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Mémoires d'un apathique
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6 juin 2006

Où je vais au cinéma et je pense (avec ma tête) après

Sur les conseils de V., je suis allé voir le film de HPG. Pour être honnête, je comptais aller le voir, car j'avais vu un excellent court-métrage de lui lors d'un festival de films pornos des années 30 (il était en bonus).

Bon l'histoire est simple : HPG (acteur de porno authentique) décide que ça ne le fait plus, et veux devenir un "vrai" acteur. Il rencontre des acteurs, des metteurs en scène et sa copine par la même occasion. Bon sujet de départ. Mais de départ, seulement. Après ça sombre dans le film d'auteur français bavard, avec comme unique gimmick que le rôle principal est tenu par un hystérique avec une grande bite.

B'. (je l'appelle B', parce qu'il y a déjà un B. dans ce merveilleux blog), qui avait fait du théatre étant jeune et avait détesté ça, m'a fait remarqué que c'était un film d'acteurs pour les acteurs plein de merveilleuses et subtiles préoccupations d'acteurs (a quand un film un film de plombiers pour les plombiers plein de merveilleuses et subtiles préoccupations de plombiers ?). Qui ça peut interesser d'autre ? V. est actrice ; je comprends son enthousiasme. Mais ce n'est pas mon cas. Ni celui de B'.

Le film n'est pas vraiment raté ; il y a de bons moments. Quand même. Et HPG filme et monte très bien, avec un côté volontairement crado assumé. J'aime.

Mais HPG est touchant. Bien sûr il se joue un personnage borderline gratifiant, face à la nulllité des apprentis acteurs en face de lui. Je ne sais si c'est voulu ou pas, mais lorsqu'il les agresse sur leurs gueules de forts en thème, on ne peut qu'être d'accord avec lui. Des petites frappes arrogantes, qui s'imaginent jouer des rôles alors qu'ils régurgitent un cursus sans l'ombre d'un talent. La fille qui mime la souffrance en se roulant sur le sol est pitoyable. HPG, tout insupportable qu'il soit, vaut un troupeau des ces clones.

Le moment le plus sidérant du film se déroule lorsqu'il s'incruste à une répétition que dirige Bonello (grand réalisateur de productions inutiles devant l'Eternel). Ce dernier se tripote, bienveillant, avec des concepts de théatreux parce que, tu vois Elsa, approche-toi, c'est un artiste. Il dit : "tu sais, jouer, c'est mentir et c'est ça qui est beau". Pur discours référentiel qui sur le fond ne veut rien dire, mais passe l'ego des comédiens (et le sien) à l'encaustique. Bien sûr, vu la façon dont il l'énonce, on se dit qu'on a affaire à une maxime très profonde. Très très profonde. Mais non, bien plutôt, mot passe pour initiés. Parce que comment dire, c'est un truisme : quand on joue, on triche, oui, d'accord. Pas la peine de dire ça comme un secret de maître à disciple.
Et la répétition est atroce : non-jeu pratiquant le surcodage de l'affect, censé exprimer les plus pures oscillations de l'âme, mais qui ne sont que clichés, codes et référence. Elles s'extasient devant les performances de leurs consoeurs (ce sont des comédiennes en l'occurence).Pas qu'elles dégageraient des émotions, mais plutôt des simulacres d'émotions apprises, et qui provoquent l'adhésion des pairs de par l'adéquation du simulacre à son modèle appris.
Bien sûr, toute représentation de la réalité fonctionne suivant certains codes, mais dans ce cas, il s'agit d'une technique exténuée, tournant à vide, en huis clos. La télé et le football, aussi, fonctionnent suivant certains codes. Une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit. Explication auto-référentielle. D'autant qu'il y a d'autres façon de jouer. Des centaines.
Evidemment, quand HPG joue à son tour, il ne sait pas ; dans la situation improbable qu'on lui a imposée, il reste monolithique, et c'est comme ça que ce doit être joué. C'est le seul à être probant. Les autres régurgitent croyant faire scintiller leur âme.
Evidemment Bonello et les autres se foutent de sa gueule, il n'a pas encore appris à "jouer" comme le font les chiens savants. Pourtant c'est bien grosse-bite qui les met minable, mais perdus dans leur scholastique, ils ne sont pas à même de s'en apercevoir.

Donc, allez voir le film. Il n'est pas bon, mais il vaut le coup. Vous apprendrez pourquoi le cinéma d'auteur français est si minable, si nul, si chiant, si académique.

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