que l'on t'envoiyait dans des cages à lapin dans toute la spendeur chinoise dans le 5 ou 6ème périphérique de Pékin? Tu visualises la distance que ça fait le 5ème périph pour un un mec qui bosse donc dans le centre et qui n'a pas la thune ni le temps de faire le voyage (c'est que Pékin c'est pas Melun)? Et le loyer, tu crois que c'est le même? <br /> Je ne dis qu'une chose: vive le progrès...Alors ok, les hutongs regroupent souvent une quantité assez effarantes de taudis, le probleme c'est qu'en Chine la rénovation ils ne connaissent pas, ils passsent directement à la case "destruction". Ce qui est bien souvent dommage, surtout quand on voit ce qu'ils foutent à la place... (ça me rappelle la belle colline derriere chez moi qui les gonflait un tantinet pour la construction de je ne sais quelle banque ou "computer market"...tout simplement explosée à coup de dynamite. a pu)<br /> enfin, bon, tout ça pour dire que...nan, j'crois pas.(bel effort de conclusion)<br /> (t'as vu, j'ai fait plus long cette fois...)
Mémoires d'un apathique
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