6 novembre 2006
C'est beau une ville, la nuit
Ce qu'il y a de bien dans ce pays (la France, pour ceux qui n'aurait pas suivi), c'est que les vieux cons ont une côte d'acier. Inamovibles tel un membre nonagénaire du politburo au bon vieux temps de Brejnev. A droite (version hierarchies naturelles) ou à gauche (version lien social), ils s'imposent à une population terrorisée, on ne sait trop par quoi, mais qui a tellement les jetons qu'elle ne remarque même plus le dentier qui se barre avec une belle régularité. |
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Le français est un bon touriste. Il s'extasie devant ce qui est indiqué dans le Guide du Routard , mais évite de trop sortir de l'hôtel. Il adore le pittoresque, c'est à dire ce qui est d'une inocuité notoire, mais n'imagine pas que les gens du pays puissent se servir d'un ordinateur ou préféreraient faire ça plutôt que de faire les cons lors de danses folklorique typiques. Le français aime bien les pays qui restent à leur place dans la disneyisation du monde. |
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Ainsi l'Asie du sud-est est considérée comme un reservoir à putes pré-pubères ou comme un joli catalogue de traditions ancestrales, mais certainement pas comme l'endroit où sont conçus et assemblés leur PC. L'Asiate est mystérieux, mais ne bosse pas dans un bureau durant les heures réglementaires . D'ailleurs, personne ne semble pas s'étonner outre mesure de l'existence de métros ou d'immeubles pour salariés du tertiaire. |
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Le Japon est un cas un peu particulier qui marie dans les fantasmes des frankaouis (et des occidentaux en général, soyons juste) les saveurs surannées d'une tradition fascinante (mais imbitable) et l'arrache-gueule d'une modernité plein-pot-allons-y-moussaillons. Ce qui fait que toute vision occidentale des nippons ne s'attache qu'à la cérémonie du thé et/ou aux otakus . Il n'y a que dans les films japonais qu'on s'aperçoit, avec une certaine stupeur, que les autochtones bouffent des instant noodles cuites au micro-ondes. |
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D'ailleurs quand on leur parle d'extrême-orient , les français déblatèrent aussi sec sur le Japon. Quand ce sont de gros déguelasses, ils citent la Thailande. Parfois le Vietnam. Ou la Chine, parce qu'il est à la fois difficile d'ignorer un milliard d'habitants et d'échapper aux publi-reportages qui pullulent (le journaliste en mal d'exotisme ayant un peu de mal à sortir de l'ornière que ses petits camarades creusent avec le front bas de l'âne attaché à sa noria). Par exemple, la Corée (du sud) ne semble pas trouver grâce à leur yeux. Pourtant, pays d'une vitalité assez stupéfiante, il devrait. Je rêve d'ailleurs d'aller à Séoul. |
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Aussi quand j'arrivais à Bangkok à l'invitation de S., je me doutais bien que je n'allais pas me taper une visite nunuche pour vieux cons extasiés sur le dos des éléphants. Déjà, un voyage de 20 heures avec 3 escales en passant par les Emirats était une expérience en soi. C'est que S., comment dire ... Elle a du goût. Il en faut aussi en vacances. Je veux dire qu'il en faut même dans la façon de passer ses vacances. |
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Déjà, après un massage local pour effacer le jet-lag, je fus entrainé dans les grands magasins. Parce que voyez-vous, le pouls de la Thailande (ou plutôt de sa capitale) se prend dans les grands magasins. C'est cela l'intelligence d'une touriste comme S. Dans les marchés aussi où nous avons passé un bon bout de temps à chercher les t-shirts les plus flashy qui soient. Ainsi que des lunettes de soleil made in Chine Pop, adaptées à ma grosse tête. Sans compter le ciné où nous avons pu nous délecter d'un film chinois doublé en Thai. Et les séances d'aérobic collective dans le parc. |
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S. m'avait prévenu : tu vas voir, ici c'est le Nouveau Monde , nous, on est des vieux cons, gouvernés par des cons encore plus vieux. Ca pulse la Thailande, faut dire. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les peluches à la fois psychédéliques et gore pour s'en rendre compte. J'en ai acheté pour ma nièce, mais ses parents m'ont fait comprendre qu'ils auraient préféré Petit Ours Brun en layette rose. Je me souviens aussi des gros gâteaux comme passés à la peinture acrylique, imitations récentes de leurs homologues occidentaux , mais bien plus toniques et faisant bien plus mal aux yeux. Avis aux justes : ni l'un, ni l'autre n'avons ignoré la corruption endémique du pays (d'où le recent coup d'état militaire), ni la misère, ni l'exploitation. De toute façon, pas la peine de faire la moitié du tour de la planête pour s'émouvoir ; suffit de quitter sa télé 5 minutes. |
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Tout ça pour vous dire qu'à la fin de la semaine, je pars à Pekin rejoindre un pote de B'. qui y fait des études. je reviendrais le 21 ou 22, je ne sais plus. Faudra pas protester. Oui, je sais que je suis le plus beau, mais j'y vais quand même. C'est prévu de longue date ...
(et c'est la dernière fois que j'insère du code HTML brut de fonderie dans un de mes posts ; c'est vraiment trop chiant)
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